Pfeifen Huber Kurt Eisner

Pfeifen Huber Kurt Eisner

L'échantillon se présente sous la forme de brins fauves assez épais et une odeur qui fleure le Va. Pas de révolution jusque là, c'est standard à bien des tabacs de la même espèce. Le bourrage est très aisé, quelle que soit la taille des fourneaux. J'ai fumé deux bols dans une morta et dans une Castello qui n'a jamais connu rien d'autre que du Va. Donc, pas de perturbation à attendre d'anciennes odeurs (que mon pauvre pif ne permettrait d'ailleurs pas de percevoir).
Alors que dire. Que dire si le mot "insignifiant" avait un parfum, si le mot "passe-partout" pouvait se traduire en fragrance, si l'expression "Et alors ?" pouvait se transformer en odeur de champ après la pluie, en odeur de foin ou de pain grillé. Vous m'avez compris, ce tabac ne me laisse pas planer, pas soupirer d'aise. Le bonhomme fait le job correctement et sans écart de conduire : pas de brulure de la langue, pas de goût cramé, pas d'odeur de pneu, pas d'acidité. La combustion est bonne jusqu'au bout avec un goût qui reste standard et identique jusqu'au bout. Oui, il fait le job de bon petit tabac qu'il est. Mais il est à mes yeux insignifiant, peu marquant, n'envoyant pas le fumeur au pays des songes, des rêveries, de la remémoration. il n'ouvre pas sur des paysages grandioses, des désirs d'aventure ou de rencontres. Il fait juste le job.
Mais, allez-vous me dire, c'est déjà ça, le reste est subjectif. C'est vrai. C'est pourquoi, pour celles et ceux qui y ont accès, ce tabac n'est pas mal. Il me fait un peu penser à du Capstan bleu. On pourrait être en plus mauvaise compagnie, avouons-le. (Laurent M)

Premières impressions à l’ouverture du paquet, je trouve un mélange relativement homogène et clair et hume de légers arômes de caramel et ce qui semble se rapprocher à des figues ou des date sèches.

La dégustation se fait donc dans une petite Gambier en terre-cuite. Dès les premières bouffées, je trouve que ce Kurt Eisner n’est pas très expressif et n’y décèle pas grands choses à par des petites touches sucrées et d’autres acides. N’ayant pas encore beaucoup d’expérience dans la dégustation et l’identification papillaire d’arômes, je me dis que mon palais et mon pif ne sont pas encore très doués…

Ha, si ! Quelques arômes de raisin violet me parviennent à l’esprit quand je ferme les yeux, serre les fesses, et me concentre bien tout en exhalant par le nez.

A mi-pipe, je trouve la dégustation assez monotone et après m’être rincé 15 fois la bouche à l’eau pour essayer de mieux déceler ce qui se cache derrière, je décide de l’accompagner avec un verre de Pouilly-Fumé. Peut-être que c’est ce qu’il lui faut : un accompagnant pouvant lui tendre la main et l’amener plus loin.

Finalement, la dégustation arrive à sa fin au moment où je tape ses mots. Le Pouilly-Fumé a décidé de partir tout seul s’amuser et le Kurt continue âcrement à faire du sur place. Ce mélange n’est ni mauvais ni désagréable, loin de là, mais il est bien loin de pouvoir mener une révolution sur mon palais.

Edit : je demande souvent à ma compagne ses impressions sur la room note des tabacs que je fume car elle a un palais et un nez supérieurs aux mien, et puis elle en profite aussi malgré tout dans notre petit appartement parisien. Ses mots sur la room note du Kurt Eisner : plutôt agréable et pas trop fort, terreux, il lui fait penser à un hobbit au printemps ! (abarray)

A l'ouverture, le blond domine, avec au nez une odeur de foin fraîchement coupé et une note fruitée, peut-être la framboise que j'aime bien retrouver dans certains virginia.
Dans ma Marek Kando sablée, c'est ce que je retrouve à l'allumage : du foin coupé, une impression sucrée/fruitée, plutôt du côté de l'abricot sec, une pointe fraîche aussi, un peu acidulée, mentholée presque. C'est agréable ; le fruité d'abord présent et qui tapisse bien la bouche, se fait plus léger. Léger oui, trop peut-être. De temps en temps cependant une bouffée mentholée relance l'intérêt. En seconde partie de bol, cela devient un peu plus sérieux, terreux-Burley presque, avec une tonalité chocolatée et une note acide. Un peu de grillé-noisette aussi. Pas si léger que ça finalement, avec cette note fraîche qui tient les dernières bouffées.
Dans ma Claessen bent billiard "Alicante", même démarrage léger, même arrière-goût de framboise, de l'herbe sèche, un peu d'agrumes aussi pour l'acidité. L'abricot sec revient après quelques minutes, avec la pointe acide/fraîche qui évite la lourdeur. Il y a un palier sur cet équilibre, avec de temps en temps une note de fruits rouges/framboise et une giclée mentholée. A nouveau la seconde moitié se durcit, plus boisée cette fois. Il y a bien quelques notes de chocolat amer, mais on s'installe sur l'abricot sec. La fumée reste fraîche et onctueuse, avec quelque chose de salé sur les lèvres.
Dans ma Marek Kando PdF, à nouveau foin-herbes sèches, framboise discrète, des agrumes aussi, peut-être oranges amères. Pas désagréable, un peu de structure, de jolis amers, du corps qui se densifie au cours du fumage. Cette fois on est sur une version tout en finesse.
En somme : trois pipes et comme un tabac différent à chaque fois. C'est assez déroutant, jamais désagréable, et même si les impressions ne sont pas d'un intérêt égal, j'apprécierais assez de continuer l'exploration. (BrunoC)

Nous sommes face à un mélange bichrome : si nous restons dans les tons fauves, il n’empêche que certains brins tirent vers un marron clair, et que d’autres vont vers un blond foncé. Le tabac est relativement sec, mais reste souple et non pas cassant. Le nez est frais, très frais. J’y retrouve un aspect floral et boisé à la fois. J’ai l’impression de me retrouver chez le fleuriste, ou face à un tronc d’arbre un jour de pluie. Un peu plus loin dans les couches, est-ce que cela sent le foin ou non ? Mon pif ne veut pas se décider, mais je suis certain de déceler une note austère digne de la ferme. C’est une odeur rassurante en tout cas. Cependant je ne retrouve pas cette sensation que j’ai à chaque fois que je fais face à un tabac où je vais sentir l’acidité. Il faudra vérifier au fumage.
J’hésite franchement au niveau des pipes, mais je finis par choisir une magma de Morel. Certes, la petite est plutôt réservée aux Va/Pe, mais les deux autres suivantes sont moins goûteuses que la première. N’empêche que l’allumage me confirme mon pressentiment : pas d’acidité agressive qui vient piquer la langue. Le premier plan est calme et timide. C’est très doux, trop doux même. Je reste sur les arômes sentis au nez, mais je découvre un élan sucré et discret qui me fait penser à un bonbon. Pour moi la dominante est sur l’aspect floral tout de même. Cependant, je dois ajouter que j’y trouve une note de terre et de noix (mais vraiment cachée). Soyons honnête : cela manque clairement d’intensité. Vous voyez cet enfant sage, retenu, un peu intimidé par ces réveillons entre adultes où tout le monde parle fort ? Pour moi ce tabac ressemble à cet enfant. Vous savez qu’il ne veut pas se faire ennuyeux, qu’il est gentil et qu’il se cache dans l’appartement en attendant d’ouvrir ses cadeaux. Bref, si je devais être objectif, je dirai que ce tabac manque cruellement d’expression et de force. L’innocence et la retenue dont il fait preuve n'encouragent pas à se faire un autre bol. Pour tout dire, ce tabac m’ennuie. De temps en temps, une plus grosse bouffée permet de relever un peu le niveau, mais pas de beaucoup. En tout cas, je n’ai jamais relevé d’acidité notable et, pour être totalement transparent, j’aurais préféré que celle-ci ajoute un tantinet de goût et de complexité au mélange. Le fond du bol est plus varié du fait que certaines saveurs se dégagent grâce à l’effacement d’autres. C’est comme s’il y avait une remise à niveau, ou qu’on titillait l’égaliseur pour gérer un peu mieux les différentes fréquences. M’enfin le résultat reste faiblard et pas très intéressant. Les deux autres pipes m’ont laissé la même impression. Rien de très différent ou de nouveau. Tant pis.
Voilà le tout. Je suis assez déçu par la faiblesse de ce tabac, parce qu’il ne donne jamais dans la puissance, et qu’il n’est pas assez subtile à mon goût. C’est même trop monolithique à mon avis. Certes, il se fumerait très bien au petit matin d’un début de week-end pour les plus sensibles et les palais très délicats, mais ça s’arrête ici. Personnellement, j’aime bien les sensations fortes y compris à sept heures. Ce tabac ne me comblera jamais. Cependant, ce ne sera pas non plus un calvaire pour le finir avec une quatrième pipe, car il reste assez mignon et pas désagréable du tout. Mais si je devais le résumer en une citation : “C'est trop calme. J'aime pas trop beaucoup ça. J'préfère quand c'est un peu trop plus moins calme.” (AlexanderVanPollakof)

La nappe blanche a été repassée ce dimanche matin.

J et E ont installé sur la table de quoi passer un doux moment. Pour faire plaisir à celle qui bientôt sera belle maman, J a insisté pour utiliser la vaisselle de mamie, aujourd’hui disparue. De belles assiettes, de jolis couverts. Une grosse brioche. Du pain frais. Quelques viennoiseries. Café et thé sont gardés au chaud à la cuisine en attendant les hôtes.

Tout est policé. Le ton des discussions qui n’en sont pas vraiment. Les sujets abordés qui n’évoquent guère plus que les banalités d’une vie ordinaire. Il est parfois des rencontres familiales qui brillent par leur discrétion. Un bon moment est celui que l’on ne gardera pas en mémoire... loin du feu et de la fureur, loin des ressentiments et des affaires de famille...

Kurt, il est comme cela.

Il est un prolongement de ce brunch dominical pris avec les beaux-parents. Une jolie coupe. Une odeur encourageante de pain aux céréales bien fait. Une touche de malt et quelque chose des noisettes qu’on aurait déposées sur la table pour celui qui en voudrait.

C’est gentil, ça ne dérange personne. Mais, y prend-on vraiment du plaisir? À tout prendre, on aimerait ne jamais à avoir à fumer moins bien. On voudrait bannir les cris, les hurlements et la colère. Cependant, dans une vie de piponaute il y a tellement mieux que le passable... (sooafran)

Parfum à froid d’abricot sec et de barbe à papa. L’odeur évolue sur des notes de moisi. Ce tabac humide est d'une texture agréable. De beaux brins vivants à l’hygrométrie soutenue. Je le fume dans une Genod qui sied bien aux VA/PE, pour autant ce virgina blend n’en sera pas désavantagé.
Dès le départ -qui est quelconque- l’acidité se montre caustique. On décèle une pointe d’épices et de poivre dans une fumée assez corsée -quoique sucrée (ovomaltine)- qui tient tête à un verre de château Sainte-Anne, bandol rouge de 2017.
Sucré mais néanmoins mordant, il dévoile des notes de noix de coco, de chicorée, d’ovomaltine… Ce qui me fait penser qu’il y a des additifs dans ce tabac, pour l’équilibrer, comme un vin qu’on aurait boisé, chaptalisé et acidifié, en même temps. Il en résulte un côté bounty, agréable, quoique parfaitement innaturel. C’est un tabac qui se révèle nicotiné mais sans que ce soit rédhibitoire. Assez rustique et charpenté, on peut le fumer sans réfléchir en écrivant. Il me semble que je le trouverais bien adapté à une conversation de tripot entre camarades révolutionnaires préparant une insurrection. Finalement, il porte bien son nom ! (Skiff)