Les grains de folie d'un allumé !

par ChrisHarps

12/01/11

Lorsque je parle des pipes que je possède, j’emploie souvent le terme de "harem".

Cela se fait naturellement, sans réelle volonté de mimétisme ou d’assimilation et c’est de bon gré que je me sens l’âme d’un sultan, tel Soliman le magnifique.

Pourquoi ?

Je crois qu’il se pourrait bien que je me sois amouraché de ces petites exquises au caractère bien trempé.

Ne me jugez pas trop hâtivement, si je suis fou…. je ne suis sûrement qu’un fou, un fou d’amour !!

J’exagère un peu le trait (un peu), néanmoins comment pourrait bien s’appeler cette obsession qui me harcèle doucettement depuis des mois maintenant, car " Elles " ne quittent pas mes pensées de l’aube à l’aurore et parfois même, il arrive qu’elles hantent mes nuits. Si elles se glissent dans mes rêves, ce n’est pas pour les envahir, mais pour les rendre plus réels.

Effectivement, le fait d’être en si bonne compagnie, j’ai l’impression d’une certaine part de réalité.

Si les hygiénistes qui hantent les milieux bien pensant d’aujourd’hui me lisent, ils vont me conseiller d’aller voir un médecin (tabacologue ! quel nom mal approprié) pour me faire soigner, m’aider à l’arrêt du tabac, car je suis devenu accroc à la nicotine….fou…taise !

Je ne fume que quelques pipes par semaine et peux ne pas fumer plusieurs jours, le tabac ne me manque pas, mes pipes, oui ! Alors qu’est ce qui m’arrive docteur ?

Obsession est le mal qui me ronge et obsédé suis-je devenu ?

Ou bien est-ce la passion qui me dévore…..je crois bien et c’est assurément un moindre mal que celui d’être un passionné !

Si il n’y a pas d’amour sans passion, pourrait-il y avoir de la passion sans amour…..Suis-je vraiment fou alors ?

Je ne peux être juge et partie et si vous décidez de me juger, prenez le temps de lire encore ces quelques lignes.

Développons un peu plus le sujet et tentons une petite analyse comportementale.

Il y a peu, dans un fil sur le groupe concernant le poids idéal d’une pipe, un nouveau membre disait sous forme de boutades, "ça manque un peu de femmes parmi vous".

Je lui répondais en plaisantant :

"Je fume depuis un peu plus d'un an une dizaine de pipes par semaine et certaines de mes "favorites" ne tenaient pas plus que quelques secondes à me lèvres au début, alors qu'aujourd'hui elles y restent pendues de longs moments bien agréables (....tu vois, il n'y a pas de femmes, ou peu, en ces lieux, mais nous avons tous notre harem et nos favorites !!! Qu'elles sont attachantes nos maîtresses !)".

C’est ce jour là que m’est venue l’idée de réfléchir à cet article et de chercher s’il existe dans mon subconscient, dans le votre aussi peut-être, un parallèle possible entre nos chères bouffardes et "les femmes". Je ne sais plus quel personnage avait dit avant de partir à la guerre : "Je te confie ma femme et ma pipe, tu prendras bien soin de ma pipe".

Pour en revenir à l’image du début, celle du harem, je crois qu’effectivement le mot est bien à propos. Comme dans tout harem, il y a une " rotation " et il y a aussi des " favorites ". Lorsque vient le moment de me donner du plaisir, je choisi avec discernement celle qui saura le mieux me donner toute satisfaction. Ne me prenez pas pour le macho que je ne suis pas, je parle de mes pipes, bien entendu !

Tout comme des dames peuvent nous séduire, nous tombons régulièrement sous le charme de nouvelles pipes. Par quels stratagèmes, diable ! , ces petites coquines arrivent-elles à nous ensorceler ? Par de multiples artifices et arguments très convaincants. Nous ne sommes que des hommes, âmes sensibles fermées les yeux, sinon il reste la solution pratiquée par certain d’entre nous, "le grand verre d’eau", glacée si possible !…

Il faut dire que souvent elles sont " bien faites " et qu’elles s’exposent à nous sous une luminosité bien maîtrisée dans de superbes clichés, telles des photos de charme qui savent les mettre en valeurs. Que dire de ces tentatrices qui exposent leurs courbes et nous dévoilent leurs formes sans rougir ?

Il y en a pour tous les goûts. Des blondes, des brunes, des sveltes, des rondes…des danoises, des italiennes, des beautés du nord aux beautés du sud, mon cœur chavire…..

Des métisses de la Havane chez David Enrique,

David Enrique havane

des rousses plantureuses chez Pierre Morel,

Pierre Morel Fleur

des beautés blacks chez Davorin Denovic,

morta Davorin Denovic

des marquises à la peau blanche, les pures de chez Fikri Bakri,

meerschaum Fikri Baki

…mais aussi celles qui se la jouent " fatales ", tout en suggestion de leurs formes cachées chez Konstantin Shekita par exemple,

Shekita Pipe

ou en fourrure, façon panthère chez Tom Eltang

Tom Eltang Pipe

et puis n’oublions pas celles qui n’ont pas froid aux yeux, les sculptureuses de Bartolomiej Antoniewski, qui de rien vêtues, totalement nues, se dévoilent à nous toutes en jambes et seins fièrement dressés.

Pipe Antoniewski

Je ne me lasse pas de toutes les regarder et j’aimerai bien plus souvent succomber.

Une fois passés les premiers regards langoureux, vient le temps des caresses… mais pas tout de suite, non, pas trop vite ! Un beau jour, après une attente intenable, une nouvelle sonne à votre porte. Même si c’est un beau paquet (entendez par là que l’emballage est joli), il faut d’abord l’effeuiller pour la découvrir, déshabiller lentement mademoiselle jusqu’à faire jaillir la belle de son écrin.

Premier contact. Visuel à nouveau. On ne se lasse pas de la contempler, les yeux de l’homme dans les yeux de perdrix de la promise. Ensuite fébrilement, mais avec une certaine excitation, on la prend. D’une main virile pour ne pas qu’elle vous échappe, mais dans un gant de velours pour ne pas la brusquer, on la tourne, on la retourne, d’un côté, de l’autre, dessus, dessous encore et encore. On admire les formes, on effleure les courbes, on s’imprègne de la finesse de son grain, on s’enflamme de sa flamme…

De charmantes petites allumeuses, non ?

Et puis, le temps des préliminaires s’achevant, les choses sérieuses commencent. Vient le moment de la bourrer (oui j’ai osé !) et de voir si l’on est réellement fait l’un pour l’autre. Voilà un moment qu’elle vous séduit, qu’elle vous aguiche, qu’elle vous a conquis, maintenant qu’elle s’est offerte, à vous de l’allumer….Mais pour pouvoir trouver l’accord parfait, arriver à l’extase tabagique, il faudra parfois s’y prendre de plusieurs manières.

Les estates ont de l’expérience et pour peu qu’elles ont été bien traitées, vous emmènent sur des terrains de jeux qu’elles connaissent bien, imprégnées des tabacs qui ont fait leur éducation. Les vierges, si souvent leur goût est unique et merveilleux, avec elles, il faudra apprendre à se connaître, faire des concessions, des essais, tenter d’autres mélanges….et parfois, malheureusement, se retrouver en amant éconduit.

Tous les mariages ne sont pas idylliques, il arrive qu’il faille briser la noce. Il faut alors se rendre à l’évidence, " celle-là " n’était pas faite pour vous. Trop caractérielle, peut-être, incompatibilité d’humeur à fortiori. Fatigué de prendre des volées de bois vert (de bruyère), vous vous résignez à la séparation…en souhaitant bien du courage à son futur compagnon.

Que d’émotions.

Encore une fois, je force un peu le trait et part dans un délire, me laissant emporter dans d’érotiques divagations, mais ai-je complètement tort ?

Je pense qu’il y a vraiment une relation spéciale entre le fumeur et ses pipes, quelques choses de sensuelles, voire de charnelles. Pourquoi un ancien fumeur de pipe arrive-t-il à arrêter le tabac, mais beaucoup plus difficilement à se séparer de ses pipes ?

On en prend soin, on les astique, pour qu’elles brillent, qu’elles sentent bon….A ce sujet, il y a une chose dont je ne me lasse, c’est le parfum de mes pipes. Il m’arrive fréquemment de les passer en revue et à cette occasion de les tripoter et de respirer tour à tour leur intimité en trouvant bien agréables les effluves déposées par les différents tabacs. Encore un toc !!

Je ne sais pas pour vous, mais moi, souvent une tourmente me ronge, c’est qu’un jour elles disparaissent et que dans la nature elles s’égarent.

J’ai vraiment beaucoup de difficultés à transporter avec moi, hors de leur nid douillé, mes petites préférées. Peur de les blesser, de les abîmer, de les perdre et de ne jamais leur retrouver de dignes remplaçantes…l’angoisse ! Alors je laisse souvent derrière la porte mes plus fidèles compagnes.

Pire ! Je les enferme sous clés ; pas celles de la maison, mais celles de la vitrine qui leur est consacrée. Cette vitrine, où telles les filles de joie d’Amsterdam, elles s’exhiberont aux amis fumeurs de passage, tentant avec leurs plus beaux atouts, de faire succomber les plus sensibles visiteurs…..

Une vitrine orientale à Paris, un joli harem à la française !

Rakel Van Kotte

Combien viendront me séduire dans les années futures, je n’en sais rien. Mais ce dont je suis certain, c’est qu’il y aura de belles rencontres et sûrement de belles surprises. Le seul souci, c’est qu’elles finissent par me coûter cher…les femmes aussi habituellement !!

Mes amis, vous l’aurez compris, si dans la vie je suis l’homme d’une seule femme, je ne serai jamais l’homme d’une seule pipe…