Vous le savez : après les obsèques de la marque Dunhill, les mélanges qui avaient fait sa renommée, ont ressuscité, mais désormais sous la bannière de Peterson. Comme c’était le Scandinavian Tobacco Group qui produisait déjà depuis des années les tabacs Dunhill, pour la nouvelle gamme de Peterson, le producteur danois a tout simplement repris les recettes, les noms des mélanges et le graphisme des boîtes.
Dès que la fin de la marque légendaire a été annoncée, d’autres manufactures de tabac ont profité de l’occasion pour lancer de prétendus clones de plusieurs blends à succès de Dunhill. Kohlhase & Kopp est même allé plus loin en élargissant de 19 mélanges son écurie Robert McConnell. Le lancement de cette nouvelle gamme s’est déroulé en deux stades bien distincts. Pour en savoir plus, je vous renvoie à Font-ils un tabac ? n°122.
Vous y apprendrez que dans un premier temps K&K avait présenté le Highgate comme un clone du Deluxe Navy Rolls, mais que c’était un leurre. En vérité, ce n’était d’autre qu’une copie du Bull’s Eye d’Orlik. Finalement, quand la deuxième vague de substituts a déferlé sur le marché, c’était le River Thames qui était présenté comme le Deluxe Navy Rolls de remplacement.
Il m’a semblé intéressant de comparer les versions du Deluxe Navy Rolls de Robert McConnell et de Peterson et de vérifier si effectivement ce sont des copies conformes des légendaires médaillons de Dunhill.
En ouvrant les boîtes, je note que les disques en carton qui couvrent le tabac sont parfaitement identiques. Cela ne doit pas étonner puisque depuis toujours la marque allemande sous-traite la production de ses tabacs pressés au STG. Côté forme, composition et couleurs des médaillons, je ne remarque pas de divergences entre les deux marques qui toutes deux réussissent à me rappeler l’ancien Dunhill.
Passons au nez. Dans le Peterson je retrouve immédiatement les appétissants arômes de figue sèche et de pâtisserie en combinaison avec une odeur plus neutre de tabac que dégageait à l’époque le Dunhill. Ce n’est pas le cas du Robert McConnell. Il est clairement moins fruité et moins opulent. Ceci dit, après une petite semaine d’ouverture, il se rapproche nettement plus du Peterson, mais sans pour autant en devenir une copie conforme.
Ce qui se passe au niveau du fumage est tout à fait similaire. D’emblée, le Peterson se met à dégager les saveurs riches et complexes, à la fois rondes, fruitées et épicées que je connais bien. Un monument érigé en l’honneur du couple virginia/perique. En comparaison, le Robert McConnell s’avère moins rond, moins fruité et moins complexe que son concurrent et que le modèle qu’il est censé reproduire. Cependant, tout comme le nez, les saveurs évoluent après une semaine d’oxygénation et petit à petit s’apparentent à celles du Dunhillson. En alternant le fumage de deux pipes, l’une bourrée au River Thames, l’autre au Deluxe Navy Rolls, je persiste tout de même à préférer le Peterson qui continue à m’offrir plus de rondeur, de fruité, d’épices, de complexité et de puissance, et qui de ce fait me semble en tous points égal à l’ancien Dunhill.
Evidemment il est dangereux de tirer des conclusions définitives et de faire des affirmations péremptoires en se basant sur la comparaison de deux échantillons seulement. Il se peut donc que je me goure complètement et qu’après tout le STG livre tout simplement à la firme allemande du Deluxe Navy Rolls. N’empêche que le fumage des deux tabacs spun cut du même âge m’a fait conclure que s’ils se ressemblent fort, ils ne sont pas parfaitement identiques. Et que si je ne remarque pas de différence entre l’ancien Dunhill et son successeur officiel de Peterson, je ne peux pas en dire autant du McConnell. Cela étant, je me demande pourquoi le fan du Dunhill Deluxe Navy Rolls se sentirait appelé à acquérir le River Thames qui se vend au même prix que le Peterson garanti authentique.
Une fois de plus on plonge dans le flou artistique. Pour Tobaccoreviews, le Tullagreme House 2 est un straight virginia, ce qui est confirmé par le descriptif sur le site web de Magne Falkum. Or, juste à côté de ce texte sont énumérés les détails du produit et là on lit Virginia – Orient. Et ce n’est pas tout. Ni la fiche produit sur le site de Falkum ni Tobaccoreviews ne mentionnent la présence d’une quelconque aromatisation, alors que dans le descriptif de Falkum je lis que les tabacs ont été traités avec un sauçage naturel. Je n’ai jamais compris ce genre d’imbroglio.
Déjà avant d’avoir déplié l’écrin de papier, je reconnais à ma surprise l’odeur qui émane de la boîte. Ce sont les arômes de bergamote et d’abricot et les vagues notes florales et musquées du Golden Sliced. Et ça se confirme dès que la boîte est ouverte : je retrouve les longues bandes de tabac enroulées sur elles-mêmes que contiennent les boîtes de 100g d’Orlik.
Si le Tullagreme House 2 est réellement un clone du Golden Sliced, le brouillard autour de la composition du mélange s’épaissit encore. A tel point que même le chef d’atelier d’Orlik est incapable de trancher clairement. Pour en apprendre plus sur la controverse autour de la recette du Golden Sliced, je vous renvoie à Font-ils un tabac ? n°29.
D’ailleurs, vous pouvez tranquillement rester sur cette page si vous voulez savoir ce que je pense du Tullagreme House 2. En effet, après l’avoir fumé, je suis conforté dans ma conviction qu’il s’agit d’une copie du Golden Sliced. Je ne vois donc aucune raison de vous pondre un texte supplémentaire. En vérité, ça m’arrange parce faire une revue sur un tabac qui me laisse plutôt indifférent, est une corvée.
Il y a tout de même une notable différence entre l’Orlik et le Falkum : en Allemagne on paie en ce moment €15,20 pour une pochette de Golden Sliced, alors qu’une boîte de Tullagreme House 2 vous coûte €10,40. Les fans du populaire tabac danois savent donc ce qu’il leur reste à faire.