Samuel Gawith Commonweath

Samuel Gawith Commonweath

Je ne vais pas faire de longs discours. Car, étant moi-même de nature impatiente, je sens que vous mourez d'envie de savoir ce qu'est ce tabac !
J'ai eu l'occasion d'acheter un HH vintage syrian que j'ai ouvert à 9 ans d'âge, proprement somptueux. Quant à ce dernier tabac il a 10 ans à présent.
Il s'agit d'un tabac qui n'avait jamais été commenté sur le site, ce qui me semblait l'occasion de le faire découvrir.
J'en avais entendu du bien comme du mal de la part de membres du forum. Je me suis dit, allez lance-toi !
Il s'agit d'une boîte (50 g) de Commonweath de Samuel Gawith de 10 ans d'âge. (Skiff)

Nul doute en ouvrant l'enveloppe envoyée par Skiff, c'est du tabac. Du bon tabac qui ne recherche pas à se cacher sous d'odorants artifices à la pêche, cerise, vanille ou autres joyeusetés parfumées à la cannelle. Pour faire court, ce n'est pas du febreze ! Mais ça ne sent pas n'importe quel petit tabac blondinet. Non, ça sent les balkans, l'anglais, bref, le latakia.
Je sens déjà le truc costaud, qui envoie, du vrai quoi, du plaisant au risque d'être peut-être monolithique.
A l'œil, ça se confirme. Pas de ruban jaune, mais, pour utiliser le vocabulaire des aficionados des puros, des teintes allant du maduro à l'oscuro. Différentes teintes, c'est vrai, mais, encore une fois, rien dans le brillant, plutôt dans un contraste éteint et poudré, dans le genre « ancient madder » ; image qui parlera aux (rares) amateurs de cravates. La coupe est assez large mais relativement courte. On peut donc exclure une mixture de chez Germain's. On retrouve ce type de coupe chez plusieurs fabricants, notamment chez d'authentiques britanniques comme Samuel Gawith. De quoi partir sur un apriori très positif.
A noter enfin que le tabac n'est ni sec ni trop humide : hygrométrie parfaite pour se faire une petite dégustation de derrière les fagots.
Vu le type de tabac, je choisis une Dunhill groupe 3, de forme straight bulldog, sablée, fabriquée en 1966, très probablement dans de la bruyère algérienne vu son sablage. C'est ma pipe qui s'accorde le mieux avec les vrais anglais musclés. Je triture le tabac, le hume encore une fois (ça me rappelle l'asphalte en été, le cuir mouillé et une petite touche d'encens qui n'était pas apparue à l'ouverture de l'enveloppe). J'y dépose suffisamment de brins pour remplir ma Dun et hop, j'y boute le feu, tout en étant bien calé dans mon canapé, une tasse de thé à portée de main. Le voyage peut commencer… Incroyable, on n'est pas dans une caricature d'anglais, une grosse lat bomb comme on dit, un goût de fumé et de goudron qui écraserait tout. Non, que nenni ! On est dans le velouté, le boisé, le vieux cuir. L'expression qui me vient à l'esprit c'est : « une main de fer dans un gant de velours » mais à l'inverse. Je veux dire qu'au début, on ne voit que la main de fer et dès qu'on a fait connaissance, alors on ne remarque plus que le velours. Comme je m'y attendais un peu, le tabac n'évolue pas vraiment au cours du fumage. Ca ronronne, un vrai moteur de Rolls, doux mais on sent bien que la puissance est là. Bref, à fumer dans cette pipe, c'est un TOUT grand mélange anglais.
Sa composition ? Bien sûr, une grande dose de latakia ; mais aussi un excellent virginie qui est tout à fait à la hauteur. D'autres orientaux ? Oui, très certainement car j'ai ressenti très légèrement l'odeur typique de l'encens à froid et peut-être un peu en fumant, mais s'il y a des orientaux, ils passent clairement au deuxième (3ème plan). Et du Périque, du Burley ou un autre type de tabac ? Je suis quasiment persuadé que non. Je dirai que ça pourrait être un Lat-VA, ou plutôt un Lat-Va-Or. Il me fait penser à un tabac très nightcapien, par exemple à du John Cotton's Latakia. Ça pourrait également être un anglais de chez Samuel Gawith ou Gawith & Hoggarth. En tout cas, j'ai hâte de connaitre son nom, car si c'est un mélange courant, et bien, ça valait la peine de le (re)découvrir à l'aveugle. Peu importe son nom en fait, c'est pour moi un très grand anglais tout à fait traditionnel. Pour être honnête, un seul point négatif : malgré une hygrométrie parfaite, le tabac s'éteignait souvent. Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu souvent à m'y reprendre autant de fois (certainement une douzaine de fois).
Après avoir griffonné mes impressions, comme il m'en restait de quoi faire une bonne deuxième pipe, profitant de quelques heures passées au chalet, j'ai mis la main sur une pipe de Trever à tuyau corne et bruyère rustiquée qui dormait depuis novembre pour tester une deuxième et dernière fois ce tabac mystérieux. Et là, oh surprise, oh grande surprise, c'est le virginie qui tenait le haut du pavé, le latakia se contentant de jouer le rôle de condiment. Bon, c'est vrai, le cuistot n'a pas eu la main excessivement légère sur le condiment, mais le latakia ne tenait réellement pas le premier rôle. Pourquoi ? Je ne saurai le dire. Faut rester modeste, l'art de la dégustation n'est (heureusement) pas une science exacte. Faut quand même relever que la Dunhill, je l'ai depuis des années et elle a fumé beaucoup de latakias alors que la pipe de Trever, je l'ai depuis pas longtemps et qu'elle a fumé d'autres tabacs avant d'être dédiée aux latakias. Ça joue son rôle. Et puis aussi, il y a le fait que la première fois, j'ai fumé à l'intérieur, alors que la deuxième, je l'ai fumée en extérieur, avec de la neige à portée de pied, me dorant au soleil. Le thé avait laissé sa place à une bière. Et côté rallumage, eh bien, on reste dans le bizarre, le tabac se consommait nettement mieux. J'ai dû jouer 4 à 5 fois du briquet, pas tellement plus.

Tout ça pour dire qu'on peut fumer le même tabac à quelques heures d'écart et avoir des sensations différentes. Pas radicalement différentes mais différentes quand même. Mais comme en matière de latakia je fais plus confiance dans ma vieille Dunhill, je dirais que les premières sensations collent très certainement plus à la réalité que celles procurées dans l'américaine. Merci Skiff pour m'avoir procuré un exercice très intéressant, la dégustation d'un tabac à l'aveugle, qui plus est, d'un excellent tabac, qui m'a beaucoup plu. (Gilles Suisse)

Je me considère comme un débutant dans la dégustation de tabac non aromatiques car je manque de points de comparaison et de vocabulaire descriptif.
J'ouvre le blister de plastique, qui, bien que relativement étanche, à laissé passer une part d'odeur. Le parfum est fort et corsé, il me fait penser au nightcap que j'avais fumé dans le temps. A cru, il m'évoque le cuir, la terre humide, le marc de café, avec en arrière plan une note inattendue aigrelette/vinaigrée qui me fait curieusement penser a celle des anciens négatifs de photographie argentique...
C'est un tabac très joli, assez foncé, dans les bruns sombres. La coupe est de taille moyenne et, au jugé, son taux d'humidité est dans la moyenne de ce que j'apprécie, on sent avant de commencer qu'il se laissera fumer sans faire d'histoires. La compagne choisie pour ce test sera ma très chère pipe en écume et ambre Lavisse, une droite de taille moyenne qui date du début des années 1900.
Bien qu'ayant passé plusieurs tabacs, elle sait toujours sublimer les saveurs tout en restant assez neutre, assez parfaite pour un test en somme. Le tabac comme je l'avais prévu, se bourre et s'allume très facilement. Les premières volutes flattent le nez, un bouquet assez épicé, à l'odeur corsée mais au goût en bouche assez léger alors que j'aurais supposé qu'il serait très fort. À mi-chemin, on a pris le rythme de croisière, le parfum est agréable, un peu plus piquant. J'aime bien l'odeur dans mes narines et la saveur devient plus forte, la fumée plus corsée. Son goût me fait penser à certains cigares que j'ai pu goûter par le passé. C'est rare que la fumée de mes pipes me rappelle celle des cigares, j'ignore pourquoi c'est le cas cette fois-ci. Le dernier tiers, j'y ai renoncé car le restant de tabac s'est chargé d'humidité et en le rallumant, son goût devient trop piquant pour ma lippe. L'expérience fut agréable, je l'ai beaucoup appréciée. Ce tabac laisse un goût agréable en bouche et ne laisse pas la langue anesthésiée plusieurs heures comme certains aromatiques dont j'ai l'habitude. (sebalpinev6)

A l'ouverture du sachet, des brins brun foncé à noir et un nez très prometteur… l'humidité est parfaite, bourrage et allumage aisés, combustion régulière, fumée soyeuse; mais, petit bémol… un goût presque "neutre"… le côté fumé/épicé des anglais est très (trop) discret… testé dans 2 pipes, une bruyère et une morta, il s'est révélé à peine plus présent dans la morta… Au final, je vois un anglais léger, agréable qui ne pique pas la langue et ne prend pas la tête ; un tabac idéal pour débuter les mélanges anglais. (Bloodyoldchris)

Pour ce qui est des conditions j'ai fumé tranquillement installé dans le canapé au coin du feu avec un bon thé Pu Erh et dans le silence. À l'ouverture de l'échantillon ça sent le vieux cuir, la fumée froide, les écuries. L'humidité est optimale pour un fumage immédiat.
L'aspect est plutôt engageant, la coupe est grosse et irrégulière et les brins vont du brun foncé au noir. Le bourrage est facile et l'allumage aussi, il ne m'a fallu que deux allumettes.
Le 1er tiers est plutôt terreux, il y a un fort goût de fumée, de cuir et de champignons, c'est plutôt agréable. Le second tiers est plutôt animal, la tête commence à me tournée, ça goûte le cuir humide, les champignons cru, genre des cèpes, et il y a toujours ce goût de fumée.
Et le dernier tiers c'est un festival de saveurs, on retrouve la fumée, la terre humide, les champignons, le vieux cuir, il y a un petit goût de miel et de noisette grillée.
Pour réaliser cette dégustation j'ai nettoyé ma bulldog en écume Lubinski et je l'ai bourrée jusqu'à la gueule, mes conclusions sont que ce tabac est plutôt excellent, plutôt bien dosé en nicotine puisqu'il ne me tourne pas trop la tête et que mon estomac va bien, est-ce que j'en refumerais, oui des que je sais ce que c'est et que j'en aurais acheté. Il me reste un petit peu dans l'échantillon alors quand le mystère sera levé, je bourrai ma Chacom RC et je le goûterai à nouveau. Merci pour la découverte de ce tabac qui m'a rappelé des souvenirs d'enfance plutôt heureux. (Dunhill)

J'ai pu faire trois bols de l'échantillon du mélange proposé par Skiff. Pour les deux premiers ça se résume à ça : je suis passé à côté. « Ce n'est pas grave Pierre, je n'ai rien senti » comme disait Anémone. C'est une catastrophe ? Oui, non, c'est surtout dommage pour Skiff. À quoi bon être généreux si c'est pour donner du tabac à un pignouf qui ne le goûte pas.
Pourtant il sent drôlement bon ce tabac. Je l'ai humé longuement. Ça sent le latakia et le bon, fumé avec une note plutôt lourde. C'est très plaisant. Du syrien ? J'en sais rien, mais enfin ça sent vraiment le latakia de qualité. Une fois allumé ben à part le latakia … je sèche. C'est très ténu. Et ça manque vraiment de corps à mon goût, c'est si léger que je suis bien incapable d'y discerner quoique ce soit. Pour le troisième et dernier bol c'était un peu mieux. Sur le derniers tiers le mélange avait plus de répondant, un peu de piquant, de poivré. Mais qu'est-ce que ces saveurs viendraient faire dans un mélange anglais ? Le fumage était agréable et le goût a persisté longtemps en bouche. Désolé les fdp, c'est sans doute un bon tabac mais je ne peux pas en dire plus. (barbibul)

A l'œil et au nez, on retrouve le caractère typique d'un anglais ! C'est très agréable, se dégagent les fruits secs, les fruits à l'alcool (je parierais qu'il puisse y avoir un léger topping de type alcool...), et me vient l'idée de la marmelade type orange, cela me fait penser au mincemint anglais ou au Christmas Pudding - Miam c'est appétissant ! Et puis une rondeur, un velouté, qui le distinguerait d'un anglais plus sec. Et là encore un côté caillé ou lacté, qui donne une pointe d'acidité très harmonieuse au reste - Re-miam, ça donne envie !
L'allumage se fait sans encombre, ça crépite, la combustion est aisée, c'est équilibré, c'est rond, ça ronronne tranquille. Le latakia est dans son fondement sans prendre une trop grande place pour laisser jouer la douceur du virginia et sans doute de l'oriental car par moment se diffuse un petit côté encens et herbe grillée, mais d'une trop grande timidité à mon goût. Je ne retrouve pas trop ce que le nez a apprécié, mais on est bien dans le registre de l'anglais classique. Le fumage est constant tout du long et ma petite déception vient plutôt d'un côté un peu trop linéaire, malgré une fin plus sombre et plus 'barbecue', et un manque de corps et de peps, mais là c'est plus une affaire de goût. Et une chose que j'ai appréciée une fois la pipe ayant fait son office, c'est qu'il vous laisse un 'lingering aftertaste' comme disent les anglophones très agréables, ce qui n'est pas le cas de tous les mélanges anglais... Idem un 'room note' assez agréable vu l'absence de sourcils froncés de mon entourage ! Voilà donc pour moi un anglais léger, un 'all day smoke' sans problème, avec des tabacs de bonne facture, mais qui manque un petit quelque chose pour soulever le hourra de l'adhésion. Cela reste tout de même réussi ! Une belle découverte ! (EtienneB)

Cette dégustation a du succès. Le sachet transparent me laisse envisager deux bonnes pipes. Ou trois petites. Beaucoup de brins noirs, très peu de blonds dorés. Ça sent l'anglais de bonne facture. Une pointe de vinaigre passe entre les notes de fumée. Légère, cette note rappelle les quelques McClelland que j'ai eu le bonheur d'essayer. Mais c'est moins typique, moins prononcé. Bien bourré, bien allumé, ce tabac à une hygrométrie prête à l'usage. D'abord dans une prince de Claessen, ensuite dans la morta de Provenzano et enfin pour terminer, dans cette petite mignonne de Talbert, qui fait davantage penser à un instrument japonais qu'à un outil de fumage. C'est efficace et le plaisir est tout de suite au rendez-vous. C'est fumé évidemment. Mais ce n'est pas monocorde. On n'est pas dans le registre du gros goudron qui tâche. On serait plutôt dans le gentil feu de camps ou dans sa fin de soirée. Si les notes sucrées sont en arrière plan, la sensation qui me vient le plus en bouche et au nez est celle d'un gentil piquant qui réveille la narine. Pour moi, c'est un anglais periqué. Au plus près de ce que je connais, je dirais quelque chose comme du Squadron Leader avec du Perique. Un plaisir simple et de bon aloi pour un fumeur d'angliche. Bref, ces deux pipes et quelque furent bien relaxantes. (Sooafran)

A peine je sors l'enveloppe de ma boîte aux lettres que je souris. Je le sais d'ores et déjà : ce tabac je vais l'aimer à coup sûr. L'odeur est alléchante et je n'attends pas d'être rentré pour sentir la pochette ! Je sens des fruits rouges et noir, l'odeur est sombre en arrière plan quand on hume lentement. On sent le boisé, les cendres de barbecue et le poivre, mais aussi le cuir d'une vieille ceinture et l'argile à peine sèche. Vu la dose de tabac dans l'enveloppe, je me dis que je pourrais peut-être faire une grosse pipe mais je me retiens. Il faut essayer différemment. Des bruns clairs jusqu'au quasi noir, ça me met en confiance. Je ne serai pas en terrain inconnu. Je n'ai aucun mal à allumer le tabac, mais une surprise m'attend dès le début. Bien que la pipe en question soit dédiée aux latakias, je ne reconnais pas les arômes habituels que je suis en droit d'attendre. Ce sont les fruits secs et sucrés qui dominent le terrain, tout en laissant les arômes secondaires se promener discrètement dans la bouche. Comme si un écolier brillant faisait son exposé pendant que d'autres bons potentiels chahutent au fond de la classe. La fumée est ronde en bouche et profonde. Elle tient suffisamment dans la longueur pour qu'une bouffée vienne me rassasier pleinement. Paradoxalement, c'est le genre de tabac difficile à gérer parce que j'en veux toujours plus. Je fais donc attention à ne pas trop tirer. Frustrant et satisfaisant à la fois.
N'empêche que je n'arrive pas à me défaire de cette impression.. Je décide donc de le fumer une deuxième fois dans une pipe faite pour le Vintage Syrian de Mac Baren. Les sensations sont très proches dans ma tête, au point que j'ai sincèrement cru que ça pouvait être ce tabac là. M'enfin tant pis. Je me demande si je ne me suis pas laissé berné par le latakia.. Serait-ce vraiment lui qui me procure cette sensation typique ? J'en suis persuadé. Peut-être qu'il y a de puissants virginias dans ce petit mélange, qui finalement sourient avec un air de mystère face à mon incompréhension. Peu importe au final, j'ai envie de danser. J'ai l'impression de manger un gâteau à la crème. Ce tabac est un vrai dessert.
Troisième fumage dans une dernière pipe mais complètement raté. Une dispute, de la tension et voilà mon dernier test foiré. Impossible de goûter correctement. N'empêche dans celle-ci, c'est plutôt les grillades et la forêt en plein été. C'est revigorant, c'est bon... mais je ne reçois pas la magie habituelle. Je mets ça sur le compte de mon humeur, bien que la déception soit un peu présente.
Je ne sais pas vous mais mon test a été très positif : j'en suis même affamé et je ne vous cache pas que j'essayerai d'obtenir ce tabac dès la levée du confinement. Je me suis régalé, mais je suis aussi très gros mangeur et j'aime quand y en a encore. Cha ch'est bon ! (AlexanderVanPollakof)