Souvenirs & la Sorcière

par Michel

29/12/08

Souvenirs

Chacun de nous a connu sa "Première fois". Je veux dire par là sa première Pipe, les premières bouffées, les premières sensations ressenties et parfois les premiers déboires… Pour certains d’entres nous ce passé est encore récent et le souvenir en est encore très présent. Moi, c’était il y a bien longtemps, quelques, décennies, mais, et c’est curieux, tout est resté intact dans ma mémoire comme si cet instant était resté à l’écart du temps qui passe. Après tout pourquoi ne pas l’évoquer en quelques lignes , bien sur ce n’est qu’une banale anecdote, qui peut faire sourire voir susciter l’indifférence, mais qu’importe…

En ce temps là j’étais un tout jeune homme, dix huit ans, par le passé, gamin et comme tous les garnements de cette époque j’avais fumé en cachette et avec les copains de mon âge les "Gauloise" piquées en douce dans le paquet du grand-père, puis plus tard, jeune ouvrier typographe, il m’arrivait d’en griller une de temps en temps. Un samedi ou je ne travaillais pas, je rendis visite à mon oncle qui demeurait à deux pas, il me faut vous faire le portait de ce personnage, fumeur de pipe on ne pouvait le rencontrer sans une de ses bouffardes vissée entre les dents et toujours une ou deux autres dans ses poches, à la maison, des tiroirs remplis de pipes, une profusion de Ropp, Chap, BC,Chacom et j’en passe…Ce n’était pas qu’il soit très fortuné mais professeur à EDF il animait des cours de mise à niveau des personnels techniques. A chaque fin de stage ses élèves se cotisaient afin de lui offrir, devinez quoi, une pipe ! Au rythme de quatre cessions par an et au bout d’une longue carrière…Je vous laisse imaginer !

Toujours le même accueil chaleureux, je lui donne les dernières nouvelles, mon diplôme d’imprimeur tout frais dans la poche, lui il tire sur sa pipe, me complimente, enfin une banale conversation comme on peut tenir en famille. Au bout d’un moment je sors mon paquet de cigarettes, en tire une et m’apprête à l’allumer. Il me regarde, l’air réprobateur et me lance :

- Tu ne vas pas fumer cette saloperie là, mon garçon !

- Pourquoi, mon oncle, c’est du tabac …

- Du tabac, du tabac… Le papier, tu y penses au papier, on ne sent que ça… En plus de gâcher le gout il n’y a rien de plus mauvais, quitte à fumer, utilise plutôt une pipe, tiens d’ailleurs…Prends celle ci, elle est neuve mais trop petite pour moi. Mais pour un jeunot elle devrait faire l’affaire.

Joignant le geste à la parole il préleva sur son harem une petite pipe droite à la couleur claire, toute simple, sans ornements, très fine, une très jolie petite billiard. Tout en me la bourrant de Saint-Claude il entama un cours sur l’art de la pipe, la fumer, en prendre soin etc. ... C’est ainsi que mes premières bouffées pipières je les ai tirées grâce et en compagnie de mon cher Oncle. C’est ainsi que muni de ce viatique débutait pour moi une belle et maintenant longue aventure pipière. Les années sont passées, le cher homme n’est plus mais je garde en moi le souvenir de ces instants précieux. Je dois ajouter et pour conclure, mais rien que pour vous, car à ce jours certains en diraient pis que pendre, le compagnon de notre fille, après un bon déjeuner dominical et me voyant tirer de belles volutes exprime son désir d’essayer, rien que pour savoir…Ni une ni deux, il est reparti avec une petite Dublin et une demi boite d’Artisan’s Blend. A ce qu’il paraît c’est maintenant son régal des soirée tranquilles de fin de semaine.

Pour tout vous dire, et bien moi je crois que mon cher vieil oncle ne m’a pas donné que cette petite pipe mais encore autre chose…Vas savoir.


la Sorcière

Sorcière.

Un café..., fort.., puissant, un Moka Harrar d’Ethiopie… Café "Magique".

Elle, le teint sombre, la taille fine, ceinte pour seul ornement, d’une large Bague d’argent. D’ou vient elle ? ou est elle née ? et en quel pays, va savoir.C’est une "Sorcière".

Lui, le tabac que depuis ses quais Latakié nous fait parvenir…

Tout est la, et si le bonheur existe, c’est maintenant.

Déjà le parfum qui monte d’entres les doigts, le foyer de la "Sorcière" Pincée par pincée, comme une offrande ... l’allumette qui craque, et elle, Elle.., la "Magicienne" monte à mes lèvres comme pour un baiser brulant.

La magie opère, de la braise rougeoyante, une volute bleue s’élève et se déploie comme une prière à quelque dieu païen.
Parfums de cuir, d’encens d’un lointain Orient qui scellent nos noces de feu.

La Magicienne me souffle des mots, ses sortilèges, je vous le dis, c’est une "Sorcière" elle répand ses charmes en toute mon âme et dans le jour qui s’enfuit pose une couronne de fer sur mon front.

Vous ne saurez jamais le nom de ma "Sorcière" c’est un secret juré, scellé

Seul le café Magique peut l’entendre…