Rakel van Kotte

Les jardins du Palais-Royal sont un endroit à part... Entre la Comédie Française et le théâtre du Palais-Royal, l'endroit semble hors du temps : on s'attend à croiser Colette ou Jacques Charon, anciens locataires des lieux, un peu surpris peut-être que les Beaux-arts aient été remplacés par la Culture et la Communication, et par les colonnes de Buren, déjà en attente de travaux.

Restent les magasins : on peut toujours trouver des boîtes à musiques, des croix de la Légion d'Honneur, des soldats de plomb... et des pipes.

Le magasin à l'Oriental, ouvert en 1818, fait toujours l'admiration des passants, fumeurs ou non. Il a été repris par Rakel van Kotte en 1999.

Rien ne la prédisposait pourtant à cela : cette informaticienne, anciennement non-fumeuse, dépositaire de plusieurs brevets d'invention, a, heureusement, un mari grand collectionneur d'objets du tabac : c'est lui qui la pousse à prendre la suite. "Moi, jamais de la vie, je suis anti-fumeur ! Je croyais que fumeur de pipe et de cigarette, c'était la même chose... même s'il y a aussi des fumeurs de cigarettes adorables".

Elle se laisse pourtant convaincre, remet le magasin à neuf, supprime le petit atelier qui occupait le fond : "J'ai trois artisans qui travaillent pour moi", refait les plafonds, ajoute des vitrines, pour y exposer tableaux, gravures, fume-cigarette, pot à tabac, pipes d'écumes, pipes neuves, pipes anciennes... un côté bric-à-brac, que certains appelleront plutôt caverne d'Ali-Baba !

On trouvait déjà à l'Oriental des Don Carlos, Chacom, Butz-Choquin, Savinelli, à l'Oriental (fabrication Saint Claude), Peterson, s'y ajoutent maintenant des Dunhill, Ser Jacopo, l'Anatra, Viprati, Ashton, RVK, Becker et Musico ! et en exclusivité Castello et deux pipiers corses : Charles Cassetari et Lucien Georges.

Voilà de quoi ravir les amateurs, d'autant plus que la gamme de prix est assez large pour convenir à tous : pour les débutants, les pipes à l'Oriental, ou les modèles de Cassetari leur permettront de s'essayer sans grand risque.

Les connaisseurs, eux, se repassent l'adresse : les pipes mastiquées n'ont pas droit d'entrée, même s'il faut pour cela renvoyer des modèles.

Pour le choix du tabac, la Civette est juste en face : Rakel y trouve les mélanges aromatiques qu'elle apprécie - notamment au chocolat...

Car cette ancienne non-fumeuse s'est mise à apprécier l'art de fumer la pipe, d'abord pour mieux conseiller ses clients, puis par goût. Aussi bien des bruyères, comme sa préférée du moment, une Becker & Musico bent army, que des écumes : on pouvait encore trouver il n'y a pas si longtemps des pipes de Philippe Bargiel, qui maintenant assure les restaurations. "Je me suis mise à fumer la pipe - et c'est délicieux !"

À l'avenir, les pipes à l'Oriental vont être faites par Charles Cassetari - première pour des pipes maisons, qui souvent sont réalisées à Saint Claude sur des formes très classiques. A suivre...

À suivre aussi, les pipes RVK, dont vous pouvez voir un modèle dans la galerie ci-dessous, avec son tuyau orné d'un diamant, accompagné des modèles de fume-cigarettes maison.

À encourager : vos visites dans ce magasin qui ne ressemble à aucun autre, et un petit truc en passant : Rakel fait un café délicieux...