Serions-nous trop gentils ?

par Guillaume

18/11/09

Dernièrement, un honorable membre du groupe écrivait :

D'ailleurs, c'est fou le nombre de gens que l'on croise à Montmartre avec de superbes pipes qui viennent faire modifier leurs acquisitions... Comme quoi, rien n'est parfait ou plutôt jamais totalement à notre goût. Enfin, dans certains cas, il y a tout de même de sacrés défauts à revoir :-)

Je vois bien sur de qui il s'agit, il n'y a pas trente-six pipiers à Montmartre.

Mais je dois avouer que j'ai été un peu surpris. Si je passe souvent chez Thierry me faire offrir un café, si je vois souvent des pipes emballées pour "réparation", il m'a toujours été difficile d'en savoir plus : Quelles pipes ? A qui ? Quelles marques ?

De même que le secret de la confession, le secret médical, les pipiers français semblent cultiver le secret pipal. Pas le genre à balancer. Comme disait le petit garçon de cinq ans, perdu, à qui les gendarmes offraient des bonbons pour lui faire dire comment s'appellent ses parents : "J'suis pas une donneuse !"

Il m'est donc tout à fait impossible de savoir sur quelles pipes travaillent Thierry Melan, David Enrique, ou Pierre Morel.

Néanmoins, il est à peu près sur qu'une partie de leur clientèle vient du groupe - tout au moins pour les réparations, je ne voudrais pas avoir l'air d'avoir la grosse tête.

Et là, bien sûr, je suis surpris. Surpris parce qu'on n'en entend jamais parler. Ou pratiquement jamais. Ou alors cela passe inaperçu.

Serions-nous donc si chanceux ? ou trop gentils ?

Permettez-moi de vous proposer de lire ou de relire cet article :

artbricolage.htm

Dans cet article, Erwin Van Hove nous parle de pipes qu'il a du bricoler à réception - et d'autres qui étaient prêtes à l'emploi.

Comme cette fois il était question de pipes artisanales, et pas de pipes de série fabriquées dans l'est de la France, il n'y a pas eu de cris d'orfraie. Le calme plat. Le silence.

Cette fois-ci, Erwin n'a pas eu les oreilles qui sifflaient parce qu'on l'appelait "l'Ogre", "le Gourou", ou "Dr. Hove". Les personnes connues pour leur sensibilité aux critiques devaient être occupées ailleurs. Ou alors des cas de sensibilité sélective ?

Mais alors, soit Erwin n'a vraiment pas de chance, soit nous sommes très chanceux, soit nous sommes trop gentils ?

Car enfin, il semble donc que nous envoyons quelques unes de nos pipes se refaire une santé. Mais bizarrement, on n'en entend jamais parler. Le calme plat. Le silence.

Il y a à cela, je pense, plusieurs raisons :

-Nous ne voulons pas dire du mal de pipiers.

-Nous avons peur d'exposer ce qui nous semble être un ou des problèmes, de peur de nous faire tomber dessus à bras raccourcis.

-On ne voit pas l'utilité d'en parler

A cela je voudrais clarifier les choses :

Il ne me semble pas inutile de signaler quelques défauts, d'abord par ce que l'on peut en profiter pour apprendre qu'il ne s'agit pas de défaut, et que l'on aura du mal à trouver mieux ailleurs. Ensuite, nous avons le droit de nous tromper. Et enfin, il me semble utile d'en faire état, dans un groupe de discussion, inaccessible aux personnes non-inscrites. Je précise bien : sur un groupe, et non sur un blog ou un site, qui sera lui visible par tous.

D'abord, parce qu'il peut être intéressant de voir qu'un défaut signalé sur une pipe de monsieur Untel, s'est retrouvé sur d'autres de ses pipes. Ensuite, parce que je crois qu'on a tous intérêt, les clients comme les pipiers, à partager nos impressions. Je crois que cela peut être aussi utile pour un jeune pipier, que pour d'autres acheteurs. Il ne s'agit pas de faire et défaire des réputations, simplement de renseigner, et de faire peut-être évoluer les choses dans le bon sens.

Je parle d'un jeune pipier, forcément, parce que je pense que s'il ne sera pas moins attentif qu'un vieux routier, il sera plus intéressé. Et puis un vieux de la vieille, s'il est arrivé jusque là, c'est aussi parce qu'il a su écouter les remarques en son temps, et qu'il fait moins d'erreurs.

Il ne s'agit pas bien sur, après avoir craqué pour sa première pipe artisanale, d'écrire à Tom Eltang un mail du genre : "Tommy, mon p'tit bonhomme, je suis très déçu, figure-toi qu'il y a un jour d'un millimètre entre la tige et le tuyau, je te le dis entre nous, ça la fout mal, alors il va falloir faire péter les réparations, sans ça je vais t'fiche la honte sur mon forum !"

Je crois qu'il est plus utile de dire : cette pipe glougloute, que de crier son bonheur et sa joie d'avoir enfin, comme d'autres membres, un pipe de monsieur Untel. Je crois que monsieur Untel, s'il n'est pas bête, essaiera de savoir d'où vient le problème et proposera une solution. Je crois qu'il est beaucoup plus intéressant pour lui de savoir que le souci est résolu, à la satisfaction du client, parce que le client pourra signaler qu'il avait rencontré tel souci, mais que, très gentiment, le pipier a réglé le soucis en question*. Pour s'éviter du boulot et du courrier en plus, et pour satisfaire ses acheteurs, le pipier Untel fera plus attention la prochaine fois.

Pour tout dire, clients et pipiers, je crois que si cela est fait de bonne façon, nous avons tous à y gagner.

Et puis, une chose me vient à l'esprit : Erwin a donc rencontré quelques problèmes. Et si je me mets dans la peau d'un artisan pipier qui a débuté il y a peu, qui a eu un peu de curiosité, le fait de savoir qu'il a une commande d'Erwin doit le mettre, disons, un peu dans ses petits souliers. je suppose donc qu'il prête une attention particulière à la pipe qu'il va lui envoyer.

En tout cas, plus d'attention peut-être que s'il envoie une pipe à Evariste Bergnoclon, ou à Alfred Chougnasse - je prends ces noms-là, parce que si je donne d'autres noms, des vrais, certains le prendront mal, et si j'en oublie d'autres, ça sera mal pris aussi.

Donc, suivez mon raisonnement, ce ne sera plus très long, tenez le coup, il est donc logique de penser que nous recevons, parfois, une belle pipe artisanale, qui a un truc gênant. La mouche dans le lait. Il semblerait donc que nous les fassions réparer sans le dire. J'imagine des membres, sachant que Thierry et moi sommes voisins, et qu'on peut se croiser, s'affubler de fausses moustaches, d'une grande écharpe, d'un imperméable. Ils font semblant de boiter. Certains se prennent au jeu et bavent. Puis, arrivés chez Thierry, ils lui demandent de ne surtout pas en parler. Il faut que ça reste entre nous, disent-ils en essuyant un reste de bave (d'où l'intérêt de l'imperméable) ... Tu comprends, je ne voudrais pas avoir l'air de dire du mal de la pipe d'Untel : X, Y et Z en sont vachement contents, j'aurais l'air de quoi !

Eh bien, tout simplement, vous auriez l'air de quelqu'un qui, après s'être inscrit sur un groupe de discussion, en disant qu'il est là pour échanger, dialoguer, discuter, partager, ... donnerait tout bonnement son opinion.




* Eh oui, trois "soucis" dans la même phrase, la maison ne regarde pas à la dépense