La manufacture de Nice produit à elle
seule les deux tiers des cigarillos Ninas ; les manufactures qui
produisent les plus gros tonnages de cigarettes et de scaferlatis sont
celles de Lille, Lyon, Nantes et Pantin. Certaines marques sont la
spécialité d’une manufacture, par exemple les Week-End sont fabriquées
au Mans. La région parisienne comprend à elle seule trois manufactures :
Issy-les-Moulineaux (Gauloises et Gitanes), Pantin (Scaferlatis et
Gauloises), Reuilly (cigares). Mais ces établissements ne suffisent pas
à approvisionner cette région populeuse et ils sont secourus par les
manufactures d’Orléans, de Dijon et du Mans.
La matière première est livrée aux manufactures par les magasins ou
arrive directement de l’étranger. Nous avons laissé le tabac français à
sa livraison au magasin par le planteur. Précisons qu’il subit là un
traitement préalable avant d’être acheminé sur la manufacture : les
manoques sont entassées par bancs en masses de
fermentation. Pendant la fermentation qui dure quelques jours, la
température à l’intérieur de ces masses monte jusqu’à 40 et même 60
degrés. On doit ensuite procéder à un nouveau triage puis le tabac est
emballé et livré à la manufacture sous forme de balles de 75 à 100 kg.
ou de « boucots » de 300 kg.
Le tabac en provenance de la France d’outre-mer contribue pour une
part importante à l’approvisionnement des manufactures françaises.
L’Algérie nous fournit à elle seule quelque huit millions de kilogrammes
chaque année et Madagascar expédie pour sa part en moyenne deux millions
de kilogrammes vers la métropole. En 1951, sur 70.000 tonnes de tabacs
en feuilles utilisés par les manufactures, près de 40.000 tonnes
provenaient de la culture métropolitaine, 12.000 tonnes de l’Union
française et 18.000 tonnes de l’étranger. Les tabacs achetés à
l’étranger sont originaires des Etats-Unis (5.000 tonnes), de l’Europe
centrale, de la Turquie et de l’Amérique du Sud.
Les scaferlatis
Quand on parle de la fabrication du tabac, on emploie un terme en
réalité assez impropre, car peu de produits sortent de l’usine moins
« fabriqués » que le scaferlati ou les Gauloises françaises : cigares,
cigarettes et scaferlatis doivent leur naissance à des opérations
presque purement mécaniques et les réactions chimiques ont une faible
part dans leur fabrication.
A l’arrivée de la balle, les manoques sont décollées et les feuilles
séparées à la main. Elles passent ensuite à l’atelier du « mélange » où
sont dosées les diverses variétés de tabac pour obtenir la
« composition » correspondant au mélange désiré. Le tabac est soumis
alors à une opération appelée « mouillade » qui consiste en une addition
d’eau ayant pour but de réduire la proportion de débris que provoquerait
le traitement ultérieur du tabac s’il était trop sec.
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