Ça roule comme tu veux ami lecteur ?
Tu es dispos ?
De bonne humeur ?
Ce brigand de chien n'a pas profité de la nuit pour pisser dans tes bottes ?
(Un de mes copains musicien avait un clébard qui était un drôle de
pistolet ! Chaque fois que mon copain posait son sax sur son support, le chien :
une espèce de gros caniche frisotté de couleur marronnasse, trouvait plaisant de
faire ses crottes dans le pavillon. Un ténor de chez Selmer qui lui avait coûté
tout à la fois un bras, les yeux de la tête et la peau du cul ! (à mon copain,
pas au clébard, bien sûr !). Vous imaginez l'instrument !)
Bon, foin de digressions oiseuses, allons-y !
Selon le dictionnaire
Description élémentaire mais comme tu sais, ami fumeur, le dictionnaire est fait pour les profanes qui, le plus souvent, se contentent de peu.
Avis aux cancres !
Il existe de très nombreux dictionnaires de la langue française : le Robert en deux volumes : un pour les noms communs et un pour les noms propres, apparu en 1967, le Littré en quatre volumes, délicieusement désuet, publié de 1873 à 1877, le Larousse illustré, édité en 1905 qui a distrait bien des enfances et dans lequel, ami lecteur, tu as sans doute cherché, comme moi, les mots : nichons, roustons, roubignolles, vulve, zigounette, roploplos, foufoune, cul, trou du cul et j'en passe, les jours où tu restais à la maison parce que, dehors, il faisait un temps de chien. (Tiens le revoilà celui-là !) Le dictionnaire de l'Académie Française paru pour la première fois en 1687 et qui, parce qu'il est mis à jour par un aéropage de vieillards compassés, (n’y vois aucun mal, ami lecteur, j’écris ça en toute naïveté) a toujours deux ou trois wagons de retard sur le train de la vie; le Trésor de la langue française des XIXème et XXème siècle, enfin, en 16 volumes, publié en 1971 et 1994, aujourd'hui informatisé et disponible, à l'œil, sur Internet.
Le soir d'hiver où l'on était allé voler des allumettes à la chapelle, près de la veilleuse, pour fumer des feuilles sèches de marronnier dans des pipes de roseau (Zola dans L'œuvre publié en 1886. Page 36)
Fumer des feuilles de marronnier, pourquoi pas. Quand
j'étais gamin et qu'aucun d'entre nous n'avait réussi à taxer une gauloise à son
paternel, on fumait du sureau parce qu'un crétin racontait que, selon son père,
c'était le même goût que le tabac.
Je me demande encore à quoi carburait le paternel du garçon en question !
Au rouquin ?
A l'antigel ?
Les branches fraîches faisaient une mousse blanche qui ressemblait beaucoup à
celle que bavent les escargots quand ils sont en pétard.
2. ... un des bouviers tira de sa poche une pipe, un paquet de tabac belge, bourra le fourneau, puis, renversé sur sa chaise, alluma la pipe, et son visage apparut rouge et bleu, dans l'éclair de la flamme et de la fumée. (René Bazin, le blé qui lève, publié en 1907, p 282)
Une phrase de ce genre sent la licence littéraire à plein nez. Ça m'étonnerait beaucoup que mon visage apparaisse en rouge et bleu quand j'allume ma pipe. Et toi ami lecteur ? Ta figure devient-elle polychrome quand tu allumes ta bouffarde ? A moins que ce ne soit un privilège attaché à la profession de bouvier…
Quand j'allume ma pipe, mon visage reste ce qu'il est : de
papier mâché quant j'ai la grippe, écarlate quand j'ai coursé le chien de mon
copain (vous savez bien, celui qui chie dans les saxophones), livide quand ma fille Lili m'apporte son bulletin trimestriel (après l'avoir copieusement maquillé. (Le bulletin, pas Lili)).
Tu remarqueras, ami lecteur, que le tabac est belge.
Ça fera plaisir à nos amis d'outre-Quiévrain, comme on dit
quand on veut faire le malin.
Tu glousses ami lecteur ? Tu penses sans doute aux innombrables : “tiens, fume,
c'est du Belge !” Que tu as si souvent marmonné dans le dos des gens que tu
vouais aux gémonies ? (Une
formulation qui n'est plus guère employée aujourd'hui et dont le sens profond
est : va au diable! ou va te faire foutre! Dans la Rome antique, les gémonies
étaient l'escalier sur lequel on exposait les corps des suppliciés)
Selon mon dictionnaire, en tout cas celui que j'utilise,
On voit bien que le rédacteur de l'article n'y connaît rigoureusement rien.
J'espère, ami lecteur, que ça te décomplexera face au dictionnaire qu'on t'a si
souvent brandi au-dessus de la tête en te menaçant des foudres du Dieu de
l'orthographe. (Non
c'est pas Pivot qu'est le Dieu de l'orthographe ! Il se donne beaucoup de mal
pour le faire croire, ou accroire, mais c'est pas lui. Pivot n'est que le
sous-fifre du dieu du beaujolpif !)
“C'est pas moi, c'est ma sœur,
qu'a cassé la machine à vapeur !”
Permets-moi d'ajouter qu'une pipe peut-être réussie ou loupée. (Non, ça n'a rien à voir ! Ne cherche pas midi à quatorze heures, ami lecteur ! Ça me rappelle que j'avais une copine qui, lorsque nous nous trouvions, elle et moi, à l'arrière d'une bagnole, spécialement de nuit, spécialement dans la bagnole de son père, ma copine, donc, avait le plus grand mal à se retenir de fumer ! Je n'en menais pas large parce qu'à l'époque c'était déjà mal vu de fumer en bagnole, en tout cas sur le trajet Paris Trouville !).
Et maintenant, le dictionnaire poursuit l'exploration du mot pipe avec le
C'est tout ! Pourquoi les rédacteurs du dico n'ont-ils pas téléphoné à FdP ? Te
demandes-tu, ami lecteur.
Tout simplement parce que s'ils avaient mis dans la définition du mot pipe tout
ce qu'on trouve sur Fumeurs de Pipes, leur dico serait devenu un dico de la Pipe
et du Tabac et pas un dico de français.
la scène semble être une pause de figurantes pendant un tournage
C'est tout pour cette fois ami lecteur. Allez, ciao, bye bye, hasta luego amigo, et n'oublie pas : fais gaffe aux chiens si tu joues du saxo !
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