Andrey Kharitonov

Andrey Kharitonov est né en 1961 à Moscou, où il vit toujours. C'est à l'occasion de son vingtième anniversaire que son frère lui offre sa première pipe, qu'il avait lui-même taillée, en cerisier. Andrey reste fumeur de pipe jusqu'à ce qu'une crise cardiaque, il y a quelques années, le prive de ce plaisir.

Durant cette quarantaine d'années, il a restauré et réparé de nombreuses pipes, fabriqué de nouvelles tiges, teinté et poli, bref, de quoi acquérir une bonne expérience. Il s'essaie même à, lui aussi, tailler des pipes en cerisier.

En 2019, il découvre une boutqiue moscovite où l'on peut se procurer de la bruyère de chez Manno. L'idée de réaliser alors quelques pipes pour son plaisir le taraude, et, en septembre, il achète ses premiers blocs. N'ayant pas de tour, ne disposant que de quelques limes, ciseaux à bois et papier de verre achetés à la quincaillerie voisine, ses premières pipes n'ont rien de classique. Et comme il n'a pas d'atelier, c'est dans sa cuisine, en rentrant du travail, qu'il s'attelle à la tâche.

En février de l'année suivante, il peut présenter ses dix premières pipes sur des forums russes. Elles ne font pas grande impression, et la question qui lui revient est: Pour qui fabriquez-vous vos pipes ? Pour les fumeurs ou les collectionneurs ? Si c'est pour les fumeurs, alors la plupart ne conviennent pas, parce qu'elles sont inconfortables et impossibles à tenir en main. Si c'est pour les collectionneurs, alors il n'y a pas de miracle, vous devez d'abord vous faire un nom.

Fin 2020, il a déjà vendu malgré tout une cinquantaine de pipe, et il en profite pour se procurer du matériel. Il double la mise en 2021, et commence à recevoir régulièrement des commandes. Au milieu de l'année, il quitte son emploi, et devient enfin pipier à plein temps.

Il travaille dorénavant avec de la bruyère de Calabre la plupart du temps, et aussi de Sicile. Ses tuyaux sont en ébonite de chez Sem. Il aime ajouter de la défense de mammouth, de l'argent, du cupro-nickel, de l'ébonite ou du bois, sans oublier la bambou. Son atelier est toujours dans son appartement, ce qui rend impossible l'usage d'une sableuse. Il ne propose donc que des lisses.

Trois ans après avoir commencé, Andrey est encore à la recherche de son style. Il regarde les oeuvres de Yashtylov, Revyagin, Kharlamov, et les comprends, puisqu'ils pensent dans la même langue.

Son seul regret ? Ne pas avoir débuté quinze ou vingt ans plus tôt.