Estates

Il y a bien des gens qui coucheraient volontiers avec la femme d'un ami, mais refuseraient avec dégoût de fumer dans sa pipe Courteline

La pipe "estate" est inconnue chez nous - ou alors dans sa pire forme, du vide-grenier au débarras. Qu'est-ce qu'une pipe "estate" ? C'est une pipe déjà fumée, que son propriétaire va revendre, soit qu'elle ne lui convienne plus, soit qu'il en convoite d'autres.

Estate ne veut pas dire mal entretenue, abîmée, moche, sale, ou bonne à jeter. Ca n'est pas non plus une vieille pipe marquée à l'emblème "bruyère véritable". Une vraie estate peut-être une pipe de marque, ou d'un pipier, dont le propriétaire a pris soin de l'entretenir comme il le faut. Avant de la vendre, il l'aura évidemment remise à neuf, en la déculottant, et en ayant soigneusement nettoyé le tuyau et la tige. Un déculottage au sel est également le bienvenu...

Les Français ne sont pas habitués à cet usage : pour eux, fumer la pipe d'un autre, c'est obligatoirement dégoûtant. Mais manger au restaurant, n'est-ce pas porter à sa bouche des couverts utilisés par on ne sait qui ? Vous me direz, ces couverts ont été lavés - mais une bonne estate aussi !

On peut trouver tout un marché d'estates sur les sites Ebay, notamment, Allemand, Anglais, et Américain. Le site Ebay France, malgré les demandes, n'a pas encore cru bon d'intégrer une catégorie pour ce marché si particulier, et les pipes qu'on peut y trouver sont généralement à ranger dans la catégorie "pipes du Pépé qu'on essaie de vendre plutôt que de les mettre au panier", même si c'est leur meilleure place... Heureusement il y a quelques rares exceptions.

On peut également trouver, lors de voyages à l'étranger, des rayons "estates" dans les meilleurs magasins de pipe.

Pour l'entretien et la remise à neuf des pipes, vous trouverez des indications sur ce site. Egalement, suivant les moments, des "estates" vendues par les membres du Groupe.

Cette page n'a d'autre but que d'attirer l'attention sur cet usage, méconnu, et de vous renvoyer à l'article d'Erwin Van Hove pour la revue Pipe Mag, que vous trouverez ici :