McClelland - Patoro

McClelland Patoro

Voilà un tabac que l'on peut qualifier sans se tromper de "all day smoke". Néanmoins, ce ne sera pas un "all day smoke" pour moi.
Il ne fait certainement jamais de mal, ni aux papilles, ni à l'esprit. Il est modeste en nicotine.
Il est aussi sans grande surprise... mais on ne lui demande certainement pas de surprendre.
Les épices de l'oriental (Basma, je crois) tempérées par le sucre et le fruit du red virginia, le tout enrobé d'une mince couche de latakia très discret.
On pourrait se dire voilà un Balkan, mais ce n'est pas un Balkan, à mon sens. Manque d'épices et de la fraîcheur d'orientaux et virginias blonds pour en faire un Balkan.
Le bougre est bon, mais vite lassant. Voilà pourquoi il ne sera pas un "all day smoke" pour moi. CQFD.

J'en fumerai néanmoins deux ou trois autres bols dans d'autres pipes et peut-être encore à l'occasion en commanderai-je une boîte, car il est bon.
Les amateurs de latakiés discrets, n'hésitez pas. (alregen)

Le tabac de Patoro élaboré chez McClelland est un tabac, certes un peu facile qui, comme dit Alex est un tabac pour tous les jours. Tant dans sa structure élégante que dans ses saveurs soyeuses, il procure des sensations très agréables où rien ne domine. C'est un modèle d'équilibre. Au fumage, de l'allumage jusqu'à la fin du bol, il n'offre que des saveurs subtiles avec une une classe certaine. Bois de Sental délicatement floral des tabac orientaux soutenus par la douceur du Virginia et agréablement assaisonné par une touche subtile de Latakia. Ce n'est pas nécessaire de s'éclater la tête avec une bombe de Nicotine pour avoir du plaisir, au contraire c'est un tabac pour des moments de détente où l'on peut décompresser. Pour moi, c'est souvent la pipe en plus, le soir, fumée calmement. Bien souvent on découvre, chez certains tabacs, des saveurs grossières qui, avec une structure puissante, n'apportent pas le plaisir attendu et qui sont, en plus, agressifs. Comme avec les grands vins, la meilleure qualité réside dans l'équilibre, c'est pour cela qu'ils sont grands. (Jean-Luc Rochat)

S’il est vrai que tout tabac est un voyage, celui-ci m’a fait le coup d’un aller et retour.
Au départ une terrasse à Trouville-sur-mer (Calavdos). Les mouettes, les pommes, des femmes allongées sur le sable – en pullover, il fait encore froid ; la marée monte, le temps est clair ; nous sommes en Normandie, dans le Pays d’Auge. Le vent souffle du Nord-ouest, force 3 à 4.
Ouverture du sachet (généreux) fourni par Gaëtan. Première odeur. Et zou, on file déjà avec le vent, comme les mouettes qui jouent à se laisser bercer ; vers le Midi.
Il y a des tabacs du Nord ; d’autres qui sont du Sud. Qui parlent avec les mains, avec les brins ; qui jouent avec les ombres ; et avec l’indolence.
Le Patoro est du Sud. Il sent le chaud ; le sucré, voire très sucré. L’odeur est un peu celle d’une baraque à guimauve, cuite au feu de bois ; si tant est que qui que ce soit fasse encore chauffer ses guimauves au bois. Mais une baraque méridionale, avec des senteurs de garrigue, dans le feu ; des relents de cade, des soupçons de myrrhe ; des roses séchées, en arrière plan.
Les brins sont parfaitement inégaux, et dessinent un étrange alphabet morse. Longs pour les blonds, courts pour les bruns ; et des noirs épars, comme des points-virgules semés dans un texte. C’est illisible, mais agréable à l’œil.
Première bouffée : tiens, le latakia. Fort et clair. Sans nuance. On file alors plein Est, vers Chypre – sans passer par la Syrie (en ce moment, tu me diras, c’est plus sûr). Du fumé, sec, et assez puissant.
Seconde bouffée : nouvelle dérive vers l’Est. Tiens, le basma. Salut, tu vas bien ? Ca va.
En pleine forme, même, ce Basma. Fort, rond, suave, religieux comme un encens de jour de Pâques, en terre orthodoxe. J’ajoute de la cannelle, du sucre ; de la fleur d’oranger.
Nous sommes passés du Pays d’Auge à Constantinople, plus vite qu’un nuage. Et çà continue - d’autant que le latakia a presque disparu au passage.
Bouffées suivantes : le vent souffle toujours vers l’Est. Senteurs d’Orient ; peu à peu des souvenirs de ciron et d’orange confite ; et presque un peu de sel. Des douceurs de Virginia. Une odeur de pâtisserie que je n’ai senti qu’en Irak. De l’indolence, oui ; du sexy oriental ; des parfums lourds et sensuels comme un regard fardé au kohl. Sensuel, oui : cela le définit bien.
Pour la room note, je cite ma compagne, cela semble moins évident : « on croît sentir une pâtisserie à la cannelle-vanille ; réchauffée dans une église humide, sentant encore l’encens, avec un zest de moisi. ». Mais ma compagne vient du Nord…
Au fumage, on ne sent pas le moisi. Mais peu à peu, le vent tourne.
D’oriental, lentement, peu à peu, le goût redevient occidental. Et même normand.
Au delà de la première moitié de bol, les allers et retours latakia-basma-virgina arretent dans leur danse des sept voiles. Le tout se fond. Et cela sent maintenant… la tarte aux pommes. La tarte aux pommes, avec un gros soupçon de cannelle.
La tarte aux pommes, avec du caramel, dont le goût devient fort, et de plus en plus fort… aussi, avec un peu de crémeux, pour napper le tout.
Adieu la myrrhe. Bonjour la tarte Tatin.
Et le caramel au beurre salé, dans les dernières bouffées.
Bye bye Constantinople. Retour en Normandie.
C’est la fin du voyage, sur de la cendre fine et blanche, comme une cendre de pommier. Car qui plus est, cette séductrice fume bien.
Morale : voilà un tabac intéressant. Complexe, doux, dont les composantes s’expriment d’abord, comme dans un récitatif d’opéra, l’une après l’autre ; avant le grand air commun.
Un tabac qui hésite totalement, quant à sa nationalité (c'est peut-être pour cela qu'il est intéressant :D )…
Un Anglais ? Non, certainement pas (au sens où un « Anglais », selon moi, n’est pas sucraillé, et fait jouer le latakia en premier violon) ; mais qui en a les premières bouffées.
Un « Scottish » : pas loin, mais bien plus oriental, dans les mesures qui suivent.
Un balkanique ? Certes, mais le latakia existe bien.
Un « aro » ? Non, mais il en a les sucres.

Note personnelle : il n’y a pas que des tabacs du Nord et du Sud… Il y a aussi des tabacs faciles et des coups difficiles – j’entends par là : de ceux qui ne cherchent pas, d’emblée, à séduire. Personnellement, je préfère les seconds.
Ce Patoro, en revanche, joue un peu trop la « cagole » du Midi, nombril à l’air, string apparent et bouche sucrée ; trainant tous ses parfums au vent avec une indolence étudiée, et une sensualité de houri.
Mais ceci est strictement personnel : car en l’occurrence, la cagole est jolie. (Nightcap)

Vu la générosité de l'échantillon, j'ai pu le tester dans 3 pipes :
-un peu terreux et Latakia bien présent dans une bruyère billard Ascorti
-plus rond et parfumé dans la reverse calabash Getz Pdg 2012
-plûtot complexe dans une écume courbe

...bref, un tabac au caractère agréable, "ni trop-nitrop peu", passe-partout... je n'en ferai pas mon favori mais j'y reviendrai volontier de temps à autre (bloodyoldchris)

J'ai bien aimé ce mélange, voire même beaucoup apprécié, et je rejoins les copains pour dire qu'il a une certaine "insaisissabilité" qui déroute un peu ! J'ai pu faire 3 généreux bols (merci Gaëtan), dans deux pipes différentes, et les impressions sont différentes, mais complémentaires.
Les brins sont à hygrométrie parfaite, et le nez est très agréable : cannelle-pomme, pâte sablée, figue.
Les premières bouffées sont tout en velours et rondeur, avec une belle et gourmande fumée blanche. Un petit élan poivré/épicé vient exciter cette douceur avant un beau morceau de tarte genre poire amandine qui me fut flagrant. Le latakia se fait très discret, en soutien boisé par endroits, mais dans une retenue manifeste. Ce côté amande fut bien présent, tirant même sur le côté amaretto.
Il y a aussi une petite acidité bien agréable qui vient contrebalancer cette rondeur sucrée qui n'est jamais étouffante. C'est fort plaisant cette sensation aigre-doux. Et revient d'autres élans, encore pâte sablée, que j'avais détecté au nez, sensations beurrées, mais ce n'est jamais lourd ou écœurant. De nouveau encore l'amaretto revient. Sur la fin de bol, cela devient plus fin, plus subtil, plus profond dans le boisé, pain grillé.
Le tabac est très sage, pas du tout chargé en nicotine, et le point négatif que je lui accorde, c'est son caractère un peu linéaire et parfois un manque de profondeur (sauf sur la fin), mais il a des qualités et bien quelques surprises qui jouent à cache-cache. J'ai trouvé ce tabac malicieux, genre double niveau, qui d'une part peut très bien tromper son monde en tabac 'all day' plus commun, sans chichi ni complexité, passant même inaperçu si on n'y prend pas garde, mais qui dévoilera ces charmes si on lui accorde son attention et qu'on le suit dans un fumage plus précis. C'est un tabac très sélectif côté pipe où il faudra bien chercher celle qui se mariera avec bonheur, et l'élue n'aura pas beaucoup de concurrentes...
Merci Gaëtan pour cette découverte, ce me fut une rencontre improbable, mais un vrai coup de cœur pour un tabac qui irait parfaitement dans une rotation quotidienne.
C'est bien dommage s'il ne se fait plus ! (EtienneB)

Au déballage et à la prise en main, le tabac me fait mauvaise impression. La coupe est grossière, très irrégulière et avec pas mal de brins durs. Pour moi qui n'ai presque que des petits foyers, c'est assez difficile à bourrer.
Au nez c'est très doux. Comme le dit Frank sur un autre fil, je suis assez sur qu'il y a du Cavendish, malgré son absence de la description. Le fumage me confirmera cette impression.
J'y sens du caramel, des relents de pâtisserie, du fruit mûr (pomme). Au nez le Latakia et les Orientaux sont vraiment discrets, on est plutôt sur le VA-cavendish.

Le goût de ce tabac est assez variable selon les pipes (testé en terre, bruyère à Va et Bruyère à latakia). Je le préfère dans les bruyères à latakia qui grâce à l'effet crossover, rendent pour moi ce tabac plus intéressant.
Fumé dans une pipe neutre (terre), ce tabac présente un profil Va - Cavendish (qui confirme le nez), mais les Orientaux viennent agréablement s'y ajouter pour complexifier l'expérience. C'est la douceur qui domine et qui reste bien présente tout au long du fumage, les épices sont douces aussi, il me semble que l'un d'entre vous parlait de cannelle, je suis d'accord. Le latakia est à mon avis très en retrait, ces notes fumées apparaissent par moment pour piquer l'intérêt puis redeviennent à peine discernables.
Au cours du fumage les goûts s'intensifient (murissent), mais ne varient pas vraiment. C'est très raisonnable au niveau nicotine, moi ça m'arrange.

Au début j'ai trouvé ce tabac trop doux pour moi. Et puis je dois bien avouer que je m'y suis fait. Sa douceur est aimable et ronde, c'est un peu un câlin. C'est bon de se laisser faire parfois dans une soirée calme. (François C)

Première impression:
Grosse coupe avec de nombreuses teintes. Je trouve cela plaisant. Bcp de couleur noire (comme François, il doit y avoir du Cavendish).
A toucher, c'est un peu gras, huileux, ça donne l'impression d'un bon mélange étuvé.

Au nez :
Tiens, impression différente: une odeur de cuir, un peu sèche. Des épices orientales, une pointe de latakia.

Au fumage :
Arôme de cuir qui est d'emblée présent.
Ensuite, une douceur de VA bien étuvés, pas autant doux que du Red Cake mais il y a un peu de cela
Enfin, des effluves épicées.

Ma conclusion :
C'est un tabac facile à fumer, qui a du goût et qui peut, c'est vrai, mériter le qualificatif de all-day smokes.
Mais ce n'est pas lui rendre suffisamment hommage. Car c'est un tabac complexe qui tantôt vous transporte dans l'univers des balkans, tantôts dans celui des doux VA. Ces aller-retour le rendent bien spécial et charmant.
Le vieux cuir se sent rarement dans ce type de tabacs doux.
Je le trouve donc plus intéressant que le Red Cake ou le HH Louisiana Red (un tabac du mois aussi testé) qui eux, sont, je trouve de vrais et "simples" all-day smokes.
Pour moi, si je devais lui mettre un qualificatif, ce serait: la force tranquille Attention, pas tellement pour le niveau de nicotine, qui est bas, mais pour la force de ses arômes, bien présents mais tout doux.

Un tabac que j'apprécie beaucoup et dont je vais regretter l'arrêt de la production. (Gilles Suisse)

En sentant l’échantillon, on reçoit déjà une première impression sucrée, caramélisée. Ça se confirme à l’allumage, sans être trop chargé non plus : juste ce qu’il faut pour ne pas tomber dans l’excès, le vulgaire. Je détecte la présence de latakia par un léger fumé, assez discret, qui s’exprime tantôt sur par le crépitement agréable d’un feu de cheminée, tantôt par des notes d’encens (plutôt vers la fin). Ces notes ne dominent pas le mélange et laissent la place à d’autres saveurs.

Selon les pipes, je rencontre des notes de noisettes grillées, de chocolat, de pommes caramélisées, d’orange confite, de brioche fraîchement cuite, de pain de campagne bien cuit, à la croûte cassante… ça va en se déclinant sur quelques variantes : cookies au chocolat légèrement brûlés, cuisine au feu de bois, gingembre confit, fruits secs. Quelques épices (piment, poivre) sont aussi de la partie et rehaussent l’ensemble sans agressivité, le tout dans un très bel équilibre : j’aime beaucoup !

Dans certaines pipes, je trouvais vers la fin du bol une amertume et des notes un peu herbacées qui s’écartaient du côté sucrerie, dessert jusqu’ici dominant. Ma meilleure dégustation était dans une Talbert, qui m’a donné une fumée très complexe et quelques notes assez inattendues : coulis de framboise à mi-bol et cidre fermier sur la fin. Un régal ! Côté nicotine, il n’y a vraiment pas de quoi être secoué, mais ça ne m’a pas déplu pour ce style de tabac.

J’ai beaucoup aimé cette dégustation, et je suis au regret de lire Jean-Luc annoncer qu’on ne trouve déjà plus une boîte. J’en aurais bien fumé lorsque l’humeur est au dessert… Si quelqu’un en croise en vente un jour, qu’il fasse signe ! (Damien)