Morta

Il y a 5 000 ans, le métier de bûcheron n'était pas des plus facile, notamment dans la Brière : imaginez une belle forêt de chênes noyée par la mer suite à des glissements de terrains... A une époque où l'on ne connaît pas encore le tourisme et les crêperies, il y avait de quoi en dégoûter plus d'un.

Je parle de la Brière puisque c'est l'exemple qui nous est le plus proche : il existe aussi, dans l'est de l' Allemagne, en Autriche, en Croatie, des commerces qui proposent du morta.

Tout ce bon bois perdu... mais pas perdu pour tout le monde, puisqu'on peut en faire des pipes ! En cours de fossilisation, et donc fortement minéralisés, ces chênes donnent maintenant un bois dur, noir ou plus clair cela dépend de son âge, mais aussi de la composition du sol dans lequel il a été enfoui, qu'on appelle le morta.

Le morta n'est pas des plus faciles à récupérer, et il a une plus forte tendance que la bruyère à se fendre en séchant. On ne peut donc en tirer de gros ébauchons, mais on peut néanmoins le travailler, que ce soit pour des pipes lisses, ou des sablées.

C'est en Irlande que l'on a fabriqué les premières pipes en morta, notamment la marque Peterson, qui en présente des exemples au XIXème siècle.

En France, le pipier Paul Martel, à Herbignac, proposait des pipes en morta. Patrice Sébilo avait pris la suite, et Trever Talbert à son tour a repris la production de pipes en morta.

Le morta a le grand avantage d'être dur, il ne brûle pas et ne donnera pas une saveur désagréable au fumage, même s'il affectera fortement la saveur d'un tabac... pour le meilleur ou pour le pire. Contrairement à la bruyère, qui s'accommode de tous les types de tabacs, le morta est plus difficile : Trever le conseille plutôt avec du latakia, du virginie mais sur la pointe des pieds, et le déconseille carrément pour les mélanges aromatiques. Pour lui, une pipe de morta est une grande aventure, parce qu'il faut trouver le mélange qui s'alliera parfaitement avec.

Si Trever a popularisé le morta, il n'est plus le seul à le travailler. Josef Prammer, Tom Richard Mehret, Reiner Thilo, Volker Bier, Hermann Hennen, Max Rimensi, Enzo Foresti, Paolo Becker, Eckhard Stöhr, Marco Biagini, David Enrique, Axel Reichert, Branko Sesa, Luigi Radice, Jan Kloucek, Chris Askwith, etc. ... présentent eux aussi leurs modèles. On pourrait même se poser la question de savoir quel pipier ne propose pas de pipes en morta - et parfois même regretter quelques absents.

Et depuis 2009, Rattrays propose des pipes industrielles en morta sablées, fabriquées en France par BC.

Josef Prammer a écrit une étude qui démontre que, selon lui, le morta noir est supérieur aux mortas plus clairs. On trouve donc des mortas clairs, teintés en noir ! Ce qui est regrettable quand on voit la richesse des coloris de cette matière. A ce sujet, ne pas hésiter à se rendre sur le site de Davorin Denovic, qui démontre comme le morta change de teinte suivant l'âge.

du bloc à la pipe
(photo Trever Talbert)

La galerie ci-dessous n'est donnée qu'à titre d'exemple. Après que Trever Talbert ait relancé l'usage du morta, il était intéressant de présenter un ensemble de pipiers travaillant cette matière. Il conviendrait maintenant plutôt de faire la liste des pipiers qui ne travaillent pas le morta !

morta

Trever Talbert

morta

Josef Prammer

morta

Tom Richard

morta

Reiner Thilo

morta

Volker Bier

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Hermann Hennen

morta

Max Rimensi

morta

Paolo Becker

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Eckhard Stöhr

morta

Enzo Foresti

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Marco Biagini

morta

David Enrique

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Rattrays

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Axel Reichert

morta

Branko Sesa

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Luigi Radice

morta

Jan Kloucek

morta

Chris Askwith

morta

Frank Stollenwerk

morta

Davorin Denovic

morta

Davorin Denovic

des blocs de morta de différentes teintes
(photos David Enrique)