Il est rare que l'on parle du culottage, ou alors de façon brève, par dédain pour ce qui peut sembler sans intérêt, un peu comme les gens bien élevés qui sont dans une mauvaise passe et n'en parlent pas. Il est vrai que ça n'est pas la meilleure entrée en matière, quand attend sous vos yeux la petite dernière, mais il faut en passer par là.
Tout d'abord qu'est-ce que le culottage ? C'est cette période pendant laquelle le fourneau de votre pipe va se couvrir d'une couche de carbone, ou culot. Les Anglais disent cake, quoiqu'on ne voie pas le rapport avec un gâteau.
Le carbone protège le bois et absorbe l'humidité.
Il est important de garder à l'esprit que cette couche de carbone provient non pas du bois brûlé, c'est au contraire ce qu'il faut éviter, mais de la combustion des brins de tabac.
Donc, il faut proscrire tout essai de culottage rapide en faisant brûler de l'alcool dans le fourneau ou toute autre technique similaire...
Un culottage s'obtient en fumant sa pipe, de façon lente et posée, plus encore qu'à l'ordinaire.
On préconise souvent la méthode du tiers par tiers, certains vont même jusqu' au quatre-quarts (comme quoi on revient au gâteau). Cette méthode est plus utile aux jeunes fumeurs, qui aiment commencer par de petites doses, et leur permet de fumer leur tabac jusqu' au bout. Il est important que le culottage se fasse de manière égale du haut en bas du fourneau. Pour les personnes plus expérimentées, elles peuvent dès le premier fumage bourrer leur pipe normalement.
Il est important de fumer sa pipe jusqu'au bout, puisque c'est dans le bas du fourneau que l'humidité est la plus importante - et que l'on a le plus besoin d'une couche de carbone absorbante.
Il n'est jamais très agréable de fumer une pipe non encore culottée. Le culot permet de profiter pleinement du goût du tabac et évite de brûler sa pipe.
On ne culotte pas sa pipe en la fumant plusieurs fois par jour : il est important de la laisser sécher.
Pour faciliter le culottage, on peut, une fois la pipe finie et les cendres refroidies, agiter les cendres en couvrant le fourneau de la paume de la main, la vider, et laisser sécher. Une fois la pipe sèche, une partie des cendres colle aux parois : on enlève avec une chenillette celles qui ne sont pas bien attachées, et on peut de nouveau bourrer sa pipe. On peut aussi ne pas employer de chenillette et bourrer sa pipe directement. Cette petite astuce aide en effet à former plus rapidement un culot égal : en faisant de la sorte, les cendres fines adhèrent aux parois encore humides. Ainsi se forme un culot sans aspérités.
Au bout du compte, le culot ne doit pas dépasser 1 à 2 mm.
On trouve également des pipes pré-culottées : cela se fait de deux façons différentes, à chaud, c'est-à-dire électriquement, ou à froid, quand le pipier enduit l'intérieur du fourneau d'un mélange particulier. Attention, cela ne veut pas dire que ces pipes ne doivent pas subir l'épreuve du culottage : les pipiers ont pris l'habitude d'employer cette technique, fatigués qu'ils étaient de voir revenir des clients énervés d'avoir brûlé leur pipe. Le pré-culottage est là simplement pour aider à un bon culottage, mais ne le remplace pas pour autant.
A ce sujet, je reproduis ici l'intervention d'Erwin Van Hove sur le groupe, à propos du choix de Tarek Manadilly de ne proposer que des pipes au fourneau non pré-culottés sur son ancien site : theitalianpipe.
Fondamentalement, il y a trois raisons pour lesquelles on peut enduire le foyer d'une substance protectrice.
En ce qui concerne le culottage au miel, les avis divergent : les membres de la Confrérie de Saint-Claude jurent, entre autres, qu'ils ne culotteront jamais une pipe au miel. Certains parlent de blasphème. Mais cette méthode est recommandé par Alfred Dunhill, dans son livre "gentle art of smoking" - qu'aucune maison d'édition française n'a eu encore la bonne idée de traduire. Et chez Mastro de Paja, pour certains modèles, on dépose, dans la partie basse du fourneau, sur une hauteur de 8 à 12mm, une fine couche de miel qu'on laisse sécher. Sous l'action de la chaleur, le miel caramélise et protège la base du fourneau. Pipe après pipe, cette couche disparaît et est remplacée par le carbone. La précarbonisation des fourneaux au miel a d'ailleurs fait l'objet d'un dépôt de brevet par un pipier danois du nom de Schwab en 1941.