Peretti #8 Slice

Peretti #8 Slice

Flakes épais très sombres et luisants. ça sent le ketchup et les odeurs boulangères, tout ça est très prometteur.
La première pipe,fumée dès réception, se révélera être la meilleure. Sur les suivantes la langue me pique systématiquement.
Hormis ce défaut que je ne lui pardonnerai pas, ce tabac est plein de saveurs. Dommage.
Si vous êtes moins sensibles à la piqûre du Virginie que je ne le suis, c'est à tenter. (freedent94)

Aspect : flakes (?) assez friables, bruns foncés avec quelques fils blonds
Nez : ketchup, vinaigre balsamique…
Bourrage : se dépiaute facilement, attention de ne pas trop les triturer au risque de se retrouver avec de la “poudre” de tabac
Allumage aisé, combustion régulière
Goût : C’est clairement le Va qui domine (le grain de sucre) et qui va perdurer pendant tout le bol. Au début (+/- ¼) présence d’une acidité un peu astringente qui pique la langue ; ça se calme après avec l’arrivée -discrète- du Burley qui amène un peu de terreux et de corps…
...merci pour cette découverte; un tabac intéressant, pas désagréable, mais je n'en ferai pas mon all day smoke (bloodyoldchris)

Je vais faire la première partie de ma revue de ce tabac en attendant une ou deux autres qui seront faites avec d'autres pipes.

Pour commencer, cette dégustation a été faite avec une Horn Morel que je dédie aux va/per. Il faut donc que je l'essaye dans une pipe dédiée aux Burley et peut-être à tenter dans une maïs et une Olivier.

Tout d'abord, l'aspect. Que c'est beau. Si j'avais trouvé ces morceaux là sur ma table, je les aurais becté sans hésitation. Une sorte de brownie melé à du pain d'épice, c'est très alléchant.
À l'odeur, on retrouve des airs de McClelland : ketchup, vinaigre mais également une petite odeur de pain. Bref, ça n'augure que du bon.
La préparation est vraiment plaisante. Il faut avoir l'oeil et savoir s'arrêter dans le dépiautage au risque de se retrouver avec de la poussière de tabac.

L'allumage est aisée et le tabac s'exprime immédiatement sur le gingembre. C'est acidulé, un peu piquant et sucré, ça commence très bien.
À mi-bol ça devient un peu plus herbacé avec des notes d'agrumes. Le gingembre a fait place au poivre. Le périque s'exprime bien dans cette pipe, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Tout au long de ce fumage, j'ai eu la sensation de boire en même temps, la fumée étant "juteuse". Je ne sais pas si quelqu'un d'autre a eu cette sensation.

Vient la finale, qui a été ma partie préféré. Le tout s'est assombri et a pris des airs de McClelland. Les Virginia prennent clairement le dessus et s'expriment sur le boisé. (SendoT)

Sur le nez, je serai d'accord avec bloodyoldchris: ketchup, vinaigre balsamique, une certaine acidité donc. C'est une prédisposition positive, mais je dois mentionner que à cause de cette odeur, la connexion avec le Mississippi River du SPC s'est faite sans effort, presque inconsciemment, et je crains que mon avis sur le tabac ne soit pas aussi objectif, car il a été influencé par la comparaison que j'ai mentionné ci-dessus. Permettez-moi de noter que j'ai choisi quatre pipes, auxquelles j'ai entièrement confiance et je crois qu'elles peuvent tirer le meilleur parti de n'importe quel tabac. Alors,

premier fumage dans Kyriazanos lovat :
Bourrage facile, facile à allumer aussi. Immédiatement, je reçois ces notes de ketchup. Sentiments partagés; parce que je peux dire que c'est un tabac de très haute qualité, d'une part. De l'autre, ce goût fort obscurcit toute autre nuance. C'était le même problème que j'avais avec le Mississippi River: j'étais incapable de détecter et d'apprécier ses divers ingrédients. J'ai trouvé un coup de main dans la critique d'Erwin, qui m'a appris -pour ainsi dire- à être plus concentré et à "voir" derrière les lignes de son goût prononcé.

Ainsi,

deuxième fumage dans Scott Klein :
J'ai fumé plus attentivement, plus concentré, calmement et lentement, dans un effort de percevoir ce qui se cache derrière le ketchup. Ce que j'ai "entendu" était perique! Perique fort, prononcé et délicieux. Et je suis vraiment heureux de dire que l'expérience a été étonnante. L'interaction entre le perique et ce goût ketchupesque était assez intéressante, ludique dans ma palette (je pense que la petite foyer de ma pipe ici a eu un effet positif). Cependant, j'étais encore un peu perplexe, car je n'arrivais pas à "voir" plus que le perique - ici la petite foyer avait un effet négatif.
Dans mon

troisième effort donc, dans Barling bulldog :
Je pense que j'ai trouvé l'équilibre. Ici, le perique et la délicieuse virginie profonde sont entrés en jeu. Le résultat était sensationnel. Chaque tirage offrait un goût presque tridimensionnel. Certains morceaux de tabac plus épais, que j'avais peur de casser davantage, ont contribué à une combustion plus relaxante et plus lente. Le quatrième fumage dans un Orlik Corona a eu un effet similaire. Cependant, je dois noter qu'il y avait constamment une acidité; elle était parfois tolérable, voire désirable, car elle donnait un effet gustatif intéressant. Parfois, c'était intolérable, fatigant, voire irritant. Et pour une raison, j'ai toujours eu l'impression que je ne pouvais pas "entendre" et apprécier pleinement les ingrédients. Je ne sais pas s'il y avait autre chose à percevoir. Mais je pense que cette acidité prononcée n'a pas aidé le tabac à se développer dans ma foyer et à révéler son vrai caractère.

En tout cas, le verdict est définitivement positif. J'ai vraiment apprécié le Peretti #8 et je suis tellement reconnaissant de fumer un tabac aussi rare et délicat, même si je suis (encore une fois) d'accord avec bloody: "un tabac intéressant, pas désagréable, mais je n'en ferai pas mon all day smoke". (pibemagerie)

Ah, ça c’est du flake bien épais. Évidemment, le tabac tire vers le marron chocolat au lait avec quelques touches de blond/fauve incrustées à l’intérieur. Le tabac est souple, très légèrement humide, et facilement friable. Je préfère me faire des brins effrités pour l’allumer tranquillement. En attendant, le nez est assez piquant : il y a un arôme d’alcool pur qui perce d’abord les narines, et quelques relents de terre qui se cachent un peu plus loin. C’est à peu près tout ce que j’arrive à sentir. M’enfin, quelques jours après, les arômes de bois, de fruits légers, de terre, et un quelque chose sucré viennent prendre les devant. L’alcool est toujours là, mais bien plus discret, sans se faire oublier.

Bien que l’acidité pique légèrement durant l’allumage, je trouve que la sensation ne s’installe pas plus que ça. SI ce sont bien les virginias qui viennent démontrer leur force avec un goût de tarte au citron et à la crème, des notes de fruits noirs et une touche herbeuse, je dois dire que l’enrobage de burley me rassasie particulièrement : on est sur un fond de noix, de terre, de coco, et quelque chose qui me rappelle le pain de mie complet. Je trouve alors qu’on est sur un équilibre acide/doux très prometteur. Je trouve le tabac très rond en apparence, mais avec un cœur légèrement relevé quand on le taquine un peu en prenant des plus grosses bouffées. C’est peut-être à ce moment-là que je ressens le plus le périque. En dehors de cela, autant vous dire que je ne remarque pas du tout sa présence. Pourtant, je sens que cette présence est indispensable, car je crains que sa véritable absence se fasse remarquer par une baisse d’intensité. Il faut le dire, ce tabac est vraiment “plein” dans le sens où on ne peut pas s’ennuyer avec des saveurs fantômes. Je me permets de dire cela parce que j’ai fumé le mélange une première fois en me baladant le plus lentement possible en faisant particulièrement attention à ce qui se trouvait autour de moi. Pourtant, j’ai ressenti parfaitement les arômes comme maintenant, alors que je suis assis en train d’écrire cette review en le fumant une quatrième fois.

La moitié du bol passé, encore aucune âpreté en vue, et les arômes se sont fondus dans un ensemble plus discret, mais toujours équilibré. Il m’arrive, parfois, en fonction des fumages une pointe de glace à la vanille, des fois un arôme d'échalote fraîche, un peu plus au niveau de l’arrière du palais ; mais ces sensations là ne restent pas vraiment. Elles viennent décorer le fond, de temps à autre, en clignotant comme une guirlande avec quelques problèmes de circuit. C’est un petit bonus appréciable. Ce n’est toujours pas âcre, toujours pas piquant comme j’ai pu l’entendre. Il semblerait que ce tabac soit gentil avec moi.

Je dois cependant mettre en garde sur quelques points :
Dans une pipe dédiée aux virginia/périque, l’acidité ressort plus peut attaquer le bout de la langue ; et je ne trouve pas l’équilibre que j’aime tant dans une pipe faite pour les burley/virginia.
Le bourrage de la pipe, un peu comme tout le temps, est très important. Je conseille d’introduire doucement le tabac, effrité en petits morceaux, en tassant le plus légèrement possible. Dans le cas contraire, c’est une perte de goût et des allumages réguliers qui vous attendent. De ce fait, je préfère ne pas prendre le risque d’introduire un flake plié. Surtout vu l’épaisseur de celui-ci.

Transgresser son programme, ses habitudes (oui, je parle bien de ces latakia que j’aime tant), c’est une bonne chose. Cela nous amène à découvrir un tabac qu’on ne se verrait pas fumer chaque jour, et pourtant… voilà qu’on aimerait bien l’installer dans ces habitudes. Voici donc un ami particulier. Ce tabac, c’est un vrai ami. Le genre qu’on a envie de voir régulièrement, fatigué ou non. C’est l’ami qu’on appelle le soir à 20h en se promettant de ne pas dépasser les 22h à cause de l’épuisement d’une journée. On raccroche, et on s’aperçoit qu’il est déjà minuit et demi. Déjà ? Tant pis pour le réveil demain, on n’a aucun regret. Et malgré cet appel, on échangera quand même par écrit demain. Et on se rappelle d’ici quelques jours, hein. (AlexanderVanPollakof)

Il aura fallu que j'attende ce début de printemps, à l'ombre dans un parc, face aux oiseaux, pour tenter ce "slice 8" de Peretti. D'emblée, dans mon imaginaire, un tabac burley/virginia/périque a une alliance de goût qui vire entre le vinaigre sucré, la sauce soja salée, le gingembre confit. C'est bien ce qui s'est passé avec le premier fumage de ce gros tabac en crumble cake qu'il faut bien émietter. L'odeur, au préalable, ne me paraissait pas dingue. Très discrète, légèrement poivrée, un peu d'humus. Par contre, c'est à l'allumage que le démon du périque s'est réveillé. Oh ! Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu m'envoies une patate pareille ? Calme-toi bonhomme ! Ce fut assez désagréable il faut bien le dire, et cela ne donnait pas une franche cordialité à cette rencontre. L'agressivité périquoise se calme progressivement pour laisser la place aux tonalités propres aux virginias, avec un fond légèrement sucré, et au burley, avec une tonalité plus herbeuse et ombrageuse, en clair insignifiante à mes papilles. Le burley, c'est le mec ou la nana qui tient la chandelle pendant que deux autres se bécotent. Vous allez me dire qu'il n'y a que comme ça qu'on voit ce qui se passe mais bon. Bref, cet essai dans une vieille Graco n'a pas été d'une transcendance terrible.

Autres essais avec deux montures différentes le lendemain en extérieur également par une belle température printanière. D'abord avec une Becker&Musico habituée aux tabacs anglais, puis avec la Pdg Mimmo Provenzano en olivier. Avec la Musico, la sensation de piqure s'est atténuée et j'ai mieux ressenti les saveurs des virginies mais ce tabac se révêle assez monolithique, sans évolution notable et ne développe pas de saveurs propres à faire travailler l'imaginaire. Avec la pipe en olivier, ce fut le retour de bâton. Jamais un tabac ne m'a autant attaqué la langue. Attention, ce n'est pas une attaque comme avec une composition chimique d'un aromatique germain. Non, c'est plutôt comme si vous faisiez un bain de bouche avec une solution mêlant du tabasco, du citron, du vinaigre, le tout assaisonné de poivre. Un mitraillage en règle qui m'a laissé la langue et le palais sous incendie jusqu'au lendemain matin.

En écrivant ces quelques mots, je cherche sur le forum un avis antérieur et tombe sur celui d'Erwin dans le FIUT 117. Je cite : "Ce n’est pas que la fumée me morde la langue, c’est plutôt une sensation en bouche rêche, picotante, voire brûlante qui détourne mon attention des saveurs et qui en plus les écrase et les dénature. En fait, j’ai l’impression de goûter à travers un voile d’acidité poivrée. (...). Le caractère acerbe de la fumée continue jusqu’à la fin à m’attaquer les muqueuses, ce qui fait que j’ai vraiment du mal à fumer une pipe d’un trait. Il me faut des pauses pour reposer mon pauvre palais.(...) Tous les tests se sont terminés de la même façon : il me restait en bouche un arrière-goût désagréable et piquant, alors que ma langue et mon palais étaient tout râpeux."

On est donc deux ! J'entends bien ceux qui disent que ce n'est pas un "all day smoke". Pour ma part, ce n'est pas un "smoke" tout court. Toutefois, ce tabac peut convenir à celles et ceux qui recherchent des sensations différentes, une impression de piquant mentholé, les amateurs de cuisine relevée et épicée. Tous goûts sont dans la nature. (Laurent M)

Un tabac Janus aux deux visages, ce dieu romain du commencement et de la fin ? En tout cas, un tabac à plusieurs facettes. Cet assemblage de virginia, burley et perique semble ne pas donner le meilleur de lui-même dans une pipe dédiée aux virgina-perique. Ma pipe de famille qui fume parfaitement avec des assemblages complexes comme le Director’s Cut ou le GL Pease Six Pence, ne s'harmonise pas du tout avec ce Peretti #8. Du coup, je tente l’expérience avec une pot de Nuttens qui n’a jamais trouvé son tabac idéal (à part le semois que je fume peu). Et, c’est une belle surprise. Le burley jouerait donc un rôle majeur dans ce mélange. La dégustation débute en douceur dans un registre complexe, sombre, quelque peu chocolaté. Une jolie sucrosité vient envelopper des saveurs épicées de perique et surtout de noisettes et d’amandes concassées. À mi-pipe, le miel, la terre et le piment semblent se marier avec aise. L’acidité des virginias, bien présente, vient relever un ensemble où le burley pourrait se contenter de ronronner.

Cette acidité se fait bientôt dominatrice et combinée à l’humidité de ce broken flake, finit par brûler la langue. Ce qui enlève une bonne part de mon plaisir. Même lorsqu'on sèche une portion de tabac durant un quart d’heure, le phénomène se répète. Faudrait-il attendre une heure pour faire sécher ce tabac dont la combustion est pourtant aisée ? Je ne sais si ses composants sont naturels mais ce tabac à la consistance et à la présentation irréprochable (un superbe flake qui s’effrite façon gâteau au chocolat) a dû recevoir une bonne dose de propylène glycol.

Au final, je ne pense pas que ce tabac d’apparence complexe soit digne d’être comparé à la figure antique sus-nommée. C’est simplement un tabac qui manque de franchise et qui n’est ni un burley blend, ni un virgina-perique. Je pense que ce sont les virginias qui pèchent par manque de consistance et de douceur. Indéniablement, la part de burley est bien plus satisfaisante. Mais, ce qui aurait pu constituer un mariage original et harmonieux finit en queue de poisson.

Finalement, il ne s’agit pas d’un tabac Janus car il n’évoque aucunement le commencement de quelque chose. Ce tabac, c’est le début de la fin. (Skiff)