Hans Wiedemann ne commercialise pas uniquement ses propres créations : sous la bannière Aus dem Krater, il propose également 5 tabacs qu’il a personnellement sélectionnés dans l’étoffé livre de recettes de Kohlhase & Kopp. C’est pour cette raison que ces boîtes-là portent la mention Selected by HU-Tobacco. En provenance du cratère peut paraître un nom bizarre pour une gamme de tabacs, sauf si vous savez que HU-Tobacco est établi dans une partie de Bavière dont le paysage a été à tout jamais dessiné par l’impact d’une météorite.
Voilà de beaux flakes larges, très réguliers, soigneusement entassés qui vont du blond au brun foncé en passant par le fauve et le roux. L’hygrométrie est parfaite et les tranches se transforment aisément en brins fumables. Le nez de ce mélange burley/virginia avec un soupçon de cavendish est plutôt discret mais plaisant : on reconnaît le côté terreux et noisettes du burley et comme une légère odeur de rôti de porc. Juste après l’ouverture, je décèle également un arôme qui me rappelle l’Edgeworth Sliced, mais qui au contact de l’air se dissipe. Pourtant, à l’allumage mes papilles découvrent en effet un burley qu’elles associent au légendaire flake. D’emblée, c’est donc un mélange qui me plaît vraiment. Evidemment, le Nr. 1 n’a pas le génie de l’Edgeworth Sliced, mais il a manifestement un air de famille. Joliment épicé, terreux, un tantinet grillé, très légèrement chocolaté, il combine des saveurs qui forment un tout cohérent. La structure elle aussi présente une belle harmonie : l’amertume et l’acidité marquées sont systématiquement contrebalancées par une douceur sous-jacente fort efficace, alors que la vitamine N est toujours présente mais jamais pesante. Ce n’est certainement pas un mélange qui en jette, mais plutôt un tabac sérieux et sans fioritures qu’on peut fumer du matin au soir.
Je tire mon chapeau au palais sûr de Hans Wiedemann qui nous a donné l’opportunité de découvrir ce trésor caché de K&K. Chaudement recommandé aux amateurs de burley classique et naturel.
Commençons par une info pratique : vous trouverez sur le marché à la fois du Curly Cut Sliced et du Curly Cut Regular Sliced, mais ils sont identiques. L’ajout de l’adjectif regular (normal) sert simplement à démarquer ce mélange de son frère Curly Cut Deluxe Sliced. Voilà, c’est clair. Ce qui l’est nettement moins, c’est l’emploi redondant de sliced. Cette épithète signifie coupé en tranches ou en rondelles. Or, le curly cut est par définition une coupe obtenue en tranchant un rope en rondelles. Ce manifeste pléonasme dont se servent bon nombre de commerces et qu’on retrouve sur Tobaccoreviews, est d’autant plus incompréhensible que le site web de Gawith & Hoggarth est on ne peut plus clair : le nom officiel du mélange, c’est tout simplement Curly Cut, point barre. Bref, le Curly Cut, le Curly Cut Sliced et le Curly Cut Regular Sliced, c’est du pareil au même.
Le Curly Cut est un VA pur, mais contrairement aux ropes non tranchés qui sont faits exclusivement avec des virginias foncés, le dark a été enroulé dans des feuilles de virginia blond pour obtenir un ensemble moins corsé. Peu compact, le Curly Cut se désagrège facilement, ce qui fait qu’il est constitué d’un mélange de tout petits ronds et de ribbons qui vont du brun clair au brun foncé. Le nez est fort fermé : ça sent le tabac acide, à la façon du Three Nuns mais en plus discret.
Ça se confirme en bouche : le goût rappelle vaguement celui des Nonnettes, mais l’impact de la fumée sur le palais est nettement moins caustique parce que l’acidité pourtant assez marquée est tempérée par des sucres bienfaisants mais jamais douceâtres. Ce n’est pas un virginia flatteur qui évoque des associations fruitées, florales ou pâtissières. Il se borne à goûter le tabac et notamment les virginias longuement fermentés, étuvés et dark fired. Pas de parfums Lakeland non plus. C’est du pure nature. Viril avec ça, bien qu’on soit loin de la puissance des vrais ropes. Les saveurs sont donc franches, mais simples d’autant plus qu’elles n’évoluent guère.
Ce Gawith & Hoggarth prosaïquement vendu en vrac ne vise pas à devenir votre tabac de prédilection. Il propose à un prix compétitif un curly basique et remarquablement naturel à tout amateur de virginia masculin et sans chichi qui aime fumer du tabac, du vrai.
La version Deluxe du Curly Cut contient exactement les mêmes tabacs que le Regular. La seule différence, c’est le diamètre du rope : le Regular se présente sous forme de rondelles dans le style Three Nuns, alors que le Deluxe est tranché en médaillons qui rappellent l’Escudo. Ceci dit, il faut noter que dans le sachet je trouve nettement plus de ribbons que de médaillons intacts.
Nez fort discret, pour ne pas dire assez terne. De la levure. Du foin. Pas d’acidité volatile comme chez son frère. Et à l’allumage, c’est exactement pareil : moins d’acidité, mais moins de sucre aussi. Et par conséquent, le Deluxe ne rappelle ni le Three Nuns ni l’Escudo. C’est sans aucun doute du tabac de qualité, mais il lui manque un je-ne-sais-quoi pour me convaincre. Une pincée de perique peut-être. Quelque part enfoui dans le fond, je décèle une toute petite touche de saveur Lakeland à peine perceptible, mais fondamentalement c’est un VA neutre et morne dont le goût me laisse indifférent. Certes il y a des épices, du boisé, un côté tabac brun, mais le tout n’est ni frais et espiègle, ni sombre et chaleureux, ni plantureux et réconfortant. Le Deluxe ne suscite en moi aucune émotion.
Vu le diamètre plus grand du rope, le pourcentage de tabacs foncés par rapport à la cape de VA blond est plus élevé. En cours de route, c’est donc surtout le VA dark fired qu’on distingue et il faut dire qu’il développe à la fois un goût de cendre qui me déplaît et des acides qui ne sont pas suffisamment contrebalancés par des sucres. Il commence à me peser.
Conclusion : peu complexe et monotone, pas vraiment agréable non plus, le Curly Cut Deluxe me déçoit. Je préfère donc de loin la version Regular.