Il s'agissait de la deuxième édition de ce show, mais en fait, celui de l'année dernière s'était déroulé dans le jardin de Rolf Osterndorff et avait donc été plutôt anecdotique. Cette année, il se situait dans la Kurparkhalle, vaste salle où pouvait se tenir une belle exposition avec de nombreux participants et implantée dans un très beau parc.
C'était donc bien le premier pipe show européen, organisé à l'image de celui de Chicago, mais avec une dimension bien inférieure pour un début. La question était : les vedettes vont-elles se déplacer ? Hé bien, nous n'avons pas été déçus. La proximité du Danemark, terre où fleurissent les tout meilleurs artisans pipiers (plus d'une trentaine), était un élément favorable bien sûr, mais outre les Allemands, des Italiens, Portugais, Suisses et des pipiers de l’Europe de l’Est, quelques Américains et même un Néo-zélandais, n'ont pas hésité à faire le voyage.
Erwin a cité les vedettes, une dizaine, mais au total il devait y avoir une cinquantaine de pipiers présents ou représentés. Des artisans, oui, mais pas les grandes marques d'industriels. Que ce soient les Français, BC ou Chacom (qui n'avait qu'une toute petite représentation indigne de lui), ou Savinelli, Brebbia, Stanwell, ils brillaient par leur absence. Ils avaient dû laisser la responsabilité à leurs distributeurs allemands qui n'avaient trouvé aucun intérêt à cette manifestation. Nous étions donc entre artisans, spécialistes de la "haute couture" de la pipe. Nous espérons néanmoins qu'ils se feront informer de ce qui était exposé et des tendances nouvelles. Le public était-il majoritairement allemand et cela expliquerait-il la constatation que nous avons faite ? Ou bien le goût des fumeurs de pipe est-il en train d'évoluer ? Mais les pipiers traditionnels italiens (Viprati, Don Carlos, Cavicchi, Castello, Tom Spanu et Radice entre autres) n'attiraient pas malgré la beauté de leurs pièces. En revanche, lorsque Heiko Jahr et Per Billhäll apportèrent les dernières œuvres de Cornelius Mänz, ce fut la ruée.
Le vendredi et le samedi soir, l'organisateur avait invité tout le monde à une soirée chez lui. Nous n'y sommes pas allés, mais il paraît que nous avons eu tort, car ce fut une fête mémorable, terminée pour certains à 6 heures du matin ! L'année prochaine, nous prendrons nos dispositions en conséquence…
Il nous faut insister sur une particularité surprenante pour un habitué du microcosme sanclaudien : tous ces pipiers, en principe concurrents, allaient de stand en stand, discuter avec leurs collègues et s'échanger des trucs, astuces et tours de mains. Dans le même esprit, Bo Nordh, sommité de la pipe s'il en est, fit le tour de l'exposition dans son fauteuil, pour discuter avec chacun et commenter simplement les œuvres présentées. De l'avis général, il est rare qu'il se déplace ainsi.
Mais laissons donc la parole à Erwin, interviewé au retour, pour essayer de retirer la leçon de ce show.