Compte rendu de ma visite à l'expo Suisse Tabac avec une rencontre enrichissante d'un blender de chez Samuel Gawith.

Cigares en agréable compagnieLe hasard fait parfois bien les choses.
Ma femme et moi avions prévu de passer un petit Week-end touristique à Bâle les 6 et 7 septembre dernier. L'hôtel à peine réservé, je reçois un courrier de Daniel Schneider de Synjeco contenant une invitation pour l'expo Suisse Tabac se tenant aux mêmes dates à Bâle.
Heureuse coïncidence !

Il ne me reste plus qu'à convaincre ma douce qu'elle peut tranquillement faire du shoping pendant que je m'éclipse pour deux petites heures. Bien qu'elle ne voie pas toujours mes activités pipières d'un très bon œil, elle accepte volontiers.

Je me présente donc samedi en début d'après-midi à l'entrée du palais des congrès, où je me vois offrir en échange de mon invitation, un billet d'entrée et un cigare dominicain.

Je me présente donc samedi en début d'après-midi à l'entrée du palais des congrès, où je me vois offrir en échange de mon invitation, un billet d'entrée et un cigare dominicain.

Le seuil de la halle d'exposition franchi je fais face à ma première surprise. C'est beaucoup plus grand que ce que je pensais. Et moi qui n'ai demandé que deux heures d'escapade à ma belle, ça ne sera probablement pas suffisant.

Je commence à défiler devant les stands d'un pas rapide, mon but étant d'accorder ma première visite à Daniel Schneider. Ils sont en général très grands et luxueusement garnis. Le stand Davidoff est particulièrement élégant, je n'ai même pas osé y entrer. D'autres sont "décorés" de manière plus coquine (Camacho).

Le Stand Synjeco enfin repéré, je me permets une petite halte dans un minuscule stand, celui d'un pipier suisse encore inconnu au bataillon, Roman Peter. Le temps de regarder les photos et de prendre une carte de visite, je suis déjà loin.

Le stand Synjeco n'est pas grand, mais très richement garni comme on le verra tout à l'heure.

Daniel n'est pas sur place quand j'arrive, mais je suis agréablement accueillis par sa femme Ana, qui me présente Bob Gregory, blender chez Samuel Gawith.

La discussion s'engage dans un premier temps sur un mode assez commercial " l'important pour nous, Monsieur, c'est que vous puissiez trouver le tabac qui vous plaise vraiment…".

Il s'aperçoit rapidement que je connais déjà beaucoup de ces tabacs et son discours devient vite beaucoup plus personnel et amical. Ça tombe bien j'ai plein de questions à lui poser.

Nous échangeons beaucoup d'anecdotes sur ces tabacs, quelques plaisanteries sur Gawith et Hoggarth ou sur les fumeurs de pipes.
Il en est sorti une série d'informations qui, je pense, pourront vous intéresser et je vais essayer d'en faire une petite synthèse.

Comme chacun le sait, Samuel Gawith est une entreprise familiale fondée en 1792 à Kendal, Grande-Bretagne. C'est encore là qu’elle se trouve aujourd'hui et qu'y travaillent, en tout et pour tout, 6 personnes. Je suis impressionné que les tonnes de tabac acheté, assemblé, pressé, cuit, aromatisé, mis en boîte, étiqueté et distribué partout à travers le monde le soit par si peux d'employés. Bob me confesse tout de même que l'entreprise ne crée plus de nouveaux blends, mais se contente de produire selon les antiques recettes. Plusieurs de leurs tabacs sont inchangés depuis plus de 200 ans (1792, Commonwealth, Grousemoor…) et même la "nouveauté" comme le Scotch Cut Mixture n'est en fait qu'une vieille recette centenaire ressortie de l'oubli.

Il n'y a pas que les recettes qui sont anciennes chez S.Gawith, mais les machines également. Certaines d'entre elles datent encore de la création de l'entreprise.
Cette dernière information me permet de tordre le cou à une rumeur tenace sur le web. Certains, constatant l'irrégularité de l'épaisseur de coupe des flakes y prétendent que c'est parce qu' ils sont encore coupés à la main. Bob éclate de rire quand je lui pose la question. Les flakes n’ont jamais été coupés à la main chez S.Gawith, mais bien à la machine. Seulement comme les machines en question prennent de l'âge, elles prennent aussi un peu de jeux dans les rouages, d'où l'irrégularité d'épaisseur.

La nomenclature des tabacs de Samuel Gawith est parfois surprenante. Voici une petite liste des correspondances et synonymies.
Correspondances entre plugs et flakes : Kendal Plug Best Brown Flake, Cob Plug 1792 Flake

Plus étonnant encore le Golden Glow est exactement le même tabac que Medium Virginia Flake, le premier vendu en boîte, le second en vrac. "C'est pour tromper les clients" me dit Bob.

A ce propos, Connaissez vous la différence entre Best Brown Flake, Full virginia Flake et Medium Virginia Flake (Golden glow) ?
En fait il s'agit du même blend de virginias qui est d'abord pressé en cake à froid, ici s'arrête le traitement du golden Glow, le Best Brown est encore cuit 2 heures au four et le Full est cuit 4 heures. C'est tout !

J'ai aussi l'occasion de demander quelle est exactement la différence entre sweetened Cavendish et unsweetened (ou English) Cavendish. Le Sweetened Cavendish, forme la plus courante, est produite à base de Virginia brésilien (chez S.G. en tout cas), naturellement très riche en sucre. Le tabac est doublement fermenté ce qui fait ressortir le goût sucré et lui donne sa couleur noire. Le Cavendish anglais (non adoucit) est produit chez S. Gawith avec du Virginia italien, plu sec, qui est baigné dans de l'huile alimentaire dans une bassine à même le sol, puis cuit au four ce qui produit la couleur noire et une modification des arômes, mais pas d'adoucissement.

Après cette très enrichissante discussion, Daniel arrive. J'ai la joie de pouvoir me présenter, de transmettre les salutations de Guillaume et surtout de voir en chair et en os celui que je ne connaissais que par échanges de mail et de téléphone.

Très accueillant, Daniel s'empresse de me renseigner sur les différents tabacs de ces gammes présentées (Samuel Gawith, Gawith et Hoggarth, Cornell et Diel, GL Pease) et de me préparer de nombreux échantillons de ceux qui m'intéressent.

S'il ne m'avait pas également fourni un sac en papier, je serais reparti les poches lourdes…

Je termine ma visite du stand Synjeco par une discussion avec Lev Vasiliev, marchand de pipe à Saint Petersbourg. Il présente deux gammes de pipes, premièrement des pipes high-grade d'un pipier russe (35 ans de métier), Grech et deuxièmement les pipes PSStudio dessinées par Grech, mais réalisées par trois jeunes pipiers.

Les pipes de Grech, utilisent toutes de magnifiques bruyères de chez Mimmo et sont techniquement très bien réalisées. Il demande un peu plus de 500 euros pour des pipes comme celles sur les deux photos.

Les PS Studio sont en bruyère ligure de 35 ans d'âge, la réalisation technique ne semble souffrir d'aucun défaut, mais les bois sont moins beau. Il en demande tout de même plus de 200 euros, comparé à certains jeunes pipiers high-grade européens, je trouve un peu cher. D'autant que sur son site de vente russe elles sont carrément moins onéreuses (à peine plus de 100 euros, un peu plus de 300 pour les Grech). Vous jugerez par vous même : www. pipeshop.ru

En présence de toutes ces personnes passionnantes, le temps passe trop vite et mes 2 heures sont déjà écoulées.

Je ressors de l'expo quasiment au pas de course non sans faire quelques photos à la sauvette des étals de pipes. Sur divers stands sont présentées quasiment toutes les grandes marques européennes (Big Ben, Stanwell, Peterson, Chacom, Hilson, Savinelli, Vauen… et bien d'autres que je n'ai même pas le temps de voir).

Stanwell

Je traverse encore le concours de fumage de cigares et ainsi prend fin ma belle, mais trop courte visite.

Si j'ai l'occasion l'année prochaine je prends toute la journée…

Concours suisse de fumeurs de cigares