Alessandro Grandolfo - Mastro Grandolfo

C'est très tôt, à l'âge de six ans, qu'Alessandro découvre la pipe, par le biais de son grand-père maternel, Cosimo. Il profite des vacances pour retrouver ses grands-parents, et à cet âge, un atelier de pipier vous a un petit côté magique, et le grand-père un lien avec Merlin l'enchanteur. Cosimo Grandolfo avait commencé dans les années cinquante, et plutôt que de se contenter de vendre des cigarettes à l'unité, il proposait des pipes, et des briquets fabriqués à partir des douilles, facile à trouver après-guerre.

Voilà donc que très vite, Alessandro s'essaie à la chose, avec les conseils de son grand-père. Il apprend très vite à travailler la bruyère et l'olivier. Mais, alors qu'Alessandro atteint ses quinze ans, Cosimo meurt, et avec lui son atelier. C'est une aventure qui se termine, et Alessandro va se passionner dès lors pour l'informatique - les Commodore sont alors à la pointe ... Il en fera son métier.

Ca n'est qu'à dix-huit ans qu'il commence à fumer la pipe, appréciant particulièrement les virginies, le perique et le burley, et les black cavendish. Et à chaque fois qu'il fume, lui revient en mémoire l'atelier de son grand-père ... En 2007, il décide de sauter le pas. Si les débuts sont difficiles, la région des Pouilles est loin de tout, et trouver les outils nécessaires n'est pas chose aisée. Même ses parents lui déconseillent de s'atteler à une tâche aussi futile. Mais, soutenu par deux amis, son atelier, et son site voient le jour.

S'il a tout appris de son grand-père, et beaucoup regardé les pipes de Luigi Viprati, Baldo Baldi et Mastro de Paja, Alessandro évite dorénavant toute influence extérieure. Travaillant toujours à écrire des logiciels, il travaille à son atelier tous les jours, de neuf heures à quinze heures, et propose environ 250 pipes par an, en bruyère italienne, qu'il laisse sécher entre trente et trente-six mois. Depuis 2012, il aime y ajouter bagues ou allonges en olivier, en citronnier ou en wenge. Tous ses tuyaux noirs, en acrylique et parfois en ébonite, sont ornés d'une fleur de lys dorée.

La majorité des pipes d'Alessandro sont lisses, finition qu'il préfère parce qu'elle permet de mettre en valeur le grain de la bruyère. Il commence toujours par dessiner la pipe sur la bruyère, découpe ensuite la forme, et passe aux perçages, en commençant toujours par le fourneau. Il passe ensuite au travail du tuyau, en y ajoutant dès cette étapes une ou des bagues. Il monte ensuite le tuyau sur la tige, et peut passer aux finitions. S'il se sert au départ d'une meule abrasive, il travaille ensuite au papier de verre, plus précis. Puis, polissage du tuyau avec des pâtes abrasives, et finition de l'ensemble à la carnauba.

Chaque pipe est signée, et marquée d'une à cinq fleurs de lys, suivant la beauté de la bruyère et le temps passé à la réalisation. Les pipes qui ne lui conviennent pas ne sont pas vendues, et restent dans sa collection personnelle.