Test d'une Baff

par Mathieu Hirondelle

26/02/07

Vers décembre 2006 le travail de deux pipiers m’avait intéressé : la Christmas pipe de Mark Tinsky en version sablée, pour son sablage mais aussi pour sa teinte miel.

Le travail de Peter Hescheen m’avait subjugué notamment par son utilisation de tiges bambou sombres.

une pipe de Mark Tinsky
une pipe de Peter Heeschen

Alors, l’idée de me faire fabriquer une pipe à mon idée a germé lentement.

une pipe de David Wagner

Le travail réalisé par David Wagner sur cette pipe m’avait plu : teinte et sablage il ne restait plus qu’à lui rajouter une tige bambou.

Premiers contacts

J’ai pris contact avec David Wagner vers la fin décembre. Je lui ai demandé une pipe s’approchant du modèle Tanboo avec une tige bambou cuite au début " baked bamboo ", ensuite il m’a proposé une tige sombre provenant d’un stock de Peter Hescheen.

Concernant la finition de la tête j’avais souhaité un sablage en “horizontal waves” il a été assez bon pour comprendre “ring grain”.

Pour les bagues et pour le tuyau j’avais choisi un “cumberland vulcanite” mélange de noir et de rouge bordeaux.

Après cet échange de mail j’ai reçu une semaine plus tard une première esquisse de la pipe :

Vous aurez remarqué en haut à droite le “détail”, en effet je n’avais rien pigé aux dimensions au sujet de la lentille heureusement qu’il me l’a fait remarquer sinon seul Gargantua aurait pu tenir en bouche une lentille de 9.8 centimètres !

Tout ceci donc en anglais, je le fais remarquer car David Wagner a aussi le don de lire entre les lignes et ceci mérite d’être signalé.

la Fabrication

Vers la fin janvier nouveau message du pipier m’annonçant qu’il commence ma pipe puis me soumet le choix de la forme à partir d’un croquis et d’une photo : J’ai le choix entre une tête "danish style" ou "more baff style" la seconde se rapproche d’une Pick axe.

une pipe de David Wagner

Je choisis la seconde forme et je lui demande un sablage "deeper as possible".

Attente

Premières Impressions

une pipe de David Wagner

Il y a des pipes qui s’éteignent car elles sont mal conçues, une pipe peut s’éteindre car on ne sait pas fumer…et puis celles qui s’éteignent parce qu’on les admire autant qu’on les fume. Cette pipe fait partie de la dernière catégorie : on ne peut lever les yeux de ce splendide travail…Tout n’est que détail flatteur. Cette pipe est une ode à la matière : les douces aspérités du sablage, la tige avec les radicelles qui dépassent et attirent immanquablement l’œil.

Le sablage est profond, régulier et parfaitement défini. L’ajustement entre les bagues, le fourneau, la tige et le tuyau est parfaitement réalisé, on ne sent même pas la jonction au toucher… c’est dune douceur. La teinte sombre du bambou contraste avec la finition naturelle.

La présence des radicelles du bambou sur la tige est bien dans la démarche artistique "prehistoric tools" de David Wagner.

De près on a l’impression que la pipe est "nappée" comme si plusieurs couches d’une sauce s’étaient déposées en strates.

une pipe de David Wagner

Le sablage donne l’impression que des vagues courent sur le pourtour du fourneau sans aucune rupture.

une pipe de David Wagner

Aspects Techniques

Le tuyau est largement ouvert en V, le perçage de la tige en 4mm : l’aspiration se fait sans problème ni aucun sifflement. Le floc s’adapte parfaitement dans la mortaise sans décalage et le perçage aboutit au centre. La chenillette passe à l’aise dans l’ensemble. Le tuyau Cumberland s’adapte à ma dentition de ce côté pas de surprise : c’est moi qui l’ai choisi.

Cette pipe massive bien qu’assez lourde (quasiment 50 gr.) se cale bien au coin de la bouche mais pas trop longtemps car la mâchoire fatigue un peu.

C’est une pipe de dimanche après midi qui demande au moins deux heures devant soi.

L'épreuve du Feu

Cette pipe est actuellement en culottage avec des tabacs au latakia. Je ne peux dire encore le goût précis de cette pipe, pour le moment le goût du tabac est bien défini, profond : le tirage se fait sans effort perçage et ouverture du tuyau font que le tabac se fume sans problème bien qu’au bout de quatre ou cinq pipes le fond du bol ne soit pas trop noirci.

Dans un souci de vérité voici la dernière touche à cette analyse technique. Au début du culottage je n’arrivais pas à consumer les derniers brins de tabacs. Je me suis demandé si cela ne venait pas d’un perçage débouchant un peu haut dans le fourneau donc à chaque nouvelle pipée j’étais assez attentif à la fin du bol…quand il y a quelques jours en sortant dans mon jardin pour profiter d’une fin de pipe qui s’annonçait imminente j’ai secoué négligemment la pipe pour en faire tomber la cendre et là surprise à la reprise en bouche plus de tabac dans la pipe !

Alors je fais ni une ni deux j’ai passé 30 minutes ( à quatre pattes sous le regard incrédule de ma douce) à chercher les restes de la combustion :

Devais-je chercher un culot épais ou bien quelques cendres consumées…angoisse du testeur qui se veut objectif.

Finalement j’ai retrouvé quelques cendres qui attestaient de l’entière combustion du tabac.

Conclusions

Après quelques jours de fumage régulier la saveur du tabac fumé dans cette pipe prend une dimension exceptionnelle : les tabacs y révèlent toutes leurs nuances. Profondeur et définition sont au rendez-vous ce qui implique de ne pas bourrer la belle avec n’importe quoi, sous peine d’être déçu par la platitude de ce n’importe quoi…

Je recommande vivement le travail de David Wagner et souligne sa disponibilité. Avant et pendant la fabrication de cette pipe, pour écrire ce papier je l’ai souvent sollicité et ai obtenu toujours réponses à mes questions et remarques.

Ma dernière remarque a porté sur le fait de ne pas trouver la pipe dans une pochette comme il est l’usage et comme on est en droit d’espérer à ce niveau de qualité : la réponse ne s’est pas faite attendre cela venait du fait qu’il n’en avait pas à la dimension de la pipe, je devrais la recevoir sous peu.

Et le tarif ? Et bien cette pipe m’a coûté quelques dizaines d'euros supplémentaires en comparaison avec les pipes sablées présentées sur le site de Rad Davis.

Pour la petite histoire voici l’explication du nom que portent ses pipes : Quand il était petit, un de ses camarades n’arrivait pas à prononcer son nom, il disait "Bavid". Au cours des années ce nom s’est transformé en "Baffid", et est arrivé à "Baff" cette version de son prénom est devenue son surnom et la marque de sa production.

Voici quelques exemples de son style si particulier :

une pipe de David Wagner

canadian tulip

une pipe de David Wagner

Komet

une pipe de David Wagner

Megalith

une pipe de David Wagner

pickaxe