Vincent Manil Volute

Volute de Vincent Manil

Allez, j'ouvre le bal.

Et je risque de vous surprendre...

Notes de dégustation La Volute Vincent Manil

Comme je l’avais dit à la réception du pochon de ce semois, j’ai légèrement humidifié l’ensemble qui me semblait un peu trop sec, trop cassant. 4 jours plus tard, il fut à point, me semblait-il…
Visuellement, on ne peut pas se tromper, c’est du semois pur et dur. Très grosse coupe. Je suis surpris par le nombre élevé de nervures, de côtes de feuilles qui parsèment ce tabac. Habituellement, c’est plutôt le lot de certains bruns français. Cela me fait penser aux misérables Gitanes et Gauloises de dernière génération. J’adorais ces clopes, il y a 20 ans…plutôt 30 en réalité. Les dernières achetées il y a quelques années n’avaient plus rien à voir avec les fétiches de Gainsbourg. Triste époque.
La couleur est belle, du brun, du marron, du noisette, un peu de blond (les nervures). A l’odeur, nul doute, c’est du semois. Pas facile de toujours y mettre des mots, mais je dirais, odeur animale, musquée, qui me rappelle celle du pelage d’un furet. J’aime bien cette odeur sauvage! Il y a aussi quelque chose qui me rappelle les effluves d’une cave à cigares, du havane et du bois de cèdre, un peu de paille et en fond, l’odeur de la croûte bien cuite d’un pain au lait, légèrement toastée. Cela sent bon !
A l’allumage, le goût familier du semois est bien présent, et rapidement je retrouve le goût d’un cigare dominicain. Alors que les semois de JP Couvert m’évoquent souvent le goût brioché de certains Havanes. La cendre qui se forme est légère, poivre et sel. Il n’y a presque pas de crépitements, comme j’en ai l’habitude avec le semois…
A ce stade, je vais quand même préciser que je suis un amateur de tabacs bruns. Je me régale avec du Dix cors de brâme, du Vallée du Mont d’Or, également avec du Caporal Export. Il y a longtemps que je n’en ai pas fumé, mais je garde un bon souvenir de La Réserve et La Brumeuse de Manil.
La Volute, je l’ai fumée 4 fois. Dans 2 de mes meilleures pipes à semois entre autres et que des bruyères. Dans plusieurs pipes et à plusieurs taux d’humidité. Pourquoi ?
Parce qu’à chaque fois, à chaque bol, je dois rejouer du briquet ! Un comble pour un tabac brun. Et je n’ai toujours pas compris pourquoi. Bol large, plus étroit ! Peut-être cette grosse coupe me fait rater mes bourrages. Pourtant, cela ne m’arrive presque plus. Je ne rallume que très rarement mes pipes. En tous cas, ce n’est pas dû au taux d’humidité.
En plus, il a tendance à chauffer. Alors, j’arrête là le massacre.
Passer la première moitié de bol, le goût devient complètement inintéressant. Les saveurs du début sont remplacées par un goût de cendres. La fumée devient asséchante. Un peu d’acidité me titille l’estomac.
Pour moi c’est une petite torture. Et une déception.
J’aime beaucoup les semois de JP Couvert. Toute la gamme. Mes souvenirs de La Brumeuse de Manil sont lointains, mais malgré sa force, je l’aimais bien.
Le semois que je n’avais pas aimé, c’était le Langue de Chien. Pas mon truc. Et bien avec La Volute, je me retrouve dans le même registre…

Il m’en reste encore un peu, de quoi faire encore 3 pipes minimum. Je retenterai plus tard. Pour voir…
Les goûts et les couleurs…Cela m’attriste un peu de rendre cet avis négatif, mais c’est comme ça. (ChrisHarps)

Qui aime bien châtie bien.

J'aime le semois, en tout cas ceux que je connais c'est-à-dire les productions de Couvert, Manil et Martin. C'est le semois qui m'a donné goût à la pipe, c'est mon étalon.
Brumeuse, Vieux Bohan, Cordemoy, Vallée du Mont d'Or, Dix Cors Brame, ces tabacs sont devenus des compagnons. Je n'avais pas encore eu l'occasion de goûter le dernier venu : la Volute de Vincent Manil. Je remercie chaleureusement BrunoC de partager avec nous ce tabac et je me réjouis de pouvoir le déguster. Pour m'aider à le situer je vais le comparer à la Brumeuse.

Ah que voilà des jolies bandes de tabac brun. Je dispose les deux tabacs côte à côte pour les examiner. Les brins de Volute sont plus larges de 2 mm à 3 mm que la Brumeuse. Il y a bien une différence, cela modifiera le rythme de combustion assurément mais est-ce que 2 mm feront une différence au goût ?
En tout cas à l'œil c'est appétissant comme tout. Même si on retrouve, comme souvent chez Manil, des nervures un peu trop épaisses pour être fumées. Enfin selon moi.

Au nez c'est moins flatteur, des relents d'ammoniac prennent le dessus et m'empêchent de retrouver les odeurs de semois torréfié. Dans la Brumeuse ou le Vieux Bohan on retrouve des notes d'étable qui rappellent l'ammoniac mais en sourdine. Là l'étable mérite d'être nettoyée. Cette âcreté n'est pas mais alors pas du tout agréable. Rien à voir avec la Brumeuse, la différence est vraiment flagrante. Espérons que le nez n'augure rien du goût.

Je commence par une pipe en terre pour me faire l'idée la plus objective possible. Pour comparer au mieux je fumerai la Volute et la Brumeuse à quelques heures d'intervalle dans la même pipe.

J'utilise une tête Gambier avec un tuyau en ébonite fait par Thierry Mélan. Le tabac est sec, comme d'habitude avec le semois mais grâce à la technique d'Erwin il retrouve la souplesse nécessaire. Bourrage, allumage, fumage sans souci ; le semois est un tabac facile à vivre.
Le goût des premières bouffées est détestable, pour mon palais s'entend. L'amertume je m'en accommode, je l'apprécie même quand elle est bien dosée, mais là c'est trop. Malheureusement ce goût s'accorde avec l'odeur d'ammoniac perçue à froid. De temps à autre on retrouve les saveurs du semois mais l'amertume reprend le dessus et ne me quitte plus. C'était en milieu de matinée. En début de soirée j'ai fumé de la Brumeuse dans la même pipe et je me suis régalé. 2 mm de largeur suffiraient à expliquer ce grand écart ? J'y crois moyen.

J'ai testé à nouveau la Volute dans deux pipes en bruyère dédiées au semois, puis dans une maïs et enfin dans une écume (Vinche calcinée). Même constat, en un mot : beurk. Il me reste de quoi faire une dernière pipée mais mon opinion est faite.
Il s'agit sans doute d'un mauvais lot. Je ne suis pas expert en tabac loin de là et j'évite autant que possible les avis à l'emporte pièce mais là il y a clairement un problème. L'ammoniac, l'amertume sont les signes d'une fermentation non maîtrisée. Étape ô combien importante pour faire un bon tabac. Ben là c'est raté. Pour ce lot en tout cas.

À la lecture des autres avis je me suis dit que j'avais manqué de discernement, que la déception m'avait conduit à forcer le trait et qu'il fallait que je redonne une chance à ce tabac. Je viens d'en fumer un bol par ce bel après-midi ensoleillé.
À défaut de me plaire ce tabac m'a bien fait rigoler. Je me suis rappelé ces cases dans Tintin et les Picaros où le capitaine Haddock ne supporte plus son Loch Lommond. Je montre les mêmes syndromes avec la Volute. (barbibul)

Si j'ai partagé un paquet entre les six volontaires du mois, celui que j'avais prévu au cas où m'est resté : j'ai pu l'entamer tranquillement.
J'ai fumé six ou sept pipes de La Volute depuis, dans plusieurs pipes, et à chaque fois j'ai soufflé un peu dans le tuyau pour humidifier un peu le tabac bien sec. Bien sec et dont les brins sont bien courts. C'est embêtant pour bourrer : tabac sec + brins courts, c'est difficile à faire tenir dans le fourneau, un faux mouvement et il y en a partout. Et tant que je suis à râler : la briquette de 90g me paraît un peu chichiteuse à côté des 250g du Vieux Bohan de chez Martin ramenés de Liège il y a un moment et dont il me reste un petit fond.
Comme je fume le Semois par cycles, et un peu l'été quand je vais aux champignons, j'ai peu de références récentes. Cela ne facilite pas les comparaisons.

Dans la Poker Made in England no name, qui m'accompagne à la chasse aux girolles, c'est d'abord du fumé torréfié en fond, noisette (très) grillée, avec quelque chose des effluves de l'artisan torréfacteur qui prépare son café pas loin de chez mes beaux-parents. Mais dessus il y a un aspect floral, assez primesautier, qui permet de commencer joyeusement le bol. Cette fraîcheur fait passer le côté un peu asséchant malgré tout de la fumée. Il y a un peu de sucré en fin de bouche, plutôt caramel (ou vergeoise pour rester dans le circuit court). Coupe différente assurément, officiellement composition identique, je trouve cependant ce tabac plus civilisé que La Brumeuse de mon souvenir, un peu plus doux, moins sous-bois ou écurie, plus floral et noisette grillée. En avançant, ce côté doux s'installe. Le rustique parfois se réveille en bouffées plus terreuses, mais d'autres plus florales (presque sirop de rose) surprennent aussi.
La fin de bol renoue avec les arômes habituels, humus, champignons, sous-bois, avec cependant la nuance vergeoise qui demeure.

Comme l'idée de proposer La Volute en Mélange du mois revient à Bruno Nuttens, j'en ai profité pour inaugurer mon Pot à Semois (modèle foyer large 24mm). La Volute y est plus équilibrée. La douceur, plutôt miel cette fois, demeure en arrière-plan et civilise l'humus qui conserve une note florale. Dans cette configuration, avec un foyer vierge de toute mémoire tabagique, c'est remarquablement civilisé et vraiment agréable. Printanier presque : un compagnon idéal pour une promenade dans la campagne qui s'éveille en ce moment (j'ai noté ça avant la neige). Il se maintient sur cet équilibre, et j'en suis ravi. C'est une belle façon de commencer avec cette Nuttens, qui pourrait bien lui être dédiée.

Dans une Larsen sablée, au foyer plus haut et étroit : noix grillée avec une nuance florale. Le miel est plus discret. Je retrouve les arômes habituels du Semois, mais en quelque sorte arrondis. Même si elle a reposé depuis un moment, c'est une pipe à Semois, il doit bien en rester quelque chose. Au reste, ce côté un peu dur, asséchant aussi, se renforce en cours de fumage, malgré une nuance florale qui demeure, si le miel se fait plus discret.

Dans ma Sommer cavalier : noix grillée, une certaine douceur mais le côté miel est peu perceptible. Le tabac est un peu plus asséchant, et le côté Semois brut(e) remonte, avec cependant quelques bouffées miellées. L'équilibre cependant finit par se faire entre la douceur et le sous-bois et c'est assez agréable. La finale miellée/fruitée est assez étonnante, avec de la fraise presque.

L'impression qu'un foyer large va mieux à ce tabac m'a fait revenir trois jours plus tard au Pot à Semois. Et les impressions sont concordantes, avec cependant des variations amusantes. Une petite bouffée de bonbon anglais, courte, au démarrage cette fois-ci, une ou deux, fugaces, de bois précieux façon santal ou bois de rose (mine de crayon) à la suivante, hier une bouffée de pruneau. Souvent, un peu de clou de girofle en fin de bol. Mais pour l'essentiel : noix grillée, un peu de bois brûlé (d'ailleurs il y a bien des bouts de bois dans le mélange, les nervures débitées en petits tronçons sans doute), une nuance miellée toujours.

La Volute me paraît être une sorte de Semois assagi, qui conserve du caractère mais sait y apporter de la nuance : c'est étonnant comme la variation de la coupe peut faire varier les arômes. Le foyer du Pot à Semois Nuttens, extra-large lui aussi, lui va bien, et de toute façon mieux que les foyers plus étroits : ce tabac a besoin de prendre ses aises. Un peu humidifié, manipulé sans geste trop brusque, rallumé de temps en temps, j'y ai trouvé assez de satisfactions pour y revenir. Il ne remplacera pas La Vallée du Mont d'Or que je persiste à préférer, mais il la complètera aisément (et il est plus facile à trouver...). (BrunoC)

Je suis fumeur régulier de Semois, historiquement Langue De Chien de Joseph Martin, je découvre plus tard la Brumeuse de la maison Mainil et il me satisfait pleinement.

J’ai tenté la réserve du patron du même producteur et j'ai été un peu déçu, à mon goût il est en dessous de la susnommée. Bien entendu cela reste une pure affaire de goût, il n'est pas possible de juger une personne préférant un pastis à un subtil Bloody Mary. Rassurez vous, j'aime les deux.

Revenons au tabac, les coupes sont sensiblement différentes, la réserve est plus finement coupée alors que la volute à l’œil est plus grossière, brut est peut-être un terme plus adapté.

À l'odorat la réserve et la brumeuse suggère que vous êtes dans une étable en compagnie de quelques vaches laitières (leurs couleurs n'ont pas la moindre importance), cela peut sembler étrange, mais cela ne me dérange pas le moins du monde, comme une étape lors d'une balade champêtre.

La volute sent plus le foin, le foin séché mais propre, proche de cette odeur du moment intime ou l'on bourre un Gilles de sa paille traditionnelle pour participer a son carnaval, bien entendu il faut avoir eu la chance de vivre un tel moment pour bien imaginer ce parfum subtil au petites heures du matin ... Ça y est j’entends tambour et fifre !

La première dégustation va se faire dans une Poul Winslow (Estate de chez NGPipe), elle est fumée exclusivement avec des Semois, un nettoyage a été opéré, et un petit tour de reamer pour être certain que le goût ne soit pas altéré de manière trop significative.

Le tabac est sec, mais il est de notoriété publique que c'est comme cela qu'il se fume, il n'y a pas de conservateur, si humidité il y avait, moisissures il y aurait, c'est le prix à payer pour du naturel, et cela me va très bien !

Passons au bourrage, il se fait sans aucune difficulté, mais notez qu'il est difficile de bourrer serré, au vu de la coupe les brins ont un petit côté ressort, léger mais existant.

Il est enfin temps de l'allumer de d'exécuter la dégustation en question.
L'allumage est d'une facilité déconcertante, la fumée est généreuse, crémeuse, le goût est très semblable à la brumeuse (tiens donc !), mais ... parce qu'il y a toujours un mais ! A un tiers fumé, je tasse, je réalimente en feu, on sent la différence, moins brutal, plus subtil, pas agressif pour un sou.

Attention, on sent bien les effets de la nicotine, ça ne tabasse pas, mais si vous êtes primo-accédant, attention. Un peu comme si votre premier cigare était un Partagas qui va bien:)

Pour décrire le goût plus exactement ne comptez pas trop sur moi, ce que je peux en dire, c'est qu’assurément on est sur du naturel, du campagnard ... et que j'aime ça !

L’évolution en cours de fumage, bien que léger existe, peu mais elle existe ... Cette impression qu'il devient plus léger, il est très possible que ce soit une sorte d'accoutumance.
Si je n'avais pas un peu plus d'un 1/2 kg de brumeuse devant moi, il est probable que je m'offrirai un paquet de Volute, la différence existe, ténue, mais elle existe. Pas suffisamment pour que je mette mon stock de Semois en mode veille, mais quand il faudra renouveler mon stock de tabac Semois au contraire de la Réserve, la volute sera dans la balance et ... en bonne place. (Redux)

J'aime bien l'odeur du semois habituellement : ça sent parfois le pain d'épice, les odeurs de ferme, parfois la forêt. Non, là le tabac en decide autrement. Le semois c'est un tabac d'bonhomme, on est pas là pour faire dans la finesse. Champignons, un peu, mais surtout les odeurs d'un fromage qu'on a laissé trop longtemps en plein soleil, ou d'un cheval qui vient de courir pendant des heures avant de rentrer dans son box. En d'autres termes, ça pique. Ça fouette même. Je n'ai pas commencé à le fumer que le tabac se prend pour un combattant dont le but est de foutre à quiconque un coup de boule dans le nez. Quel accueil.

Évidement, les petits brins de tabacs ne vont poser difficulté à aucun diamètre de foyer. Vous pouvez mettre ça dans n'importe quelle pipe, elle s'allumera sans problème.
Le fumage respecte la bande-annonce du nez : la fumée est sèche, mais aussi piquante. Je ne dis pas qu'elle assomme, mais on risque de se faire du mal à la langue avec cet aspect bourru. Certes, on reste fidèle aux goûts typiques du semois, et il n'y a pas de surprise possible. N'empêche que c'est tellement bourrin que c'est impossible d'en profiter : les arômes sont gâchés (et un peu cachés) par cette puissance noire qui vient vous taper dessus à chaque bouffée, et peu importe la vitesse de fumage ou la quantité de fumée, impossible d'en profiter. Le semois c'est un tabac d'bonhomme, on est pas là pour faire dans la finesse.

Sauf que...

Sauf que je me rappelle avoir fumé des Manil avec plus d'équilibre que ça, malgré le côté rustique totalement assumé. J'ai même pris beaucoup de plaisir avec la Brumeuse, peut-être aussi avec le Val Ardennais mais j'ai un doute.
Sauf que je sais depuis longtemps que je préfère largement fumer les semois de Couvert parce que, justement, il y a du corps, du brut, mais aussi quelque chose de raffiné au fond. Plus de douceur, de gentillesse, malgré la force de ses tabacs. Et je crois que c'est ça que j'aime dans certains produits : ça peut envoyer sévère, mais tout en restant riche en nuances. La complexité, parfois c'est bien.

Je ne sais pas quelle note a reçu ce Manil, mais je ne serais pas étonné si on le désignait comme étant l'un des moins bons qu'il a produit. Bon. C'est pas grave. Y a d'autres choses chez lui (et ailleurs). (AlexanderVanPollakof)

J’ai soigneusement écoté et humidifié le tabac avant fumage car j’avais constaté que les morceaux de côtes durs et secs risquaient de donner une fumée âcre. Pour un tabac supposé incarner le haut de gamme de la région ce n’est guère engageant. C’est au client d'effectuer une tâche qui aurait dû l'être par le fabricant.
La senteur à cru est proche de la grange à foin. Elle m’évoque aussi la sellerie, le cuir et le crottin de cheval. Il s’agit d’un nez très pur et noble dans son genre. Pour un citadin, c’est un vrai voyage à la campagne… revigorant et dépaysant.
L’allumage est corsé. La fumée est très stricte et nicotinée. Elle dévoile des saveurs de chicorée torréfiée, de spéculoos et de cigare rustique. Petit à petit, elle me rappelle le café à l’italienne élaboré dans une cafetière en métal. Sa saveur est amère, très torréfiée voire légèrement métallique.
Ce tabac aux saveurs terriennes est un vrai brun à la fumée légèrement alcaline. Il se révèle sec et franc du collier et appelle un vieux genièvre ou une bière brune.
On le savait, mais on en a la confirmation, ce tabac ne ressemble à aucun autre. Avec lui, pas l’ombre d’une douceur ne vient flatter le bout de la langue. Le voyage qu’il propose se déroule au cœur d’une forêt. Sa fumée déploie des senteurs d’humus, de champignons, de souches humides et moussues. Par son goût primitif, il me rappelle l’herbe qu’on faisait sécher après l’avoir fait pousser sur son balcon, dans notre jeunesse. Là, il n’y a pas de THC, mais finalement c’est mieux car si c’est une drogue (légale), au moins elle réveille.
Le final est beau, très charpenté et rassasiant. On y perçoit des saveurs de réglisse et de caramel. Ce tabac de travailleur doit donner du cœur à l’ouvrage. Sa rusticité ne sera pas du goût de tout le monde, mais il est vivant et réveille la bête qui est en nous. (Skiff)

Vincent Manil