Test Velani

par Laurent N alias Kalabash

05/09/05

une Calabash par Aldo Velani

une calabash Aldo Velani
une calabash Aldo Velani
une calabash Aldo Velani

Vous connaissez sans doute les pipes calebasse ! Dans la plupart de cas, elles sont composées d’un corps qui nous vient d’une courge et d’un fourneau en écume de mer. Ces pipes ont leurs amateurs et leurs détracteurs, je fais plutôt partie de la première catégorie !

Diverses marques ou pipiers adoptent la forme de la Calabash pour produire des pipes en bruyère, avec plus ou moins de succès mais je n’en avais encore jamais vu qui avait tenté d’adopter le système du fourneau amovible dans une pipe toute en bruyère…

Aussi, quand j’en ai trouvé une, mise en vente sur E-bay, je n’ai pas résisté.

Pour une quarantaine de dollars américains, me voici donc le nouveau propriétaire d’une pipe d’Aldo Velani, neuve et non fumée.

Coté esthétique :

Cette pipe a la forme et la taille des pipes – calebasses habituelles mais elle est plus légère. N’ayant pas de balance, je ne peux pas être plus précis…

La tête de la pipe : la bruyère est hélas sans grande beauté, pas de belle flamme, pas d’œil de perdrix mais quelques taches, plus sombres, qui semblent être des traces de masticage. La plus grosse est juste sur le dessus de la tige, mais la courbe m’empêche de la voir quand j’ai la pipe en bouche… c’est aussi bien !

La teinte de la pipe n’est pas régulière, il y a des différences de couleurs qui n’ont pas grand-chose à voir avec des flammes : il y a des tâches plus claires, qui tirent sur le jaune alors que l’ensemble de la tête est plutôt rougeâtre…

L’intérieur de la tête est bien fini, pas de trace d’outils, c’est bien lisse. Le joint de liège qui va assurer l’étanchéité avec le fourneau a été positionné sur le bord de la tête, dans une rainure où il est bien collé. L’ensemble est propre et net. Le passage de l’air qui part dans la tige est bien proportionné, net et sans bavure.

Cette tête en bruyère a des parois plus épaisses que son homologue taillé dans une courge, la chambre ou l’espace intérieur est donc d’un volume bien plus petit. Son poids est plus important que celui du fruit alors que complète, elle est moins lourde que celle constituée du fruit, le poids du fourneau doit faire la différence.

Le fourneau : tout en bruyère, il est effectivement beaucoup plus léger que s’il était en écume. Le dessus du fourneau présente une belle série d’œils-de-perdrix, quand j’ai la pipe en bouche, je les ai juste sous les yeux : un ravissement !

une pipe Aldo Velani
une pipe Aldo Velani

Ce fourneau a été bien fini, il est lisse comme une peau de bébé. Il porte néanmoins quelques traces de coups d’un manutentionnaire peu méticuleux ou d’un client maladroit, dommage.

Le trou pour le passage de l’air est bien centré au fond, son diamètre me semble bien modeste mais je verrai à l’usage…

Le tuyau : il est en acrylique, un peu dur mais brillant comme un sou neuf ! Sa courbure est élégante, l’ensemble est un peu épais mais il finit en s’amincissant ce qui diminue l’effet visuel. L’embout du tuyau est large et plat mais le diamètre de la lentille me semble là encore bien faible. Après séparation du tuyau et de la tige, le tenon apparaît bien profilé en › et le passage de l’air est là d’un bon diamètre.

une pipe Aldo Velani

En bouche :

Le tuyau étant en acrylique, sa tenue entre les dents est un peu dure mais en un sens, j’y laisserais moins de traces !
Plus légère que ses sœurs courge-écume, elle se tient sans difficulté en maintenant les dents légèrement serrées. Bien équilibrée par rapport au tuyau, elle pend bien droite sous le menton, le fourneau restant horizontal.
Les premières aspirations sont difficiles alors que le fourneau ne contient pas encore de tabac, le passage de l’air est, sans aucun doute maintenant, bien trop fin.
Avant d’essayer comment elle fume, je vais devoir la bricoler un peu : un petit travail avec ma mini-perceuse va me permettre d’agrandir le trou de la lentille et je constate que le passage de l’air dans le tuyau est plus conséquent, seule l’arrivée à la lentille était réduite, je me demande bien pourquoi …

Le fumage :

N’étant pas un champion du culottage, j’ai choisi la méthode des 3 tiers pour commencer à fumer cette nouvelle pipe. Remplie donc d’un tiers de Marlin Flake, elle a commencé doucement sa carrière de fumeuse. Je n’ai pas retrouvé l’arôme de ce Virginia que j’apprécie particulièrement, la fumée arrive certes moins chaude que dans mes pipes traditionnelles, mais la bruyère ou sa préparation lui donne pour le moment un petit goût piquant.
Ce premier tiers de tabac s’est tout de même bien fumé et arrivé à la fin de la combustion, j’ai étalé sur les parois du fourneau la cendre gris-claire, presque blanche qui subsistait au fond.
Une fois froide, je l’ai démonté. Bon, pas du premier coup, car ayant oublié d’humecter le joint en liège, celui-ci a adhéré au fourneau en bruyère ! Désolé Erwin, je ne le ferai plus…

L’ayant donc enfin démontée, j’ai constaté que le fond de la tête avait accumulé beaucoup d’humidité et qu’elle serait longue à sécher. Le fourneau, lui, se comporte mieux : il est quasiment sec.
Quarante huit heures plus tard, je me lance dans un deuxième épisode de ce culottage : Les premières bouffées ne sont pas terribles, toujours ce goût un peu acre, un peu piquant… Je ne m’y fais pas mais il ne sera pas dit que je ne le ferais pas, ce culottage. Alors, je continue à la fumer, et ce jusqu’au dernier morceau de tabac qui reste dans ce fourneau de bruyère.
Le second démontage est plus facile que le premier, le joint humidifié n’a pas collé au fourneau en bruyère. A l’intérieur de la tête, il y a encore beaucoup d’humidité, de la condensation ? Du jus ? Je décide de l’ôter avec un morceau de papier absorbant, histoire de faciliter le séchage…48 heures, oui, il faudra bien cela !

Les séances se succèdent mais restent hélas du même acabit : le fumage se trouve altéré et si la pipe perd peu à peu son goût acre, il n’en demeure pas moins qu’elle conserve un mauvais goût, sans doute en raison de l’humidité qui subsiste dans le fond du fourneau et que la bruyère n’arrive que difficilement à absorber. Une longue période de séchage est nécessaire entre deux pipes, mais même avec cette précaution, cette pipe ne figurera pas parmi mes préférées.

Au final, cette calabash d’Aldo Velani restera dans ma collection, mais uniquement parce qu’elle est en bruyère…