J. F. Germain & Son Eighteen Twenty

Germain & Son Eighteen Twenty

- Aspect : des brins bruns/blonds, de coupe moyenne à fine, humidité parfait, bourrage et allumage aisés
- Nez : cuir légèrement tourbé avec un frisson de caramel
- Fumage : il tient les promesses du nez, cuir légèrement tourbé, caramel moins présent mais quelques notes orientales en plus et une délicate amertume (café/pain grillé) pas gênante du tout. Prendre garde de fumer tranquillement, à la moindre taf un peu appuyée, la langue vous rappel à l’ordre…

Je me suis senti confortablement installé dans un fauteuil Chesterfield, les pieds devant l’âtre à savourer une Guinness ou un Single malt légèrement tourbé ;) . Au final, un anglais léger, très agréable… (Bloodyoldchris)

À l’ouverture du sachet :
- Odeur : essentiellement terreux avec un arrière-plan douceâtre (fruits secs ou black cavendish ?)
- Aspect : coupe ribbon étroit, toutes les nuances de brun, pas de brin noir ou jaune. Me fait penser à du burley ou du kentucky…

Fumage :
1. Premier essai dans pipe maïs neuve
a. Bourrage facile, humidité OK, allumage un peu laborieux (sans doute à cause de la respiration de la pipe)
b. 1er 1/3 : très doux en bouche, presque mielleux. Une dominante "céréale" sans doute due à la pipe maïs
c. 2ème 1/3 : le goût se réveille, astringent, presque piquant. Serait-ce le virginia ? Par la suite, le goût s’avère neutre, peu typé, rien à voir avec mes anglais habituels
d. 3ème 1/3 : reprise en DGT le matin suivant : rien à rajouter

2. Deuxième essai dans pipe argile (Prungnaud)
a. L’allumage est plus facile
b. L’astringence arrive plus vite et vient piquer la langue sans la brûler. Ce n’est décidément pas comparable à mes anglais, j’ai du mal à trouver du latakia. Ça me rappelle les burleys / kentucky des tabacs de mes 20 ans (Amphora vert / Sail)
c. J’ai l’impression que ce tabac n’a aucun goût donc je file acheter des dattes, des figues, des pruneaux, des abricots secs, du chocolat aux noisettes… pour ré-étalonner ma langue (aurais-je la langue en carton ?)
d. Le goût (ou l’absence de) dément le terreux de l’odeur. J’ai eu une ou deux bouffées un peu iodées (!) réminiscence d’huitre ou de crevette, aussitôt disparues (imaginaire ?)

3. Troisième essai dans la PdF 2022
Fallait quand même une bruyère, mais pas encore trop marquée… La bruyère révèle la douceur du tabac. Plus d’astringence (ou en tout cas très réduite). La fumée assez épaisse en bouche excite les papilles latérales de la langue sans pour autant définir un goût identifiable.

Conclusion : ce tabac n’est pas désagréable mais n’éveille rien en moi. Sans doute ai-je le palais insensibilisé par mes Lat-bombs. Il me faudra un certain temps d’abstinence et de rééducation pour arriver à distinguer les nuances que peuvent si bien décrire mes collègues. (pb-tls)

J'aime l'odeur de ce petit pochon. Bien sûr, j'aime l'odeur du latakia de toutes façons mais celle-ci a une particularité de douceur indéniable. Nous sommes loin des effluves très fumées ou goudronnées. Il y a une discrétion d'épice, de sucre, de temps de froidure avec un vin chaud à la main.

Les brins sont fins, bien humidifiés et tombent en pluie souple dans le fourneau de la pipe. Nul besoin de beaucoup tasser. A l'allumage se développe un goût délicieux qui n'évoluera guère tout au long du fumage. L'impression donnée à l'ouverture du pochon se confirme : voici un tabac qui ne fait pas dans l'esbrouffe et développe des saveurs intéressantes de boisé sans offusquer le fumeur. Cela se consume bien avec des fragrances discrètes de thé fumé, de fruits à coque, de planche de pin fraîchement coupée. Cela n'agresse pas, ne pique pas et accompagne le fumeur dans sa rêverie et sa promenade, ce qui fut le cas pour moi dans cet essai. (LaurentM)

À cru, ce mélange anglais sent le marzipan et la pâte d’amande. Sa coupe fine rappelle les thés noirs indiens pour Earl Grey. L’allumage est un modèle de douceur. C’est une fusion entre des notes fumées et d’hydrocarbures, mêlées à des saveurs sucrées de pâtes d’amande. La combustion semble des plus aisées, malgré un taux d’humidité assez élevé. On sent que ce tabac riche en saveurs est plutôt léger en nicotine et qu’il se positionne comme un all day smoke anglais. Les virginias qui le composent sont de bonne qualité car ils ne piquent pas la langue et forment un tapis moelleux sur lequel peuvent s’ébattre latakia et orientaux.

Quoique que fort sucré, ce démarrage est des plus engageants. Il me fait penser par sa douceur à un thé oolong fermenté sur du lait (milky woolong). A le fumer, il se dégage une sensation de raffinement. Ce que confirme la belle cendre grise qui vient décorer le foyer de ma bruyère. C’est un tabac né sous le signe de l’harmonie. Les orientaux de concert avec les virginias apportent une touche de préciosité par leurs saveurs de cardamome verte, de bergamote et de bleuet. Tout compte fait, ce tabac anglais (ou oriental) nous transporte dans un univers festif qui fait penser à Noël avec ses parfums d’oranges piquées de clous de girofle ou de thé à la russe (parfumé à l’amande). C’est un petit plaisir à savourer égoïstement en intérieur en compagnie d’un bon bouquin, un chat ronronnant sur vos petons.

La dégustation évolue sur des notes pâtissières de flan coco. La note fumée du latakia est bien intégrée au mélange. Néanmoins, je trouve ce blend moins fumé que le Skiff Mixture. Sa structure me ferait dire qu’il est également fondé sur des orientaux différents (moins acides) que le blend de S. Gawith. J’ai éprouvé d’autant plus de plaisir à le fumer qu’il me fait revenir à mes premières amours avec les anglais raffinés. Le dernier tiers de la pipe est plus fumé/charbonneux mais il demeure parfumé au bleuet et me fait penser à de la marmelade d’orange sur du pain grillé et beurré.

Un blend en vrac, ça ?! Si c’est le cas, l’essayer c’est l’adopter. Quand bien même il faudrait voyager dans une capitale européenne pour s’en procurer, ce blend vaut le voyage ! Certes, il n’a pas la subtilité d’un McClelland Legends, mais à la fumer je ne suis pas loin d’être au Nirvana. C’est excellent jusqu’au bout et plein de nuances en finale : braises de cheminée, café torréfié, suavité des virginias, parfums orientaux de type ambrés.

Selon mon expérience, ce tabac incarne ni plus ni moins le poème de Baudelaire, l’invitation au voyage tiré de Spleen et Idéal :
"[…] Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté." (Skiff)

J'ai trouvé dans le sachet de quoi remplir deux pipes, et il en reste un petit peu, qui trouvera sans doute sans tarder un foyer pour l'accueillir. Le tabac est coupé large, mais les brins sont courts (c'est peut-être la fin de la boîte), avec pas mal de nuances du clair au noir. À l'ouverture, le nez est plutôt fruité-acide, avec un latakia discret.

Dans ma Selecta façon 331C, pipe à latakia, j'ai le fond fruits rouges d'un joli virginia, la pointe acide des orientaux, et le latakia qui pétrole doucement, comme un condiment. Il y a un peu de bois aussi. La fumée paraît consistance et tapisse bien la bouche. Mais c'est vite doux/sucré, presque miel, peut-être un peu trop. L'expérience est agréable, comme une friandise, mais je regrette que le côté sucré écrase ainsi le reste des arômes (qui sont jolis : du bois donc, un ou deux éclats d'oranges amères, peut-être même un rien de chocolat - au lait).

Dans ma Provenzano PdF morta, habituellement réservée aux orientaux, je retrouve l'association fruité-acide, et c'est agréable, façon abricot-agrumes. La fumée ici aussi est dense, mais le tabac paraît différent. J'ai à peu près les mêmes impressions que lors de l'essai précédent, mais sans le sucre, et ça change tout. On reste sur un bel équilibre un peu aigrelet, délicat, tout au long du fumage, que j'ai essayé de faire durer.

Autant le premier tour était décevant, autant le second m'a donné envie d'y revenir. S'il est accessible sans trop de contorsions internationales, il faut que j'encave un peu de ce bel inconnu... (BrunoC)

Je dois dire que l'écriture de ma revue a été pour le moins compliquée. En effet, ce tabac est apparu complètement différent dans les deux pipes fumées.

Dans la première pipe, une Eltang Cutty dédiée aux balkan, le tabac était doux, sucré, voir un peu trop à certains moments. Il m'a fait penser aux anglais que l'on peut trouver chez Perretti. Une bonne présence des Virginias qui rendent le tabac très rond. Le genre de tabac réconfortant qu'on peut fumer en regardant un film.

Dans la deuxième, une Claessen dédiée aux orientaux, ce sont ces derniers qui ont pris plus de place. Le tabac est apparu alors sec, amère avec des notes d'encens. Tout ce que j'aime. Mais le manque d'évolution en cours de fumage l'a rendu un tantinet lourd. Je m'explique. Un tabac rond et sucré qui n'évolue pas, ne fatigue pas. Mais un tabac sec et amer qui reste sur ce registre du début à la fin fatigue les papilles.
Une nouvelle fois, l'association entre une pipe et un tabac reste un mystère. Comment un tabac peut être si différent d'une pipe à l'autre ? C'est là tout le charme de cet univers. (SendoT)

Voilà le pochon mystère. Rien, pas un indice ne me m'est fourni pour me mettre sur la voie de ce que je vais fumer. Une étiquette avec mon pseudo et c'est tout ! Je sais juste qu'il faut que je lui trouve une pipe qui pourra s'accommoder de Latakia/Oriental-Turkish/Virginia selon les indications d'Etienne. 1er bol, ma canadienne Dunhill se porte volontaire.

A l'ouverture du sachet, je ne suis pas assailli par les effluves empyreumatiques. Je ne dis pas qu'elles n'existent pas... elles étaient perceptibles dans l'enveloppe. Je dis juste qu'elles ne sont pas celle d'une lat-bomb. Les brins fins, et plutôt courts, mêlent le doré au noir, le brun au châtain. L'œil est agréable mais il n'est pas exceptionnel. Le tabac est souple, juste à bonne humidité.

A l'allumage, le fumé est présent mais c'est surtout le sucre que je goûte. Le tabac est très doux, le latakia est en arrière-plan des orientaux qui assez vite donnent de la voix. Mais pas une voix de Stentor, non plutôt un chœur subtil. Vous savez genre les "ouuuuuuuuuhhhhh" des Platters dans Only You (oui on a les référence que l'on peut !). Je perçois derrière les orientaux enjôleurs, un goût de cuir et ce sucre décidément très présent. Mais tout cela est délicat, très subtil. Je dirais qu'il est très rond en bouche. Pourquoi ? Je ne sais pas mais c'est l'idée qui me vient. Il est fruité mais ne me demandez pas quel fruit, un fruit acidulé ou une fleur peut-être.

Diantre que ce tabac est doux, trop peut-être. Alors je le brusque, il se rebelle. Il perd en délicatesse, et les saveurs subtiles des orientaux qui passaient le bec sur la pointe des pieds avant de se retirer avec élégance ne se manifestent plus. Je vais le laisser à son rythme. Alors le ballet reprend, de belles danseuses, peut-être trop nombreuses pour que l'on puisse rester sur chacune d'elles très longtemps, offrent un spectacle raffiné. A mi-bol, il se corse légèrement mais il faut quand même rester concentré car il est tout le long d'une sagesse très orientale. C'est un esthète mais un esthète jaloux qui veut que vous soyez tout entier à lui. Toute perte de concentration et la subtilité vous échappe. C'est un peu épuisant je trouve.

Pour le second bol, une autre Dunhill, courbe cette fois, se prête au jeu. Je retrouve les mêmes sensations, les mêmes goûts (le sucre, le cuir, le fumé, le fruit, l'épice des orientaux,...), juste la fin qui est peut-être moins corsée. Pour ne pas le trouver fade, il faut décidément que je reste concentré.

Troisième bol, une Falcon pourtant bonne fumeuse. Je dis pourtant bonne fumeuse car le tabac y est moins subtil et même carrément fade. Pas mauvais à proprement parler mais ennuyeux. Il n'y a pas cette succession de saveurs délicatement changeantes. Dommage j'aurais dû commencer par elle !

Au final, un très bel anglais, très fin et subtil, auquel il faut consacrer des petits bols si, comme moi, vous ne voulez pas devoir rester à n'être que concentré sur votre pipe pour en apprécier la richesse. J'en refumerai avec plaisir en tout cas et maintenant je me consume de ne pas connaitre son nom. (g00debriar)

Le tabac proposé par Etienne est arrivé dans une enveloppe odorante. Au travers du sac on sent déjà qu'on n’est pas sur un aromatique. Pour mon nez à moi au sortir du sac, c'est un anglais. Les bruns sont petits, très petits. Après l'impression de tabac anglais vient un peu d'alcool mais aussi de prune ou plutôt de pruneau. Au premier fumage lorsque j'ai bourré la pipe, il y avait une odeur de goudron de pin assez forte. Quelque chose qui m'a ramené au port musée de Douarnenez. L'impression que cela dégage est donc un whisky tourbeux mais sans excès. Sans pouvoir l'expliquer je lui trouve aussi des accents de Samson à rouler. Enfin ce que mon cerveau a gardé du Samson d'il y a 30 ans.

Donc des bruns très courts en majorité et quelques rares éléments plus longs. Je pencherai pour des flakes très triturés ou un cake et notre ami Etienne aurait joué du couteau.
Premier fumage dans une Savinelli 105. L'allumage ne pose pas de problème. Vient tout d'abord le latakia. La fumée est dense, assez complexe, peut-être un peu déroutante. Tout d'abord me vient l'early morning pipe comme référence. Je trouve des arômes de noix. Les avertissements d'Etienne et la taille des bruns imposent un fumage lent. Le latakia s'estompe en avançant dans le fumage. Arrivent ensuite les orientaux. C'est un tabac qui évolue peu, et qui dans cette configuration de fumage n'explose pas en bouche. C'est bon mais ce n'est pas démonstratif.

J'ai effectué un deuxième bol de test dans une Falcon droite, toujours en intérieur. La taille des bruns m'a joué des tours et j'ai dû recommencer mon bourrage en insistant moins. Le fumage s'est globalement passé de manière identique, toujours agréable, un bon moment mais un tabac qui pourrait évoluer plus (vers le latakia ou l'oriental) mais qui reste pour moi trop entre les deux. J'aimerai bien savoir ce que Soafran et SendoT ont utilisé comme pipe. Le généreux pochon permet de préparer une dernière pipe. Je prends un bol plus large. Cela fait ressortir des gouts différents plus épicés. C'est mieux.

Le tabac reste un peu trop léger pour moi. Toutefois lorsque je connaitrai le nom du tabac en question, je m'en prendrai bien une boite, histoire de voir s'il accepte de se livrer avec plus de force sous certaines conditions. Je n'irai pas jusqu'à chercher le nom du tabac, je tenterai G.L Pease comme producteur. (Mathieu)

L’enveloppe arrive et un sachet emballe de multiples sachets à distribuer aux copains. Ça sent l’anglais de bonne facture. Ces dégustations, je n’aime pas les bâcler. J’attends un moment où je suis en mesure de me concentrer sur les papilles et pas un interstice entre le métro et la boulangerie. D’autant que…

D’autant que ce tabac est étonnant. À la première pipée, une petite prince de Claessen, je note sur une feuille, quelques mots comme "anglais gentil". À mon sens, gentil n’est pas un défaut. Ce n’est toutefois pas une grande qualité. Ça fait anglais subtil. C’est équilibré et au petit jeu du y’a-quoi-là-dedans, je fonctionne surtout par élimination. Je ne vois pas de kentucky, parce que cet anglais ne vise pas la puissance. Je n’imagine pas de Perique pour la même raison, mais aussi, parce que je n’y sens ni piquant, ni prune, ni pruneau, ni fruité. Est-ce qu’il y a du Burley ? Je ne crois pas, quoique ce ne serait pas impossible. Il me semble que ce tabac fait dans la trilogie latakia, oriental et virginia. Et c’est tout, c’est bon. Mais je ne me dis pas : ouille, il m’en faut vite un kilo en cave. Je ne me dis pas, il est de la trempe des Omega, des Strikeforce et du 965 de Tonton. Juste un merci Etienne. C’est vraiment sympa ces dégustations à l’aveugle dans le cadre des tabacs du mois.

Et puis vient la deuxième bouffarde, une semaine plus tard. Ma PdF de Provenzano. La morta vient densifier les arômes, ajouter quelque chose comme du cuir. C’est pas gourmand, le sucre n’est pas là comme sur certains blends (je fume en ce moment du Khartoum et le sucre y est un poil trop présent pour moi). Ça se fume bien. Et qui aime les anglais aimera celui-ci par son caractère évident, presque paradigmatique.

Il est avant tout un tabac équilibré. Mais je le préfère à la fête dans une morta, qu’à la cave dans une bruyère. (sooafran)

À l’ouverture de la pochette, il s’agit pour moi d’un anglais classique, j’entends par là du territoire dans lequel est né le style, l’Angleterre, "sec" comme me l’avait évoqué un camarade, parce qu’il s’agit de compter uniquement sur la qualité des orientaux et virginia pour "sucrer" et arrondir le latakia vivifiant et franc, et non pas sur l’ajout d’un cavendish bien saucé. Il me rappelle "un peu" mes débuts dans les tabacs sérieux, l’anglais initiatique qui m’a fait commencer dans la cour des grands, l’anglais d’Angleterre : le Skiff Mixture pour ne pas le nommer. Mais je ne le nommerai qu’une seule fois, parce que lui, c’était du grand, du très grand (s)kiff, avec – et ça je m’en souviendrai toute ma vie comme de la madeleine de Proust – une odeur de feu de camp qui a explosé tellement fort dans mes narines à l’ouverture de la boîte, que mon regard est resté bloqué sur la mixture en question, avec un énorme point d’interrogation : ça peut aussi être ça, du tabac à pipe ?

Ça peut être ça, aussi, ou ça a pu être ça plutôt, car cette boîte, cette odeur, cet ahurissement face à cette émanation d’un lendemain de feu de camp encore tiède, je ne l’ai plus jamais ressenti ailleurs, même dans d’autres boîtes de Skiff achetées ultérieurement, tant en boîte qu’en vrac (ah ! Synjeco…). Bref, comme promis, cet anglais de Samuel Gawith ne sera nommé qu’une seule fois, et il ne s’agit pas de s’éterniser sur un comparatif imaginaire, car comparatif il ne peut y être question, vu que lui aussi, ce fameux tabac mystère – mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’un anglais très "anglais" dans sa subtile "sécheresse" – ne fera pas le poids avec mon anglais du début, ou plutôt mon souvenir de cet anglais ; car ne nous le cachons pas, dans les grandes claques que l’on se prend au début avec des blends fondateurs, le temps joue pour eux, et c’est de cette façon qu’un grand tabac se transforme en légende dans l’imaginaire collectif. Re-bref, sans plus tarder (car je baille, il est 3h30 du mat’, et 2 paragraphes plus loin, il n’y a toujours pas trace de fumage !), passons au bourrage de pipe dans… tiens, une Basic de Tom Eltang fera l’affaire (et sinon, au diable vauvert). Cela fait presque 2 mois que le tabac a été envoyé et il est resté encore humide dans son petit pochon, mais je sens qu’il n’aura pas besoin de séchage pour me donner déjà quelque chose de sympa…

En fait, pause, et flashback : ce blend, je l’ai déjà fumé il y a de cela… pfiou, un mois et demi bien sonné, je l’avais pris en déplacement au Havre, avec quelques pipes simples dont une Missouri Merschaum Hardwood qui avait été choisie pour cette occasion, fumée en extérieur par une fraîche fin de journée d’hiver, sans lui donner le temps de sécher, et à l’époque il devait se trouver encore un poil plus humide que maintenant, le tabac m’a donné une facilité de tirage sans aucune surchauffe, me laissant pétuner tranquillement et simplement avec un nombre limité de rallumages. Et si c’est passé crème avec une bonne sensation d’anglais dans une modeste MM, ça ne devrait pas poser de problème avec une Basic. Je prévois pour cette nuit un fumage… Confort©

Bam, c’est parti ! Je sais déjà que je n’aurai pas besoin de rallumage si je suis consciencieux dans le tirage. Quel confort© cet Eltang ! Et quel confort© ce tabac ! D’ailleurs, je m’aperçois vite qu’il ne s’agit pas tant d’un anglais, qu’un Balkan au premier abord (le Lat se partage la même place que les orientaux dans les sinus) pour finalement pencher pour un oriental (le Lat est juste présent pour renforcer et asseoir l’avant-scène dédié aux orientaux). Au bout de 10 min, une légère astringence se fait sentir, mais bienvenue dans cette disposition : c’est toujours sous cette sensation que j’ai apprécié les blends de la famille des anglais (donc j’englobe sans trop de chichi les blends dits "balkans" et "orientaux" dedans…). Astringent donc, mais juste ce qu’il faut, car je sens que je pourrais continuer à fumer ce blend sans l’accompagner d’une boisson, ce qui est assez rare pour mon cas, et ce malgré la fatigue (j’ai beau être au chômage, 4h du mat’ reste une heure tardive pour ma personne). De très sympa dans la MM Hardwood, il est passé à très classe dans la Basic. En fait, ma précédente expérience avec la première avait mis sur un pied d’égalité les orientaux et le Latakia, me faisant ainsi penser à certains anglais que j’avais pu goûter de par le passé ; mais ce second test donne clairement l’avant-scène à de subtils orientaux qui chantent sans fausses notes dans le foyer. C’est bon.

Nous sommes à 30mn, le 2e tiers s’amorce gentiment… et non, je me suis un peu avancé trop vite, je ne vais pas pouvoir continuer à fumer sans boisson, le goût est quand même prononcé, et l’apport en nicotine reste appréciable mais présent. Pschittt… un demi de blonde en canette pour accompagner tout ça sera très bien. Je ne vais pas trop m’avancer sur les comparaisons, mais tout ce que je peux dire, c’est que nous ne sommes pas du tout dans l’univers des orientaux façon série Grand Oriental de McClelland, plutôt gras et huileux, avec une sensation d’huile d’olive pour certains ; je pourrais le rapprocher d’un Original Oriental de Robert McConnell, ce qui est pour sûr un grand compliment, car pour moi ce mélange est assurément une référence dans le genre. Avec ce petit bémol qui est que mon souvenir d’un réel bonheur à fumer l’Original Oriental ne peut que baisser légèrement la note de ce présent mélange à… bien fait. Je pense qu’il lui manque ce petit jeu du chat et de la souris que peuvent se jouer les permutations tantôt des orientaux, et tantôt du Lat avec un coup de sucre du Virginia qui en ont marre de jouer les seconds violons tout le long. Ce que le McConnell avait gagné en subtilité et substitutions de saveurs, ce mélange mystérieux reste à l’état de bien fait mais gentil, et n’arrive pas en 2e tiers à passer l’étape du sympa-discret. La Basic étant assez étroite et un peu profonde, les saveurs se renforcent notablement ; d’astringent, une sensation d’âcreté commence à se faire sentir… danger ! L’évolution des saveurs est belle et bien derrière nous, il s’agit désormais de maintenir une position de fumée agréable en bouche, mais je ne peux ignorer que mon palais commence à ressentir des picotements. L’accompagnement rafraîchissante de la bière est bien agréable, mais ne change rien à l’affaire : à mesure que les saveurs se renforcent, les picotements s’accentuent… Aïe !

Je fais une pause, j’enlève la 1e couche de cendre du foyer, je rallume tranquillement… Et ça marche très bien ! Le tabac a calmé ses ardeurs agressives, et les saveurs repartent gentiment en un oriental discret mais très agréable, en mode ronronnement. Et ce jusqu’à la fin de bol… (Daniel94)

Je voulais fumer l'anglais surprise, un après midi gris du mois de mars. A l'ouverture du pochon, je suis surpris de constater que, pour un Anglais, il est très mouillé. Je le laisse donc sécher un peu. En attendant, je le z'yeute et suis encore étonné par ce que je vois. La coupe est originale : Les brins sont très courts et on trouve dans le mélange quelques rares morceaux de flake. En fait, en y regardant de plus près, je pense que c'est plutôt des tranches de broken cake. Ce "cake flake", Ca me fait penser à cette coupe typique de Sutliff. Je me demande si tu nous a pas, Etienne, tendu un piège en émiettant le contenu de la boîte avant de nous le distribuer en échantillons. Le nez est assez fermé, mais il y a quelque chose de l'encens, du bois de feuillus sec, avec quand même, présent dès le nez, ce bois boucané du latakia.

J'allume ce gentil fauve. Pas mal l'anglais! Assez doux, presque sucré. Les virginias là dedans doivent avoir de l'âge. C'est très mature. Une sensation de beurre fondu. Du bois fraichement fendu, de la fumée, mais surtout de la tourbe. Assez épais en bouche, mais pas non plus écoeurant. Nous verrons comment il se développe à mesure que le bol se consume.

Un peu plus tard, les sensations sont les mêmes, mais je l'ai d'abord oublié en me concentrant sur mon travail. Puis, me souvenant que j'ai quelque chose de bon qui me pend au bec, je constate que je me suis, avec grand plaisir, installé dans cette ambiance feutrée. Il fini, comme il a commencé, agréable, gentil, comme un vieux copain, si vous me permettez la comparaison. Bonhomme.

Je n'ai pas été absolument emporté, mais il est du type d'anglais que je préfère : léger en lat, fort en bons VAs et Orientaux. Des 3 pipes que j'ai pu me faire, les mieux séchées donnaient le meilleur résultat. (Benjamin)