Pour dégoter un tabac de qualité respectable, il ne faut pas nécessairement s’orienter vers le rayon des boîtes huppées. Pensez au Lancer’s Slices exclusivement vendu en vrac. Ou bien évidemment au légendaire N° 5100 Red Cake de McClelland. Sur Tobaccoreviews.com celui-ci obtient un score de 3,3. Le N° 2015, lui aussi vendu en bulk, fait mieux : 3,4. Ça promet !
Un broken flake marron et chocolat fondant avec des notes plus claires qui se transforme au triturage en un mélange de brins et de morceaux pas très facile à allumer. Le nez, c’est du McClelland tout craché, version plus vinaigre que ketchup. Une odeur franchement acide.
Première impression : bof. Je ne retrouve ni le côté goûteux des red virginias du 5100, ni les fruits secs du perique. Des épices, oui, et pas mal d’acidité. Une fumée somme toute peu agréable parce que manquant de velours et de douceur.
Deuxième impression : bof. Cette fumée trop fluette et trop rêche n’arrive pas à me combler, d’autant plus que l’acidité poivrée continue à dominer, même si à partir de la deuxième moitié du bol le mélange trouve un certain équilibre. Par ailleurs, la combustion est régulière et à aucun moment ma langue ne se sent menacée.
Impression globale : bof. Le N° 2015 ne supporte pas la comparaison avec les grands VA/perique conditionnés en boîtes. Bref, je le trouve plutôt décevant. Ceci dit, force m’est d’admettre que sur Tobaccoreviews même des dégustateurs que je respecte, chantent les louanges du 2015. Ils ne peuvent pas tous se tromper. Je vous conseille donc de juger par vous-même.
Un ready rubbed fait avec des virginias, dont du dark fired, et du kentucky, lui aussi bien sûr fire cured. En principe, ce mélange a tout pour me plaire et me voilà néanmoins déçu.
Pourtant, au premier contact je suis convaincu que je vais me régaler. Quelques brins fauves, mais surtout une panoplie de bruns appétissants. Ici et là des morceaux de flakes, voire de curlies. Belle et riche composition donc. Une note liquoreuse, une pincée de poudre de chocolat, une goutte de caramel, une touche grillée, un soupçon de fumé. Tout baigne. Ça s’allume sans tarder !
D’emblée, je suis déchiré entre deux sentiments. D’une part, les saveurs reprennent les thèmes du nez, ce qui est appréciable. D’autre part se développe un mélange d’acidité et d’amertume qui non seulement tend à occuper le devant de la scène, mais qui en plus exerce un effet caustique sur mes muqueuses. Ça me pèse et ça me gâche mon plaisir.
Avant de me mettre à écrire, j’ai terminé deux tiers de la boîte de 100g. De temps à autre une pipe a réussi à gommer cette désagréable sensation en bouche, mais la plupart du temps le caractère passablement décapant du tabac a éclaté au grand jour. Vraiment dommage parce que sous cette couche astringente se cachent de plaisantes saveurs chocolatées, épicées et grillées.
Rebelote : aucun des dégustateurs sur Tobaccoreviews n’a fait état du phénomène qui me gêne. Il est donc parfaitement possible que vous soyez en mesure de profiter pleinement des bonnes saveurs de l’Indaba sans que vos muqueuses ne protestent. Peut-être que je suis une petite nature après tout.
Voilà une odeur euh… surprenante : des pieds qui fument. Vraiment. Disons pour ne pas vous rebuter dès le début que le Cabbie’s dégage des arômes de fromage bien mûr. Et peut-être de chou cuit (Et pourquoi pas Cabbage Mixture ?). Et puis, il y a aussi des relents de vinaigre et de boisé. Bref, des arômes déroutants, certes, mais pas nécessairement désagréables. Moi, je m’y suis vite fait.
Il s’agit d’un VA/perique qui se présente sous forme de curlies peu compacts qui tendent à se désagréger au toucher. Divers bruns, de l’anthracite, du fauve, du blond. Le tabac est plutôt humide, mais pas au point de causer des problèmes de combustion.
Ah, les premières bouffées sont prometteuses et par ailleurs typiquement Lakeland : voilà une fumée veloutée qui caresse les papilles. Simultanément on découvre une acidité et une amertume bien présentes tenus en équilibre par une douceur fort discrète. Côté saveurs, on est davantage dans le poivré, le grillé et le moisi que dans le fruité. C’est donc un tabac qui ne cherche pas à flatter, mais qui, au contraire, s’adresse aux fumeurs chevronnés qui apprécient du sérieux, voire un brin d’austérité. Ajoutez à cela que la vitamine N se fait clairement sentir et vous comprendrez que c’est un tabac d’homme.
Deuxième moitié, c’est la confirmation. Bel équilibre entre l’acide, l’amer, l’épicé et le doux. Toujours masculin mais sans excès. Un tabac à l’ancienne, c’est-à-dire sans tape à l’œil, mais composé avec discernement.
Avec le Cabbie’s Mixture, Samuel Gawith nous livre un tabac cohérent. Il ne casse pas la baraque, mais il devrait satisfaire tout amateur de Lakeland non parfumé qui se respecte. Pour moi, il est un tantinet trop morne et frugal pour devenir un favori. Ceci dit, je peux comprendre ceux qui sont sous le charme puisque c’est sans conteste un mélange bien fait à partir d’ingrédients de qualité.