Mes sorties en boites n°4

par Nightcap

11/01/16

Kong Frederik English mixture, de My Own Blend - Paul Olsen

Thanks God. Cela existe encore. Du vrai, du simple, du beau. Merci le Danemark, merci l’Angleterre. Merci le Roi – et, bien sûr, vive la Reine.

De toutes les excellentes choses que l’Angleterre nous ait données – la démocratie, le gin Plymouth, le Bill of rights, l’Aston Martin, Jane Birkin, la sauce à la menthe, les Beatles, les cabines téléphoniques rouges et l’humour – le tabac anglais reste, bien évidemment, le plus beau cadeau que cette noble île ait jamais offert à l’humanité.

Mais qui le sait encore ?
Un blend Anglais, un vrai ? Mais qui en fume encore ?!

Combien de trahisons, depuis les grands Murray, feu le Standard mixture, ou ce que furent les Squadron leaders d’antan ? Combien de vilenies, de perique glissé entre le Latakia et ses Virginias, de surdoses d’orientaux médiocres, de dérives pseudo-balkaniques à l’exotisme en sucre peint ?

How many soupes Dunhillesques, my dear fellows, sont-elles venues depuis des années usurper sans vergogne la grande mémoire de leurs ancêtres, et nous pourrir le fourneau ? Combien de sucrailleries fourrées dans nos boites, de cavendish pour enfants, de Burley (oui : du Burley !) indument pressé à l’ombre de l’Union Jack ?

Tiens : quand j’y pense, j’ai le cœur plus ravagé que Londres, au matin du 6 septembre 1666 (m’enfin… rappelle-toi : le grand incendie, 14 000 maisons détruites, 80 000 sans-abri et la cathédrale Saint Paul partie en fumée, ça marque, non ?!).

Mais ne perdons pas espoir. La tradition n’est pas encore morte. Même : des tabacs, aujourd’hui, peuvent encore entonner le « God save… » en tout honneur, et même le swinguer s’ils le souhaitent, chaque année, lors de la dernière nuit des Prom’s.
Oui : il existe encore des Anglais : sobres, réservés, stricts, forts ; qu’on fume en chapeau melon – parapluie, en attendant du ciel l’averse et/ou le V1 ; des descendants de Cromwell et de Churchill. Des goûts honnêtes, latakiés, virils. Des tabacs, quoi. Des vrais.

En l’occurrence : le Kong Frederik English Mixture (ex « Kong Frederik IX full »).

D’accord, c’est produit au Danemark. Par My Own Blend – Paul Olsen. Et ceci en dit long, d’ailleurs, sur la lente disparition des “vrais” anglais.

Mais bon : c’est vendu par 100 g, dans ce qui ressemble typiquement à des boites à thé (ce qui rajoute une petite touche british). Et cela a été inventé par un monarque (danois, certes ; mais, bon, Hamlet aussi était prince danois, et les familles royales sont liées).

C’est en effet le bon roi Frederik IX (1899-1972) qui a créé ce blend, pour sa propre consommation. Et sans vouloir jamais verser dans le monarchisme : ce type-là était extrêmement fort.
Car ce blend est remarquable.

Au départ : des broken flakes, bruns et jaunes. Comme le Lancer’s slices, en moins brun. Et pas d’orientaux – comme le Lancer’s slices, également.

C’est un Virginia / Latakia, tout simplement.
(Et je finis par me demander si cette famille, qui oublie pourtant la composante turco-orientale des grands « anglais » d’antan, ne leur est pas, finalement, la plus fidèle - penser au Frog morton, au Lancer’s, au Balkan Flake de Gawith, au Holly’s discovery…).

Bref, au nez, c’est délicieux. Fort, clairement latakié (30%) mais sans être du tout une « Lat bomb », et plutôt équilibré : les odeurs de campagne, doucement herbacés et vaguement acides des Virginias sont également là. Et l’odeur annonce déjà du bon ; voire de l’excellent.

Aux premières bouffées, cela se confirme. Du poivre et du raifort qui te montent dans le nez ; mais avec un peu de sucré très loin, comme des fruits rouges. Et un Latakia bien carré.
C’est bien de l’anglais, du vrai, du sec, du « straight ». Fort, mais pas trop. Mais aussi : du complexe, qui se cache sous une évidente simplicité de base.

Le sucré, d’abord, se développe un peu ; les Virginias s’épanouissent, et même si le Latakia reste la vedette, ils ne sont jamais absents. Tant mieux. Ils sont succulents. Tu penses, du coup, aux belles prairies du Kent, tu rêvasses le long des foins. Mais pas longtemps : car juste après, tu changes de climat.
Et là, ça tourne vite.

Episode agrumes, après les foins : citron, bergamote, orange amère. Mais un citron « anglais » : un citron sucré, un citron de bonbon au citron, de tranche de citron cuite dans le thé. Avec le fumé, bien sûr, toujours là, qui hésite entre le feu de bois et le feu de tourbe.
Episode épices. Du galanga, du thym très fort qui se mêlent; ça pique le nez, et si tu tires dessus un peu fort, ça va te piquer la langue; c’est un tabac poivrade. Comme le Lancer’s, aigre-doux, dont il est proche : mais plus doux toutefois que le blend de chez Fairmorn : plus sobre, moins acide.
Puis : épisode légumes. Je ne sais pas d’où ça sort, mais tu peux aller pêcher un goût de poireau; de chou, même, dans le fond de ton fourneau. Puis, épisode mer : du salé, de l’huître, de l’algue, du vent et de la vague; des parfums de trous d’eau dans les rochers à marée basse.
Enfin : épisode thé. Du Lapsang fumé, du Darjeeling, puis du thé au lait.
Ouf.

Et le bol est fini. Sans aucun souci de fumage. Et avec un grand bonheur.

Honnêtement : le roi Frederik avait bon goût. Non seulement, avant d’accéder assez tard au trône, ce garçon fut chef d’orchestre et amiral (or, de mon expérience, tu peux me croire, les marins sont statistiquement les plus évolués des militaires).

Mais mieux… il a su marier parfaitement un grand Latakia et d’excellents Va, pour créer un très bon, un vrai, un beau tabac anglais. Or si j’en juge l’histoire récente de nos blends : un tel mariage semble plus difficile encore à réaliser que de combiner un hautbois et un basson ; ou même un destroyer et une marée haute.

A mon avis ;-)

The Original Scottish Cake, de Robert McConnell

Il n’y a pas de raison, finalement, qu’on se limite ici aux seules joies tabagiques. En vertu de quoi, je te donne ma recette. Elle est simple. 150 grammes de farine, 3 œufs, 180 grammes de sucre brun, autant de beurre mou. Pour les fruits : des raisins de Corinthe généreusement trempés dans du pur malt, un peu d’amandon d’abricots ; éventuellement des copeaux de figue sèche et des zest d’orange. Tu mélanges, tu touilles, tu enfournes; et tu obtiens, en peu de temps, un gâteau écossais si parfait qu’il est courant d’entendre, au démoulage, des sonneries de cornemuse (en tout cas, cela m’arrive souvent, après que j’ai fini le whisky des raisins pendant la cuisson – faut pas gâcher).

Eh bien, en matière tabacologique, l’Original scottish cake, c’est un peu pareil. Mais sans le whisky.

Enfin… ça dépend. J’ai goûté la version flake (neuve et encavée) et la version broken flake (idem : neuve et encavée) Et le flake, gardé 4 ans, avait de petites touches olfactives qu’on retrouve dans certains vieux Highlands (ex : le Oban).
Les autres versions, non.

Mais, bon, peu importe. Car le nez de ce mélange peut se passer de tout adjuvant alcoolisé.
C’est, déjà, en soi : une merveille.

Notamment celui du broken flake, neuf. C’est celui-là, pas de doute, que bizarrement je préfère. C’est la version la plus parfumée de tous ces Scottish cakes. La plus étonnante, aussi. Au départ, cela ressemble bien à l’odeur qui envahit la cuisine, quand tu te fais cuire un cake. C’est chaud, pâtissier, fruité, mielleux et parfaitement gourmand ; cela sent le raisin, la figue, avec du chocolat en prime, un poil d’agrume ; et pour faire joli une touche légère d’arômes campagnards dans le fond (une trace de foin, une petite acidité de pomme blette).
A ce stade, c’est simple : tu humes, tu salives.

A l’allumage, pareil. Même odeur de croissant au beurre, de raisins de Corinthe, de figue… bref de pain au raisin frais et tiède, farci au cake anglais.

C’est d’emblée un tabac qui plante le décor. Ferme les yeux. Tu le vois, le lounge du vieux cottage, avec ses boiseries mordorées, ses vieux fauteuils et leurs petits coussins, son tissu vert et rouge sur les murs, ses appliques en cuivre, ses tasses de porcelaine fleurie et près de la cheminée, ce guéridon d’acajou – sur le napperon de laquelle on a posé des pâtisseries encore chaudes ? Oui ? C’est chaud, c’est vieillot, c’est doux, c’est cosy ?
Alors bienvenue au pays du Scottish.
C’est schlurp.

Et ils mettent quoi, dans ce délice ?
Du Virginia (de l’excellent – et sucré généreusement à la mélasse, je pense). Du Perique. Et du Kentucky.

Pour le Perique, je veux bien. Dès le début, il commence d’ailleurs à marmonner des odeurs de prune et de figue que je connais bien. Le poivre viendra après.

En revanche… au départ, pour le Kentucky, il faut le savoir.
Mais peu à peu, oui : tu commences à le sentir. Mieux : à le déguster.
Très vite, en effet, la douceur pâtissière évolue. A tes papilles saoulées de sucreries, le Scottish cake va vite offrir du plus complexe, des mélanges plus virils. Des notes d’amertume poivrée, issue du Perique. Du terreux voilé d’une touche de fumée sèche (ah oui, effectivement : il y a du Kentucky, là-dedans). Et des associations étonnantes et toujours agréables, évoluant dans l’aigre-doux, en seconde partie de bol.

Comme quoi… chacun ses préférences. Je connais même un certain Quaker rigoriste ascético-flamand ;-), qui a récemment encensé avec talent le Pure Virginia de chez Mac Baren (que je juge pour ma part aussi rasoir qu’un dimanche chez les Amish de Nouvelle Angleterre…). Mais qui a pourtant jugé que le Scottish Cake était peu évolutif, peu complexe, voir « barbant ». Voir : artfontilsuntabac46.htm

Eh bien… je ne suis pas – du tout – de cet avis.

Bien sûr – c’est ça qui est drôle, en matière de goûts – tout ceci est terriblement personnel. Il arrive même qu’on soit totalement raccord, entre dégustateurs (voir, ci-dessous, le Blackwoods).
Mais là, non.
On en a discuté, bien sûr ; et je lui ai dit : « Erwin, mon gars : t’es injuste. Pour moi, en matière d’évolution, d’intrigues et de complexité, le Scottish est au Pure Virginia ce que les œuvres de Dumas sont au mode d’emploi de ma télécommande ! ».
A quoi ce parfait gentleman a élégamment répondu qu’il était bien de croiser les avis.
Dont acte.

Non seulement le Scottish cake est, je pense, goûteux, délicieux, complexe ; mais c’est même son évolution qui m’enchante. Du doux-sucré au doux-amer. Du léger au fort. Pour finir sur des notes assez sombres, sèches, épicées et très légèrement âpres, qui s’entrelacent avec du sucré.
Tiens : un peu comme si un cake aux fruits moelleux évoluait sur du gingembre fourré dans de la confiture de reine-claude trop cuite, étalée avec du beurre salé sur un toast multicéréales un peu brûlé.
Mais le tout, encore une fois, très schlurp - tout au long du fumage et jusqu’aux jolies cendres blanches qui concluent le voyage (car en plus, ce blend se consume merveilleusement).

Morale : chacun son truc (oui… on le savait…). Mais une chose est sure. Vous avez tout intérêt à vous faire votre propre opinion, et - si ce n’est déjà fait - à découvrir très vite cet excellent tabac, que, perso, je classe parmi mes favoris.
Vous ne le regretterez pas.

A mon avis ;-)

Blackwoods flake, de McClelland

(Précision : cette revue concourt pour le prix de la chronique tabac la plus courte de l’année).

Il est rare, extrêmement rare que 2 dégustateurs, testant le même tabac, aient exactement les mêmes perceptions. En vertu de quoi je me réjouissais furieusement de raconter l’excellent Blackwoods, ses charmes, ses parfums, d’une plume enthousiaste. Mais je viens de lire la revue qu’Erwin y a consacrée… Or, même si ma boite était neuve et la sienne encavée de longue date… et même si nous n’avons pas du tout les mêmes goûts, sur certains tabacs - ex : le Pure Virginia de Mac Baren… ;-) – là, j’ai senti et pensé très exactement les mêmes choses que lui, à propos de ce mélange. Au mot près.
Donc… voir son texte : artfontilsuntabac47.htm

PS. Putain… C’est frustrant, ce genre de truc, tu peux pas savoir…!
Mais au moins, cela prouve bien que le Blackwoods est un excellent tabac.

A notre avis ;-)

Mellow Mallard, de Dan Tobacco

Cela s’appelle le Mellow Mallard. En français, le « Colvert moelleux ». Et dès que j’ai ouvert la boite, je me suis dit : « oui, c’est bien çà », je me souviens. En gros, je te résume : il était cinq heures du matin ; on avançait dans les marais, couverts de brume. J’avais mon fusil dans les mains. Les chiens pressés marchaient devant, dans les roseaux. La forêt chantait, le soleil brillait, au bout des marécages. Et plaf… tout à coup…
Par-dessus l’étang
Soudain j’ai vu
Passer les oies sauvaaa-aaageus.

A chaque fois, d’ailleurs, cela me le refait. Et il n’y a pas que le nom de ce blend qui m’y pousse… Quand je fume du « Colvert moelleux », c’est plus fort que moi, j’entends du Michel Delpech.
(mais si, rappelle-toi : ce vieux tube des années 70, « Le chasseur » - Tiens, je te le mets là, ça sera fait : www.youtube.com/watch?v).
Parce que, oui, c’est le genre de mélange à fumer dehors, dans un matin de grand soleil et de froid vif, quand les vols de perdreaux montent au-dessus des champs labourés, et que les oies sauvages quittent enfin l’étang, vers le Midi, la Méditerranée.
C’est bien simple, d’ailleurs : tu dégustes du Mellow Mallard, tu te retrouves déjà fringué d’une veste en vieux coton huilé, avec des bottes aux pieds, une gibecière en toile à l’épaule, et un épagneul crotté qui court dans les herbes devant toi en laissant dans la rosée de longues trainées mouillées.

Mais pose tes cartouches. Tu vas voir, c’est cool.

Au départ, notamment : rien d’extraordinaire dans la composition. C’est du Virginia au Virginia, voilà tout. De la Virginia de Gambie dorée, à laquelle on ajoute du Virginia brun. On presse le tout, longtemps ; et basta. Mais c’est cette simplicité qui fait toute la beauté de la chose.
Parce qu’il faut bien vendre, les gens de Dan Tobacco ont certes inscrit, sous le colvert qui orne la boite : « The rich aromatic pipe tobacco ». Mais pas d’angoisse, ce n’est pas un aro. Et c’est très clair, même, à l’odeur et au goût : il n’y a là-dedans que du straight Virginia, coupé en broken flakes souples, marrons clairs ; voire marrons glacés.

Na-tu-rels.
Mais pleins de goût, oui.

Rien qu’à l’ouverture : le Colvert moelleux sent déjà bon la campagne. Un mélange de Lung Ching (le thé-vert-de-Chine-qui-sent-l’herbe), de paille humide, de figue et de fruits séchés, de pommes qui surissent, de vieux bois.
Du déjà-reniflé, du souvenir d’enfant.
T’as peut-être connu çà, aussi (en tout cas je te le souhaite) ? Tu sais, la vieille remise, dans la ferme des grands parents, où l’on mettait les bocaux de confiture, les conserves maison d’haricots verts, les vieux cartons, les cagettes en bois, et surtout les reinettes (la queue en bas, sur de la paille), pour qu’elles se gardent… Oui ?
Ben, le nez dans la boite, tu t’y retrouves plutôt.

A l’ouverture, donc : c’est roots, doux-amer, rural, ça sent la remise agreste. Et au fumage - tant mieux - tu retrouves à peu près la même chose. Avec du corps, de la matière.
Puis peu à peu – doucettement – avec de l’animal, du musc qui s’installe.
Non, personne n’a ouvert la porte de l’étable. Il ne s’agit pas de ces odeurs, plus sucrées, plus rassies, qu’exhalent la mamelle et le purin. C’est plutôt celles, plus âcres, plus acides, que sent la bête sauvage – comme si tu mettais le nez dans le pelage ou le plumage d’un gibier. Avec des odeurs de marais, de chasse, de sous-bois, de vieux champignons, qui s’entremêlent, de surcroît. Avec du sucré, et toujours des fragrances de figue et de pommes sures.
Avec du poivre, enfin : ou plutôt des choses poivrées.
Un gentil garçon, sur Tobacco reviews, note qu’il perçoit dans son fumage, peu à peu, des traces de ce mélange qu’on appelle « 5 parfums », en Asie - cannelle, fenouil, anis étoilé, clou de girofle et poivre de Sichuan - … (mélange qu’on sert justement, en Chine, avec du magret de canard grillé - décidemment, le « Colvert moelleux » porte bien son nom).
Et je ne suis pas loin de partager l’avis de ce reviewer.

Surtout sur l’anis, d’ailleurs. Hélas, (car je n’aime guère l’anis), cette chose tend en effet à s’imposer un peu trop, en fin de bol. Mais sans ruiner jamais la douceur des Virginias blonds et l’amertume des Virginias foncés, qui à eux deux s’équilibrent et se complexifient. Comme c’est le cas, en forêt, entre le doux et l’amer.

Sans drame. Et tout naturellement.
Le Mellow Mallard est un tabac fort, paisible … et doux. Pas besoin de flinguer les anatidés, pour l’apprécier.
J’aime mieux çà, d’ailleurs…

Tu te rappelles ?
Avec mon fusil dans les mains,
Au fond de moi je me sentais
Un peu coupable.
Alors je suis parti tout seul,
J'ai emmené mon épagneul
En promenade…
Je regardais le bleu du ciel
Et j'étais bien.

Bien sûr, c’est de la rengaine.
Mais bon, de temps en temps, c’est comme le Colvert de Dan Tobacco – et comme les matins vifs, en automne, quand le soleil perce au milieu des ajoncs, là-bas, au loin… par-dessus l’étang. Au fond… c’est (très) plaisant.

Voire délicieux ? Voire.

A mon avis ;-)

Edit. Cette chronique a été écrite 12 jours avant la mort de Michel Delpech – j’ai des preuves. Ne pas en conclure pour autant que le Mellow Mallard est un tabac mortifère…