Breizh Tobacco B5

B5 Breizh Tobacco

Après une journée normale, faite de travail normal, d'un repas normal, j'ai pris le temps de me faire une bouffarde normale. Je parle de ces conditions parce que toute dégustation se fait dans un contexte. Il pleut, il fait beau, on est contrarié, on est heureux, on a fait la fête et bu bien trop. On est ivre, on est sobre. Tous ces éléments disent beaucoup du moment. Et le moment fait beaucoup dans l'issue de la dégustation.

Alors aujourd'hui, j'ai déjeuné convenablement. Ni trop, ni trop peu. Pas trop d'épice, pas de moutarde. Un peu de poivre. Mais rien qui ne pourrait altérer mon palais. J'ai pris un café standard, accompagné d'un carré de chocolat usuel. Je n'ai pas grignoté dans l'aprèsm'. Bref, mon palais était dans un état standard. J'ai pris ma modeste Chacom. Standard pour moi.

Le bourrage de ce B5 se fait bien. Les brins sont parfaitement humides. Ni trop, ni trop peu. La coupe est facile. La vie est belle... A l'allumage, j'essaye de me concentrer sur ce que je ressens... Bon... Je recommence... Bon... Et, là... Vous qui lisez depuis un petit moment et qui trouvez que je tourne autour du pot, vous vous dites, "bon mais quoi alors?"... Bah... Rien. Enfin, RIEN plus exactement.

Je n'ai pas bu une demie bouteille d'ouzo, pas mangé un curry de chez Kitabass', j'ai le palais en état. Je fume. Mais je ne perçois rien. A vrai dire, les yeux fermés sans voir la fumée ressortir de mes naseaux, je penserais que je ne pétune pas... Aucun arôme. Pas de plaisir pas de déplaisir.

Continuant à persévérer (c'est dire si je m'entête), je force un peu le mélange en tirant un peu plus fort. Toujours rien.

Quinze minutes plus tard, la fumée commence à picoter, puis piquer les narines... C'est pas très agréable, mais il se passe quelque chose. Ce tabac fait quelque chose... Encore cinq minutes et c'est la gorge qui me gratte. Mais pour ce qui est d'un goût, d'un arôme. C'est toujours le calme plat... Est-ce que l'on fume la pipe pour fumer ça ? Est-ce qu'on peut trouver quelque chose dans ce Mélange en dehors d'une dose de nicotine ? Je ne sais pas, je ne veux pas... et je reste planté là... (sooafran)

A l'ouverture du sachet, on découvre un beau tabac, aux brins jaunes, marrons clairs et marrons foncés. La coupe est plutôt large, et il y a quelques morceaux de tige rigides que j'ai préféré ôter.

Le nez est très plaisant, on sens bien le tabac naturel, plutôt boisé avec une petite amertume en arrière plan. J'ai trouvé le tabac un peu trop humide, alors je l'ai laissé s'aérer 10 min en séparant bien les brins. Le temps de choisir ma pipe, ce sera une BigBen série 5.

Le bourrage est facile malgré la coupe large, aidé par le fourneau généreux de cette pipe. Les brins sont restés souples. Je choisi de fumer en intérieur pour ne pas perturber le ressentit vu qu'il y a du vent par chez moi.

Allumage à l'allumette, en deux fois avec le petit coup de tasse-braise entre deux, et c'est partit. Premières bouffées, peu de saveurs viennent en bouche. Je continue mon pétunage au calme en bouquinant. Les saveurs commencent à arriver. Un goût, un peu boisé, beaucoup terreux et légèrement râpeux. On est bien en présence d'un brun. Cela me rappelle un peu le goût d'une Gitane sans filtre que j'avais fumé il y a quelques années. Un goût de tabac assez flat tout de même. Ce ressentit est là tout au long du fumage, c'est un tabac que je trouve assez linéaire. Pour un brun, il est plutôt doux, bien que le goût reste en bouche longtemps après le fumage. Sur quelques bouffées, j'ai sentit un petit goût de noisette grillée assez surprenant.

Au niveau du comportement, je l'ai trouvé très facile à maîtriser. Je n'ai pas eu besoin d'abuser du tasse-braise pour le garder allumé, et n'ai eu qu'à rallumer une foi en fin de bol. La fin de bol d'ailleurs, est devenue vraiment amère et forte, c'était assez désagréable. Sinon il n'a pas chauffé, ma pipe est restée légèrement tiède tout au long du fumage. Le temps de fumage m'a parut plutôt court par rapport à mes habitudes, mais c'est peut être une impression.

En conclusion, même si je n'ai pas particulièrement accroché avec ce tabac, l'expérience n'a pas non plus été un calvaire. Le goût ne m'a pas tellement plut, puisque je préfère les tabacs blonds de Virginie, mais honnêtement je m'attendais à quelque chose de plus corsé. En tous cas on est clairement en présence d'un mélange plus proche du gris ou du Saint Claude que d'un blend américain comme Breizh Tobacco veut nous le faire croire. Ceci dit je l'ai trouvé plus doux et accessible que les 2 autres mélanges français pré-cités. (Speedroad)

16 mars, 7 heures du matin.

Les premières bouffées du B5 n'ont rien d'exceptionnel. Je suis à l'extérieur, il fait 7°, sans vent et je me dirige d'un pas tranquille vers la Porte de Saint-Cloud. Chaque matin, j'allonge un peu mon temps de marche pour aller au travail et aujourd'hui, la cible est 1h10. Largement le temps de fumer ! Je tire un peu plus fort, attendant à voir surgir un goût particulier mais le tabac refuse obstinément de m'en donner. La pipe est une BBB nettoyée récemment à l'alcool, déculottée et donc, non influencée par un autre tabac. Je me dis que c'est peut-être moi car je suis habitué en ce moment aux tabacs de type anglais et suis en train de finir une boite de London Mixture mais tout de même, à 7 heures, le teint frais et la bouche propre, cela devrait quand même déminer le terrain.

Le bourrage était facile et le tabac dégageait une bonne odeur fraîche à l'ouverture du petit sachet. Allumage facile. Après les dix premières bouffées, un goût légèrement piquant se développe en arrière bouche sans qu'il y ait une saveur particulière qui se dégage. C'est juste une sensation. Rien à voir avec la saveur discrète et parfumée du Semois. Rien a voir non plus avec la saveur puissante et âcre du Caporal. Rien à voir par ailleurs avec l'odeur puissante des tabacs bruns de la Dordogne lorsque j'avais eu l'occasion de dormir une nuit dans un hangar de séchage traditionnel (le refaire maintenant serait plaisant d'ailleurs !). Le B5 se rapproche peut-être du Saint-Claude mais je n'ai plus trop son souvenir en mémoire.

En milieu de bol, cela n'évolue pas. Peu de puissance et j'allais dire goût monolithique mais pour cela encore faut-il qu'il y ait un monolithe. Bon sang, le producteur a-t-il simplement mis dans un paquet de tabac à pipe du simple tabac à cigarettes avec une coupe différente ? Cela m'évoque le goût de foin impossible des blondes américaines alors que je m'attendais à un goût plus proche de celui de la Gitane.

J'avance d'un bon pas, 6km/h. le tabac se consume à une bonne vitesse, pas trop rapide. Aux 2/3 du bol, la pipe s'éteint. Je patiente et entame la remontée du boulevard Murat, avant d'entamer Suchet et Lannes. Les trois sont des maréchaux d'Empire qui me font penser aux grognards de la Grande Armée, lesquels ne devaient pas fumer du tabac aussi doux que celui que j'ai dans la BBB.

Murat, c'est la charge de la bataille d'Eylau avec 12.000 cavaliers, du rude !
Suchet, ce sont les combats d'Espagne, pas franchement des plus simples.
Lannes, c'est le Pont d'Arcole, l'Italie, Friedland. De l'amusette !

Je m'attendais à retrouver un goût français, c'est à dire un peu corsé (normal sur les boulevards des maréchaux !), un peu marlou mais avec une pointe d'élégance et de légèreté. Héroïque, quoi ! Pas du tout. Mon imaginaire ne se projette pas du tout avec ce tabac. Or, s'il y a bien une fonction que l'on attend du tabac, c'est bien de nous emporter loin et de faire surgir un monde dans lequel on s'installe et prend nos aises. Rien n'apparaît. Le B5 n'est pas pour le moment un instant de détente mais il ne pique pas la langue non plus.

Le résultat n'est pas concluant pour ce premier essai. Il faudrait que le B5 se démarque des autres tabacs présents sur le marché national français en haussant la qualité, avec un goût plus prononcé. On ne peut s'en sortir en proposant des produits dont les prix sont tirés vers le bas pour augmenter la volumétrie des consommateurs mais bien en augmentant la qualité, ce qui justifie des prix plus conséquents.

17 mars, 14h30

Râté pour une ballade dans Paris. Depuis ce matin, le temps est frais, la pluie s'est mise à tomber drue et là, c'est une grosse averse de neige. Le temps idéal pour rester dans mon salon et allumer une seconde pipe de B5.
N'hésitons pas : un tabac français, un tabac breton, une Ligne Bretagne. Crénom de nom, il faut sauver le soldat B5.
En intérieur, à une température moyenne de 20°, le tabac réagit différemment. La première impression est bonne après un allumage facile. Le goût reste discret. Pas d'aromatisation, pas de piqures sur la langue non plus. La nicotine ne grimpe pas le long des neurones pour te faire danser la gigue. L'expérience est plutôt agréable jusqu'au bout. Plutôt sympa mais pas de quoi grimper à des rideaux que je n'ai pas.

Le biais que nous pouvons avoir sur le forum FdP est d'avoir goûté énormément de tabacs de provenances différentes et que nous avons un palais de gourmet, sans doute déformé par une échelle de référence très élevée. Il est donc naturel de classer ce tabac en bas de l'échelle mais j'avoue que j'en ai fumé des bien pires vendus sans vergogne par de grands distributeurs, affreusement saucés, terriblement chimiques. Le B5 est léger, très léger, trop léger pour moi. Le risque est que le consommateur lui préfère des tabacs plus versés dans les additifs chimiques. Cependant, les tendances de consommation vont aujourd'hui sur des produits qui ne sont pas simplement des produits que l'on cherche sur étagère. On va y chercher une démarche, un acte social, une traçabilité de la production, un savoir-faire, un maintien d'un savoir-faire sur un territoire, une démarche bio, voire même une démarche d'amélioration de la santé si on vise à retirer les additifs chimiques mais sur ce terrain, concernant le tabac, les arguments sont un peu minés. Il y a une niche à prendre quand le public est sensible aux circuits courts et à la rémunération des producteurs.

Bref, il y a encore un long chemin à parcourir avant d'avoir une bonne qualité gustative de ce tabac. Il y a indéniablement un bon début et on ne peut qu'encourager le producteur du B5 dans sa démarche. (Laurent M)

Depuis que je suis sur le forum, je suis passé aux mélanges anglais : EMP le matin, Nightcap le soir et c'est parfait comme ça. Mais je cherche toujours un tabac de tous le jours, comprendre "honnête /pas cher". J'ai tenté mon tabac régional, le 1635, mais celui-ci ne m'a pas plu , je le garde dans une boite et je lui verse mes fonds de boite en espérant une réaction magique, pour le jour ou je serai en panne. je ferai donc plutôt une comparaison 1635/B5.
Aspect visuel: Des brins fins, dans une palette de bruns clairs. Coupe 1.6 mm (plus épaisse que le 1635); bon point. Il est annoncé : "Un tabac blond au goût américain, avec du virginie et du burley, avec un peu d'orientaux et une touche de kentucky pour ajouter une note fumée", mais je trouve la couleur assez uniforme.
Nez: odeur très légère de sous bois
La texture est ok, ni sec , ni humide.
Fumage : je m'y reprends à plusieurs reprises, ça ne fume pas très bien, et cela s'eteint assez facilement dés que j'arrête de tirer. Mais peut-être cela vient de moi.
Gustativement : rien, ce n'est pas aromatique; Je ne reconnais aucun goût connu (burley,oriental)et ça me pique la langue. Au cours du fumage, cela devient plus fort, assez acre. C'est trop pour moi, cela manque de rondeur...
J'ai du mal à finir le bol.
Conclusion: je suis bien déçu, ce tabac sur le papier avait tout pour me plaire a priori.Je retrouve les mêmes sensation qu'avec le 1635, a savoir : trop fort , pas assez rond , peu aromatique, l'impression de fumer du brun (que je n'aime pas forcement). Je ne suis pas séduit et c'est bien dommage. (geff)

Essayé ce soir dans le foyer, plutôt petit, d'une pipe remise en état par Thierry et qui a peu servi encore, en me disant que j'éviterais ainsi les faux goûts, ce B5 ne m'a pas paru si plat que cela.
Léger, oui, mais pas plat.
J'y ai trouvé quelques notes fruitées (un peu framboise, peut-être le virginia), un peu de fumé, de la noisette, parfois une note poudrée/vieille rose délicieusement décadente (les orientaux ?) et une nuance un peu plus végétale (noix verte ?).
Il est devenu un peu plus profond en cours de fumage, même si la fumée est restée légère et peu tapissante.
Même s'il n'a pas été très malin de le tester après le repas, où j'aurais préféré quelque chose de plus consistant, je n'ai pas détesté. Je crois que j'attendais un brun rustique, et que j'ai été surpris pas sa légèreté et ses nuances. Je réessaierai en cours de journée, il m'en reste assez, en espérant que je serai dans de meilleures dispositions, parce que, tel que ressenti ce soir, je ne le trouve pas désagréable, mais très léger, trop sans doute. (BrunoC)

C'est en mettant ces avis en page que je m'aperçois que j'ai oublié de donner le mien. Le voic, in extremis. Le reprôche qui revient souvent dans ces lignes est la légèreté du B5. Je suis d'accord avec BruboC, léger, mais pas plat. Il me semble aussi que cette légèreté peut être un atout. Certains fumeurs arrêtent, se plaignent que ça leur arrache la bouche. Dans ce cas, on pourra leur conseiller le B5. Cela dit, que va devenir ce mélange ? Et il y en aura-t-il d'autres ? Je crois qu'on ne peut que le souhaiter. Parce que, tout de même, j'ai apprécié un fumage facile, sans rallumage, et son léger goût. D'autres mélanges goût français m'ont semblé à l'inverse tout à fait dépourvus de nuances, et brûle-gueule. La palette est large, et il serait dommage d'en rester là. (GuillaumeFdP)

breizh tobacco