Visite de l'atelier de Gérard Prungnaud

par Mathieu Hirondelle

03/12/07
Gérard Prungnaud

J'ai découvert il y a quelques années les pipes figuratives en terre de Gérard Prungnaud Mais ce sont les modèles classiques qui m'ont attirés et j'ai donc commandé un modèle à la forme proche d'une bruyère classique.

Gérard Prungnaud exerce à Saint Quentin la Poterie petit village de potiers près d'Uzès: dans une très belle région: l'Uzège dans le Gard, argument largement valable pour convaincre Madame d'une petite escapade...

1 L'homme et la tradition

Gérard Prungnaud est installé depuis 1984 à Saint Quentin la Poterie, ce n'est pas un hasard car le village a toujours eu une activité potière et pipière.

Jusqu'il y a 150 ans la pipe en terre a constitué un revenu d'appoint aux paysans. Ils extrayaient l'argile du sol gardois et moulaient des pipes pendant l'hiver.

Durant les longues soirées la famille assurait le polissage et l'ébarbage des pièces. Il y avait aussi environ soixante dix ateliers de fabrication de pipes en terre au sein du village.

Actuellement les pipes de Gérard Prungnaud sont disponibles chez Nicolas à Lyon et chez quelques buralistes d'Uzès. Auparavant quelques adresses parisiennes les distribuaient mais les changements successifs de propriétaires ont mis fin au partenariat.

2 Les matériaux

Il y a encore un siècle, l'extraction de l'argile était assurée au niveau local. Aujourd'hui la matière première est achetée, conditionnée à Limoges et provient de différents pays de la communauté européenne.

Les tuyaux arrivent déjà moulés à l'atelier et sont courbés en fonction du modèle à réaliser. Le tournage des flocs est assuré lui aussi à l'atelier en fonction de la tête de pipe.

3 La fabrication

En ce qui concerne les pipes moulées, l'argile est placée dans un moule en plâtre.

Le façonnage du fourneau et de la tige est réalisé à l'aide d'outils en bois de différents diamètres.

Dans la partie qui va recevoir le floc du tuyau la tige est percée à dix millimètres, la partie qui débouche dans le fourneau quant à elle est percée à trois millimètres.

L'outil est introduit dans les orifices (1 et 2) du moule ce qui permet de plaquer l'argile contre les parois afin de travailler l'extérieur du fourneau.

Une fois la tête de pipe réalisée, elle est finie à la main : ébarbage et finition des motifs de décoration. Elle est mise à sécher quelques jours avant cuisson : à ce stade là, elle est si friable qu'il serait possible d'écrire comme avec une craie.

Gérard Prungnaud

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Gérard Prungnaud

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Gérard Prungnaud
Gérard Prungnaud

Moule à l'étau

Gérard Prungnaud

Outils pour le façonnage du fourneau et de la tige

4 La cuisson

Une fois bien sèche la pipe est placée dans un four électrique dont les parois sont des briques réfractaires. Elle est soumise à une cuisson de six à huit heures.
Une température de mille degrés est nécessaire afin de cuire intégralement la pipe. Cette température doit être atteinte par palier : progressivement la température est augmentée afin de chasser les résidus d'humidité présents encore à l'intérieur de l'argile. Une montée en température trop brutale mènerait à un problème classique en cuisine : un rôti brûlé à l'extérieur et cru à l'intérieur.

Gérard Prungnaud

le four

5 Le raku / enfumage

Certaines pipes sont colorées en partie ou en totalité suivant la technique japonaise du raku. A la fin de la cuisson les pièces chaudes sont sorties du four et sont placées dans de grandes boites métalliques qui sont remplies de sciure additionnée de tabac. Ici le rôle du tabac est secondaire il agit simplement pour éviter que la pipe ne prenne une odeur de bois brûlé trop prononcée. La même sciure est réutilisée depuis des années et renouvelable seulement en partie car une sciure “neuve” et grossière marquerait les pipes : il y aurait des trous dans la coloration, les brins de sciure se consumant de façon irrégulière.
La pipe sortant du four chauffée à mille degrés est placée dans la sciure à l'aide de pinces chirurgien.
Les parties qui doivent être colorées sont immergées dans la sciure, celles devant rester blanches ne le sont pas.
Au contact de la pipe brûlante la sciure se consume et du carbone va se déposer sur les parties immergées, l'opération durant jusqu'au refroidissement complet de la pipe.

Gérard Prungnaud

les pinces de chirurgien pour saisir les pipes brûlantes

Gérard Prungnaud

la boîte remplie de sciure dans laquelle on distingue les brins de tabac

6 L'assemblage

Une fois la tête de pipe finie, il ne reste plus qu'à insérer la bague en liège afin de recevoir le floc du tuyau. Le tuyau est courbé.

7 L'inspiration

Au catalogue une seule copie : la fameuse Jacob de Gambier. Tous les modèles sont des créations originales inspirées par les formes traditionnelles de la pipe en terre. Gérard Prungnaud a revisité les formes traditionnelles qu'il a actualisées.
De la forme classique à la tête en passant par la griffe ou la main féminine, ces pipes sont agréables à l'œil et la tenue en main est irréprochable. La finesse du travail est remarquable. Il est possible aussi de commander un modèle original avec une décoration spéciale. Il est important de souligner qu'en cours de fumage la pipe ne chauffe pas donc il est possible de la tenir en main.

Quelques photos de l'atelier

Gérard Prungnaud
Gérard Prungnaud

Détails de la partie exposition

Gérard Prungnaud
Gérard Prungnaud

vue de l'atelier

Gérard Prungnaud

Etagère des moules