Test Ghibli

par Guillaume Laffly

07/03/16
une pipe de Riccardo Debole - Ghibli Pipes

Pourquoi a-t-on un coup de cœur pour une pipe ? En ce qui me concerne, une des premières choses qui jouent est la teinte. Ou l'absence de teinte. J'aime les virgin, et je n'en ai jamais fait teinter une. Je les aime parce que je sais qu'elles vont se colorer d'une façon bien particulière. Une simple couche de shellac va permettre au fumeur de colorer sa pipe de façon personnelle. Quand j'en vois certaines, je sais comment son propriétaire tient sa pipe. Avec ces pipes là, tout est à faire.

Avec les pipes teintées, on sait que si certaines, comme les teintées noir, ne bougeront pas, on sait aussi que les brunes vont finir par donner des aspect caramel, café, puis chocolat. De la gourmandise. De quoi déjà mettre l'eau à la bouche.

Puis, certaines teintes vont, elles, se montrer particulièrement prometteuses. L'orange de Pierre Morel est bien particulier, reconnaissable entre tous, et si joli qu'on hésiterait presque à fumer ses pipes. Ce qu'on ne sait pas, c'est qu'au contraire, la suite est encore meilleure. J'ai une flying saucer que je fume très régulièrement, une fois par semaine, depuis cinq ans. Cela a fini par donner une teinte cacaotée presque rougeâtre, à nulle autre pareille. C'est non seulement réconfortant, mais en plus on a l'impression d'être un peu le père de cette petite que l'on voit grandir.

Erwin Van Hove parlait déjà, il y a douze ans, du jaune des Le Nuvole, dans son article "Irrésistibles Italiennes". J'en ai eu une, moins longtemps, mais là aussi j'ai pu constater une coloration douce, qui virait à l'époque vers l'orangé. Et lorsque j'ai vu le travail de Riccardo Debole, j'ai eu le même petit coup de foudre. Le vrai boulot d'une teinte, ça n'est pas de cacher la bruyère, c'est au contraire de la mettre en valeur. Et pour le coup, c'est réussi.

Après avoir craqué pour cette pipe, j'ai presque eu des regrets en voyant les autres modèles Ghibli. Il faut bien avouer qu'à côté des autres, celle-ci semble un poil tarabiscotée.

J'étais peut-être allé un peu vite en besogne ? Mais sitôt la pipe arrivée, mes doutes se sont envolés. La prise en main est facile et impeccable. J'entends par facile que, tout comme une billiard, vous ne vous posez pas de question. Malgré les angles - l'avant du fourneau ressemble à une étrave de bateau - elle vient se lover tout simplement entre vos doigts. On dit aux innocents les mains pleines, avec cette pipe j'ai lavé ma conscience.

Et au toucher, c'est tout doux. Le fourneau est lui aussi particulièrement soigné. Et ça, c'est toujours bon signe. Le perfectionnisme, c'est toujours appréciable.

Je ne donnerai pas les mesures du bec, parce que chacun voit midi à sa porte. En ce qui me concerne, il aurait pu être un peu plus fin. La pipe pèse 58 grammes, et comme elle est semi-courbe, je peux la tenir en bouche sans soucis.

Bon, alors quoi ? Comment se fume-t-elle ? Très bien, parce que sans cela, j'aurais parlé d'autre chose. Le fourneau est assez profond, je la garde donc pour les soirées tranquilles.

Et la teinte, puisqu'après tout, c'est de là que tout est venu ? Et bien, un peu comme ces plats que l'on met au four et que l'on regarde brunir doucement, ça vient bien. Ca vient même très très bien. Je vais donc continuer à la fumer avec régularité, et avec plaisir. A l'heure où j'écris ces lignes, le site de Riccardo est vide. Au mois d'août 2015, cette pipe était proposée pour 200 euros. L'envoi a été extrêmement rapide. Au vu du soin qu'apporte Riccardo Debole à son travail, je ne regrette absolument pas cette somme.

une pipe de Riccardo Debole - Ghibli Pipes