Synjeco - Elephant Dung

Synjeco Elephant Dung

Un vaste espace noir à perte de vue, sans apparat ni décoration, même pas une lueur à se mettre sous la rétine pour aiguiller les sens.
Au loin, il me semble apercevoir une délicate fumée blanche. Oui, c'est bien ça ! Un vieux curé à la longue barbe blanche s'avance en balançant son encensoir de gauche à droite. Sortant de l'obscurité, les effluves d'encens ravivent un sens olfactif endormi. C'est, à quelque chose près, mon ressenti à l'ouverture du sachet d'échantillon d'Elephant dung envoyé par Charles.

Des brins moyens à épais d'une profonde noirceur, accompagnés de quelques éclats fauves, dégagent des élans fleuris de jasmin, de patchouli, de benjoin et de fève tonka. Le mélange, à forte teneur en Latakia, est très humide et colle légèrement aux doigts. Je n'hésite donc pas à le faire sécher avant d'en bourrer une Billard au large bol qui devrait laisser s'épanouir la palette aromatique. Sois dit en passant, après plusieurs essais, faire baisser l'hygrométrie de cet éléphant n'en a été que meilleur, révélant des arômes autrement cachés. Cette dégustation se fera donc sous cette forme.

Le bourrage et l'allumage n'en n'étant que plus facile, une belle fumée beige se dégage, pour venir dessiner sur mon palais un premier coup de pinceau d'une noirceur ronde et acide. Ni âpre, ni acre, le premier contact avec le Latakia est plutôt doux et délicat.

Durant le premier tiers, et à contrario d'un premier essai avec le mélange trop humide, les saveurs florales ne déçoivent pas mon odorat, laissant s'échapper des fruits rouges tels que la groseille, le cassis mais aussi la violette… comme un goût de confiture. Évidemment, avec la forte présence du Latakia un autre coup de pinceau invite le musc, la fourrure et le fauve à la partie. C'est sacrément animal. Le contraste avec les précédentes notes florales n'en est que plus saisissant. Peut-être est-ce dû au Virginia, mais s'ajoute au tableau un spectre plus épicé avec du gingembre, du clou de girofle, du pain grillé et de l'encens.

Au deuxième tiers, les coups de pinceau se font plus rares et le mélange déjà austère, si on n'y prend pas garde, devient monolithique… c'est noir comme un vieux presbytère (celui de notre barbu du début de l'histoire), c'est de l'outre-Latakia. Cependant, même si la puissance n'est pas au rendez-vous, l'Elephant dung ne manque pas, à ce stade, d'intérêt et gagne en finesse en devenant plus raffiné.

Le dernier tiers installe, sur le long terme, l'ensemble des saveurs dans une profonde harmonie de noir… j'imagine la qualité de la matière première, car jusqu'au dernier souffle le mélange garde de sa splendeur.

L'Elephant Dung de Synjeco est un mélange de bonne qualité, mettant bien en avant notre chère herbe aux saveurs orientales.
Mais, à mon sens, il manque de Virginia pour lier l'ensemble et ainsi permettre aux saveurs de s'exprimer totalement.
Une belle expérience toutefois, délicate et sans esbroufe qui permet de découvrir, dans sa noire nudité, le Latakia.

Puissance : 2,5 / 4
Room note : 2,5 / 4
Final : 2,5 / 4 (rijks)

En ce qui me concerne, fumage en deux fois, Hennen morta et Talbert dédié latakia.
Le première pipe, un peu de déception, tabac un chouillat trop humide et comme Rijks je rejoins la nécessité d'un peu moins d'humidité pour mieux s'exprimer. Les bruns sont plutôt foncés et dégagent une odeur de cuir, de fruits secs, de bois séché en bord de mer, d'encens aussi. L'allumage est très facile, mais je dois rallumer un peu quand même, ayant eu un peu la main lourde sur le bourrage... La fumée est pleine et ronde, agréable en bouche, et la forte proportion de latakia passe sans appréhension aucune.
La première partie de bol reste douce, légèrement âpre à mon goût mais cela se compense par une pointe d'acidité fort agréable. La seconde partie devient plus profonde, plus terreuse aussi, mais également un peu plus linéaire, ça ne déroge pas tout du long, cela reste agréable mais peut lasser à la longue. Sur toute la durée, le tabac tient la route sans perdre sa boussole, tel une chaloupe rustique mais robuste !
Tabac sans chichi, qui se fume sans se poser de question, sans devoir y prêter attention car son manque de complexité n'impose qu'on y prenne une forte attention. Cela se fume très bien, après la fraîcheur d'un orage, en sortie de forêt, en vaquant sa pensée à d'autres préoccupations. Il me semblerait une bonne base pour un mélange maison avec un peu plus de virginia ou d'autres sources pouvant venir colorer avec charme cette composition proposée par Synjeco. (EtienneB)

Habitué au latakia, je n'avais pas encore gouté de mélange avec cette proportion latakia.
Je n'ai pas été déçu.
L'odeur et le gout, fumé voire tourbé sont bien là dès l'ouverture du sachet.
J'ai laissé moi aussi séché un peu le tabac dans une boite en fer avant de le fumer.
Je l'ai fumé en moyenne quantité, 4 bols pour l'échantillon et chaque fois ce fut un plaisir et un voyage dans un paysage forestier humide voir tourbeux.
C'est un tabac que j'apprécie par temps frais, car je l'ai trouvé fort, roboratif et rassasiant. (6L20)

Un mélange visuellement très sombre, avec une nette dominance du latakia, noir, le reste étant partagé entre blonds et bruns. Au nez, là encore, le latakia domine clairement, sur un fumé de résineux lourd, avec une légère suavité.

Avec 50% de latakia chypriote entrant dans la composition de ce mélange, je ne suis absolument pas surpris de constater, dès l'allumage et pour le reste du fumage, la prépondérance évidente, écrasante, d'un fumé lourd, chaud, et, dirais-je, réconfortant. Cela sent l'âtre crépitant, bourré d'essences résineuses délivrant ce fumé légèrement suave et épicé (poivre blanc). Ici, les virginies ne sont là que pour mettre en valeur l'herbe chypriote et apporter un peu de rondeur, rien de plus.

La fumée est ronde, justement, mais sans plus, restant en cela aérienne ; nous ne sommes pas dans le domaine du latakia flake musclé et très rond en bouche. La puissance est faible à moyenne. Ainsi, le manque de complexité et la linéarité du mélange ne sont pas compensés par une franche opulence et richesse qui aurait surement su palier à ces défauts. En bouche, l'amertume, légère, est tempérée par un sucré lui-aussi léger. Par suite, dès la seconde moitié de la pipe, une légère acidité complète les sensations.

J'aime le latakia, et la plupart de mes mélanges de prédilection contiennent de cette herbe, qu'elle soit chypriote ou syrienne. A l’évidence, pour apprécier cette bouse d'éléphant, vous devrez vous aussi aimer voir raffoler de ce fumé-épicé à l'état brut qui tapissera votre palais.

Le mélange évolue au derniers tiers, il serait injuste de clamer une totale linéarité : à la suavité font place des épices bien marqués (poivre noir), un assombrissement général du goût et des arômes, sur le cuir, le charbon de bois, de la tourbe, une pointe grillée. Malgré ce surcroît de richesse, l'ensemble manque encore de profondeur et si la puissance, qui n'augmente que peu, ne rend pas ce mélange en soi roboratif, les lourds assauts des arômes fumés, épicés et charbonneux auront raison de votre palais, rassasié pour un moment.

Points forts : agréable uniquement pour les amateurs de latakia chypriote à l'état brut, rassasiant, combustion

Points faibles : monolithique, linéaire, manque de profondeur et de richesse

Note : 13/20 (Charles)

Ayant commencé à le fumer un peu tard, je n’ai pas eu à gérer une humidité excessive. Le tabac tel que je l’ai bourré s’allumait très bien et m’a donné, dans toutes les pipes qui l’ont essayé, des premières bouffées que je dirais très équilibrées. Les notes de fumée étaient là, sans conteste, mais en douceur, sans excès. L’ensemble était bien fondu, rond et ne s’imposait pas brusquement. Je qualifierais le caractère fumé (qui domine mon ressenti sur ce tabac) de gras, voire tourbé. Avec des accents de feu de bois. A cela s’ajoutent, pêle-mêle :

Ambiance forestière garantie dans les nuances !

Au cours du fumage, d’autres notes se sont ajoutées au tableau. Des épices assez prenantes, poivrées, qui se révèlent par moment puis repartent se cacher, pimentant la dégustation de leurs apparitions. Mais aussi sur la fin des notes plus sombres de carbonisé ou d’aubergine grillée, et enfin un côté un peu poussiéreux rappelant le vieux grenier.

J’ai trouvé ce mélange bon, équilibré mais pas fascinant. Il évolue assez peu dans l’ensemble, et l’ajout de quelques touches supplémentaires laisse malgré tout la trame de fond globalement inchangée. Une fois le palais habitué à ces saveurs, on pourrait même finir par trouver le temps long si l’on n’a rien d’autre à faire. A fumer dans des petites pipes ? (Damien)

A priori je m'attendais à un clone du SG Commonwealth, vu qu'il a la même composition et est fabriqué au même endroit. A première vue ce n'est pas le cas, la coupe est moins fine et le mélange plus uniformément sombre. Pourtant au nez et en bouche on reste proche.

La coupe est moyenne, pas tout a fait aussi fine que la plupart des tabac d'origine britannique. L'humidité est parfaite à réception du tabac.
Le nez est ample, doux et fumé. On y sent à la foi la brioche chaude et le barbecue, ce dernier dominant. Etrange mélange qui est pourtant appétissant.

Au fumage c'est un tabac relativement puissant en goût, pas excessif, mais d'une présence assez nettement au dessus de la moyenne. Bien sur, le Latakia chypriote domine clairement le débat avec ces odeurs de fumée de feu de bois, de terreau, de céréales grillées, mais on perçoit aussi la douceur légèrement sucrée des virginias.

La fumée est ronde rassasiante, absolument pas agressive. Avec le temps le tabac gagne en "épaisseur" et viennent s'ajouter quelques notes amères et poivrées. L'évolution reste somme toutes très limitée.

C'est un blend simple sans chichi ni complexité. Pas pour ceux qui recherche élégance et évolution du fumage, mais un bon tabac de "travail" à fumer quand on ne peut pas être trop concentré sur sa pipe.

Finalement je l'aime bien, mais à ne pas fumer trop souvent sous peine de devenir lassant. (François C)

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