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LE FUMER
Quand on parle aujourd’hui de fumer, la plupart d’entre nous pensent
aussitôt à la cigarette, ensuite seulement on passe à la pipe et au
cigare. Il n est pas sûr que nos grands-pères auraient eu la même
réaction au début du siècle. Si l’on fume la cigarette depuis à peu près
cent ans, il n’y a guère qu’une cinquantaine d’années qu’elle a commencé
à faire reculer les autres modes de consommation.
Pour commencer par le commencement, il faut donner la première place
au cigare ; le témoignage de Christophe Colomb est en effet formel : les
Indiens de Cuba fumaient le cigare. La consommation du cigare a beaucoup
décru depuis un demi-siècle, pourtant on en fume encore dans certaines
contrées des quantités qui nous paraissent à nous invraisemblables. Vers
1931, les cigariers de La Havane avaient droit pendant leur travail à
une dégustation journalière de dix cigares; vers la même époque, la
consommation par tête d’habitants en Allemagne, Hollande et Danemark
était d’environ cent cigares par an alors qu’elle n’était que de quatre
en France. Dans notre pays cette désaffection vient pour une part du
prix de revient élevé de la fabrication qui exige de grands soins et des
tabacs de choix (tabacs du Brésil de La Havane, de l’Indonésie).
Il y a cependant, chez nous comme partout, des gourmets friands de
cigares. Il y a même eu des poètes du cigare comme en témoignent les
strophes suivantes :
UN BON CIGARE
Il faut le choisir bien rond et bien lisse
Qu’il ne soit pas mou ni par trop pressé,
Formant bien la pointe à son orifice,
Très feuillé du bout ; ni clair ni foncé.
Il doit être gras car c’est préférable
Qu’il possède encore un peu de fraîcheur,
Trop d’humidité le rend détestable,
Mais s’il est trop sec il perd sa saveur.
Il faut qu’en brûlant son odeur parfume
Et que sa fumée ait un reflet bleu
Un pareil cigare avec goût se fume
Malheureusement il existe peu. |
Ce poème est extrait d’un recueil paru en 1886 et maintenant
introuvable : « Tabacs et Cigares, fantaisies par un
débitant de tabac. »
La pipe aussi a eu ses poètes dont certains ont des noms célèbres.
Elle a même ses musiciens et l’on peut citer à ce propos une chanson
placée par Jean-Sébastien Bach, en tête d’un cahier de musique :
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