Trever Talbert avait répondu, sur le groupe, le 18 Décembre 2003, à la question de Zakouski : qu'est-ce qu'une bonne pipe ?
Voici sa réponse
Il y a certains principes que je pense être essentiels dans une pipe, mais ils sont quelque peu différents entre les points que je recherche dans une pipe (faite par d'autres) que j'achète pour moi, et ceux que j'estime essentiels dans une pipe que je fabrique.
Pour que j'achète une pipe, elle doit :
- Avoir un conduit d'air continu (pour pouvoir passer une chenillette pendant que je la fume) ou un filtre 9 mm. Je n'achète pas de pipe équipée d'un filtre (système) métallique.
- Avoir un tuyau acrylique. Je préfère que les pipes de ma collection conservent le brillant de leur tuyau en permanence, et j'ai cessé d'acheter des pipes à tuyau en ébonite parce que je suis lassé de devoir les polir. Je fais ça toute la journée, et je n'ai pas envie de devoir le faire en plus sur mes propres pipes !
- N'avoir aucun masticage. Je hais les masticages.
- Pas de rayures superficielles laissées par un mauvais ponçage ou teinture.
- Avoir un design original, ou au moins être agréable à regarder, ou présenter un intérêt d'une manière ou d'une autre. Une billiard classique ne présente pas d'intérêt pour moi. Si je dois dépenser 300$ ou plus dans une pipe, je veux qu'elle soit unique et spéciale (ce qui soulève le point que j'achète rarement une pipe à moins de 175$ env. parce qu'en général des pipes moins chères présentent trop d'inconvénients - les pipes de série ont en général des points de mastic, et les bruyères d'artisan à bas prix sont souvent de piètre qualité. Je préfère y mettre le prix et avoir une pipe que j'aime vraiment, plutôt qu'acheter plusieurs pipes à 75$ que je vais peut-être jeter.
- Je préfère acheter à des artisans que je connais personnellement, ou avec lesquels j'entretiens des relations, et me reposer sur le fait que cet artisan est fiable et suffisamment digne de confiance pour garantir son ouvrage.
Maintenant, pour les pipes que je fabrique, j'ai quelques règles plus spécifiques, et certaines diffèrent de celles ci-dessus :
- La bruyère doit provenir d'une bonne source, et avoir au moins 5 ans d'age, ou plus, de préférence beaucoup plus.
- J'équipe souvent mes propres pipes de tuyaux en ébonite (toutes les pipes de la Ligne Bretagne ont des tuyaux en ébonite, par exemple) parce que de nombreux acheteurs préfèrent l'ébonite et dédaignent l'acrylique. Si je fabrique une pipe à 1000$ avec un tuyau en ébonite, je ne l'achèterais pas, mais ça ne me gène pas de la faire de cette façon si un collectionneur l'apprécie et la préfère avec un tuyau en ébonite.
- Beaucoup de points sont identiques : pas de masticage sur les pipes de haut de gamme ou même sur les Ligne Bretagne au delà du grade 1, et même dans ce cas, les points de mastic doivent être tout petits, et non pas de larges plâtras. Chaque pipe doit avoir un conduit d'air continu (sauf les pipes à filtre 9 mm) sinon elle part au feu. Pas de rayure non plus, et surtout pas de rayures soulignées par la teinture, pas même sur la moins chère des Ligne Bretagne.
- La taille des conduits d'air doit correspondre entre la tige et le tuyau. L'aspiration doit "être correcte" et ne pas siffler.
- Pas de jour à la jointure entre la tige et le tuyau.
- Le floc doit remplir la mortaise autant que possible, sans écart laissant un vide à l'extrémité du floc. Trop de condensation !
- Sur le haut de gamme, la bruyère est ébouillantée à plusieurs reprises, pour éliminer au mieux toutes les impuretés du bois et contribuer à rendre la saveur plus neutre.
Et enfin, la pipe doit me paraître intéressante, que le style en soit classique ou original. Il n'y a pas de plaisir à faire des pipes ennuyeuses ou à l'air stupide.
Voilà, c'était mes 2 cents (mon grain de sel - NdT), comme on dit aux US
Joyeuses fumées,
Trever Talbert