Robert McConnell Eclipse

Robert McConnell Eclipse

Et me voilà de corvée de lessive un dimanche soir...

Va falloir aller à la laverie. Je me dis qu'il est grand temps de fumer cet échantillon reçu, je vais avoir une petite heure devant moi. Je sors donc une belge Magma de Pierre Morel (dont le foyer est légèrement conique) dans lequel j'avais pu fumer le Dunhill Deluxe Navy Rolls achheté en fin 2017 et fumé dès l'ouverture de la boîte.
J'avais été assez conquis par le côté fruits secs que je ressentais, mais surtout par le poivré du périque. J'avais aussi eu l'occasion de goûter le Mac Baren Virginia n°1 et le Dunhill Flake (qui fut véritablement excellent). Conclusion ? Cette pipe était faite pour mes Va et Va/Pe..

Je me dis alors qu'il faut absolument passer par celle-ci et comparer le Deluxe.
Première constatation : la version de McConnell nous apporte des rolls plus souples, un chouïa moins secs, moins dorés et plus sombres.
Je sais pour autant que je vais pouvoir le fumer sans avoir besoin de le sécher. Je décide de faire comme j'avais l'habitude, c'est-à-dire effriter le tabac et bourrer doucement la pipe. Avec un roll, j'arrive à remplir les 3/4 de la pipe. Bien.
Une fois arrivé à la laverie, j'allume dans le noir de la nuit, avec un peu de difficulté, ma pipe grâce à un briquet qui semble agoniser. Faut dire que le froid et le vent léger n'aident pas. Je tire quelques bouffés et voilà les premiers arômes. La tarte au sucre et la mirabelle pointent le bout de leur nez tandis que je sens dans le fond une touche de fruits secs. Mais, comme je doute, j'ose imaginer que je me rappelle inconsciemment le Deluxe de Dunhill.. Cependant je sens qu'il y a autre chose. En me concentrant suffisamment j'arrive à percevoir du pain aux céréales qui entoure le sucré. En tout cas c'est doux, c'est moelleux mais ça manque clairement de puissance. Et où est passé le périque et son piquant ? Je n'en trouve nulle part.
Après quelques autres bouffées, je regarde à l'intérieur du foyer et m'aperçois que mon briquet est aussi handicapé que moi. Tout le tabac n'est pas correctement allumé. Je donne un gros coup de flamme et voilà un grand changement : on a enfin beaucoup plus de corps, le côté poivré qui me manquait je le retrouve mais plus subtilement que dans le Deluxe. Quand je prends de plus grosses bouffées, j'arrive à sentir un goût semblable aux dragées que l'on peut retrouver dans les mariages. On aime ou pas. Quand j'étais petit j'en raffolais en tout cas. On reste tout de même dans l'harmonie et la douceur, mais le sucré domine vraiment cette dégustation, sans doute un effet du black cavendish ajouté dans cette nouvelle version.
À la moitié du bol, ma pipe s'éteint. Malheureusement mon satané briquet est mort au même moment. Obligé de faire un aller-retour chez moi pour aller en chercher un autre, laissant la pipe avec ses cendres pendant 10 minutes.
Une fois le dernier allumage fait, je commence à sentir un arrière-goût de thé noir mélangé à de la sève d'arbre. Pas bon signe ça. J'avais détecté ça dans une pipe des 150 ans de la PdN avec laquelle je tentais de fumer un Va que j'aimais bien, ça ne fonctionnait pas du tout. Un goût très vert, écœurant au possible... Mais finalement ce goût disparaît très vite pour laisser place à une amertume bien dosée, des touches boisées, avec un côté corsé venant du périque dont je raffolais mais qui n'agresse pas ma langue. La fin de pipe se fait dans le calme et la lenteur avec une note saline que je sens presque cachée.
Bref. Que peut-on retenir ? Eh bien j'ai l'impression que l'Eclipse se démarque assez du Deluxe. C'est un tabac plus en nuances, très velouté, et qui se montre être riche en arômes. Il y a pour moi une perte en intensité, donc je conseille vivement de prêter attention au fumage pour en apprécier toutes les dimensions.
Personnellement je suis convaincu de cette transformation, car elle s'harmonise bien mieux avec ma Magma.
À noter que je ne suis pas un fin goûteur, et qu'il se peut que je me plante totalement. (AlexanderVanPollakof)

A l'ouverture du sachet, de beaux médaillons, +/- de la taille d'une pièce de 2 €, mêlant des nuances allant du brun foncé au doré avec un œil noir et une odeur plutôt pain d'épice...
Une fois dépiauté et un peu mélangé, la coupe reste assez grosse mais d'une bonne humidité; bourrage facile, allumage aisé et combustion régulière...
Dès les premières bouffées: des notes de pain toasté, d' abricots secs (discrets), un peu de floral et le petit grain de sucre sur le bout de la langue... après, comme le signale Alex, tout est dans la façon de fumer... sur les grosses bouffées, le tabac prend du corps et le piquant du Périque s'exprime puis redescend vers des arômes plus subtils, sucrés (cavendish ?)
Bref, il faut effectivement prêter attention au fumage pour gérer cette symphonie de goûts... (bloodyoldchris)

Eh bien, c'est le jeu, comme dit l'autre, et il faut bien à mon tour que je mette mon grain de sel. Le grain de sel, justement, c'est ce qui manque, à mon avis, à ce mélange. Un virginie au perique, je m'attendais à quelque chose d'un peu relevé, mais malheureusement, il semble que je sois passé à côté.
Pourquoi d'ailleurs dans mon souvenir les mélanges virginie/perique me font-ils toujours meilleure impression lorsque le virginie est clair, voire jaune ?
Je dois avouer que les deux fumages m'ont ennuyés. Ca n'était peut-être ni le jour, ni l'heure, mais je me suis un peu barbé. Ça n'est pas mauvais, non, pas du tout ! J'aurais au moins été surpris si ç'avait été le cas, mais non. Fumage tranquille, très bonne combustion, malgré l'humidité des rondelles. Impeccable.
Un goût que je n'arrive pas à déterminer - et pourtant j'ai cherché, automne, terre humide, quelque chose ? Non, tabac - ce qui n'est déjà pas si mal - mais tabac, voilà.

Peut-être aurais-je dû le laisser sécher un peu, cela aurait pu lui donner un petit côté agressif ... ?

Je me souviens de l'un d'entre nous qui, en sortant d'un dîner parisien, avait allumé une bonne bouffarde de Three Nuns - l'ancien - avant de se faire déposer en voiture. Il avait dû descendre en cours de route pour se remettre.

Ça n'aurait certes pas pu lui arriver avec ce mélange. (GuillaumeFdP)

Me voici à mon QG de campagne, au café Charbon de la rue Oberkampf. A deux pas, la placette avec un mur dédié au street art et le bistrot "La place verte" où l'on peut fumer tranquillement en terrasse. Sans doute un coin à retenir. L'Eclipse est dans une Becker&Musico. A l'aspect, Black Cavendish noir au centre, virginia sur le pourtour et le parfum d'un poil de périque. Dans le verre, un liquide noirâtre que l'on prendrait pour du cola sauf que si cela vient d'Irlande, ça a des bulles mais c'est meilleur.
L'odeur : du foin frais dans une grange. Pas d'aromatisation.
Un peu gras sous les doigts. Trois rondelles s'enfilent dans la B&M.
Le goût est assez doux au début, très doux, trop doux. Je devise avec mes voisines qui sont estomaquées de voir un fumeur de pipe, me disant qu'elles n'en croisent jamais (encore une espèce en voie de disparition) mais qu'elles identifient dans la catégorie des rebelles artistes (ça, j'aime !).
Donc, goût doux, peu puissant, pas acidulé ni piquant. Cela semble être un bon tabac du quotidien mais sans franche personnalité. Pourtant, au premier quart du bol, le goût se réveille, toujours aussi doux et cependant parfumé, plus conséquent et développant une pointe un peu aigre sans doute due au virginia.
Je finis le breuvage et laisse ma pipe s'éteindre car mon temps de permanence à attendre mon fiston s'est écoulé. Retour au bercail.

Le lendemain, ce week-end, beau soleil. Je tourne ma bergère sur le balcon et me mets plein sud, face au soleil pour finir cette pipe. Ce fut délicieux. Le tabac m'a délivré une saveur constante très douce et veloutée où la pointe d'acidité du virginia était compensée par le goût sucré du Cavendish. Le mélange est très plaisant et s'est consumé avec beaucoup de constance et de facilité jusqu'au bout. Les dernières minutes étaient plus fortes mais à peine. La nicotine a fait son effet doucement, me laissant dans un état de douce ivresse qui me laissait apprécier également mon livre. Un chouette moment. (Laurent M)

Il eût fallu sans doute ouvrir une boîte de Dunhill Deluxe Navy Rolls (que je n’ai jamais fumé) pour juger de la qualité de ce tabac. Je n’ai pas poussé le "professionnalisme" à ce point car je préfère réserver le « mythique » Dunhill à un vieillissement serein avant de le fumer.
Dégusté dans une Moretti qui m’est chère, j’ai pu apprécier ce tabac au mieux, il me semble.
Bien effrité et mis à sécher une demi-heure, il s’est révélé assez puissant avec une belle complexité, dévoilant ses saveurs par strates : cavendish, virginia, perique… Pour moi, à n’en pas douter, un tabac plus intéressant que le Chacom N°4.
C’est un tabac qui capte l’attention car il est évolutif : au gré de la dégustation alternent des notes de sucre roux, de viennoiserie, de tabac (sic)…, quelques accents de foin et d’agrumes (en particulier une finale citronnée typée virginia). Mais surtout, il est épicé. C’est ce qu’on demande à ce genre de mélanges, il me semble. A mi-pipe, des saveurs fumées se déploient avec intensité qui rappellent des aubergines confites dans de la sauce soja, relevées de poivre et de baies roses. Un bémol, je décèle une saveur piquante voire ammoniaquée qui me dessèche la bouche et me laisse cette impression jusqu’au lendemain matin. Malgré cela, je crois reconnaître des ingrédients d'honnête qualité qui forment un tout harmonieux et réjouissant. Un tabac qui demande un peu d’attention et qui doit sans doute trouver sa pipe mais qui possède de vraies qualités : du coffre et de belles saveurs variées avec une juste dose de nicotine, en ce qui me concerne. (Skiff)

Robert McConnell