Chroniques de l'Ogre, épisode 15

par Erwin Van Hove

15/02/10

Le retour de Chipartou

Mais où est donc passé Chipartou ? C’est la question qui semble tarauder Lucien Georges puisqu’il ne cesse de la répéter pendant que, l’écume aux lèvres, il tire sur tout ce qui bouge dans la section commentaires de Pipe Gazette. Elle est lourde de sens, cette question. Du moins dans l’esprit tordu du prestigieux pipier. Elle suggère que Chipartou se cache dans son antre, en train de lécher ses blessures. Elle donne l’impression que Georges le gladiateur reste seul debout dans l’arène, scrutant d’un regard victorieux le champ de bataille. En vérité, la gloriole du triomphe imaginaire le rend aveugle à la réalité. Comme d’habitude. Parce que la seule réputation que Lucien Georges a réussi à sabrer, c’est celle de Lucien Georges. Tous, nous avons été témoins de la furieuse orgie d’agressions grossières et d’insultes vulgaires dans laquelle ce monsieur s’est vautré avec le plus grand naturel. Tous, nous avons ressenti le même sentiment de gêne devant ce spectacle foncièrement désolant. (chipartou.html)

Pour répondre à la question du petit Lu, voici ce texte. Chipartou est ici, c’est-à-dire loin du bourbier et du purin dans lesquels Lulu le lutteur visiblement est si à l’aise. Chipartou, lui, ne descend pas au niveau d’une gazette où l’on manie avec délice un vocabulaire scatologique. Par principe, Chipartou se refuse à entrer en lice contre une meute de courageux anonymes qui aboient des inepties exprimées en un français qui trahit leur niveau intellectuel. Et puis, Chipartou a dit ce qu’il avait à dire. Il a voulu véhiculer deux messages, à savoir que Lucien Georges est un pipier médiocre qui se prend pour un génie de la pipe et qu’en plus, cet individu se montre grossier et insultant à la moindre critique.

Ces deux thèses ont été étayées par d’autres que moi et, franchement, ils l’ont fait mieux que moi. Le patron d’une des civettes parisiennes qui propose des pipes du Corse au sang chaud, n’expose pas ses Georges dans la vitrine. Il ne les conserve pas non plus religieusement dans des tiroirs. Non, comme personne n’est intéressé, il les a jetées pêle-mêle dans une boîte en attendant qu’il trouve le temps de refaire leurs tuyaux. Et puis, il y a eu la publication d’une analyse objective et argumentée de la main du célèbre collectionneur suisse Claude Wyss qui venait de s’offrir une Georges. Quoique ce scientifique achète et fume avec le même plaisir impartial des haut de gamme et des bouffardes terre à terre, il a clairement exprimé sa déception et mis le doigt sur une série de tares : un préculottage qui produit un mauvais goût, un vide de 5mm entre le floc et la paroi de la mortaise, un bec trop épais, une bruyère truffée de sandspots, une surface qui porte visiblement les traces du ponçage. (Lucien Georges/652t.jpg)
Chipartou, qu’aurait-il encore à ajouter ? Restent mes propos sur l’insupportable agressivité et sur l’extrême grossièreté du personnage. Pourquoi les ressasser ou apporter des preuves supplémentaires ? Point besoin. Le petit Lu lui-même s’est amplement acquitté de cette tâche dans ce qui est devenu Pisse-Gazette. Je l’en remercie d’ailleurs publiquement.

Revenons un instant sur l’analyse de Claude Wyss. Bien qu’il s’agisse d’un homme discret, respecté de tous, qui jamais n’a pris position dans le conflit entre FdP et P&T et qui brille avant tout par son silence de sage, il s’est immédiatement vu accabler d’injures par le Corse déchaîné : Monsieur Wyss est un menteur, un lâche et un traître. Ca ne suffisait pas. Loin de se sentir gêné par ce nouveau délire verbal et avec une lourde insistance dont il détient le secret, Jip, le porteur d’eau attitré de P&T, n’a cessé de crier au scandale : pourquoi donc Claude Wyss s’est-il exprimé en public, alors qu’il aurait dû s’adresser en privé au pipier qui lui avait livré une pipe décevante ? Ca saute aux yeux, c’est un complot ! Le méchant Suisse, de mèche avec Chipartou, a cherché à nuire à cette pauvre victime de pipier français. Etant collectionneur d’images de pipes d’artisan, plutôt que de pipes d’artisan, Jip, visiblement, ne sait pas de quoi il parle. Permettez-moi de profiter de cette occasion pour lui expliquer comment raisonne quelqu’un de l’envergure de Claude Wyss. Quand un collectionneur reçoit une pipe d’un artisan dont il connaît la maîtrise et que, pour une raison ou pour une autre, il ne la juge pas entièrement satisfaisante, il sait que ce n’est pas normal, que c’est atypique. Dans ce cas, il contacte le pipier pour le mettre au courant, sachant que celui-ci ne mettra pas en doute le bien-fondé des remarques d’un client qu’il connaît. Par contre, quand un collectionneur achète une première pipe à un artisan qu’il veut découvrir et qu’elle s’avère nulle à plusieurs niveaux, il conclut que ces défauts doivent être typiques et que si cet artisan envoie cette pipe-là à un nouveau client, il doit en être satisfait. Dans ce cas, le collectionneur sait qu’il ne sert à rien d’essayer de lui faire comprendre que sa pipe ne correspond pas aux normes dont les connaisseurs ont l’habitude de se servir pour juger les pipes qu’ils achètent. Il est de mon expérience que neuf fois sur dix c’est peine perdue. Et donc je suppose que dans le cas de sa Georges manifestement médiocre, monsieur Wyss a fait comme moi : il a décidé de ne pas perdre son temps avec un artisan qui se croit excellent alors qu’il n’a vraiment pas d’idée de ce que proposent ses concurrents. C’est aussi simple que ça, Jipounet. Et puis, Jip, il faut quand même le dire, dans ce cas précis, il y a autre chose. Evidemment monsieur Wyss a été témoin de ce qui s’est passé quand un membre de FdP s’est permis de faire une remarque critique sur le site web du pipier en question. Monsieur Wyss a vu comment ce brave homme s’est fait agresser et insulter par ce rustre. Honnêtement, Jip, tu crois vraiment que ça donne envie d’expliquer à ce fou furieux qu’on est déçu à la fois par le goût, l’exécution technique, le bec, la finition et le bois de sa pipe ?

Fermons cette parenthèse. Dans ma chronique précédente, j’ai critiqué les façons d’un individu. Ca n’empêche pas cet individu de faire comme si j’avais attaqué une guilde entière et de me portraiturer comme un raciste qui a la divine mission de bouffer à chaque repas du pipier français. Et par conséquent, il s’érige en porte-parole de tous ses compatriotes que je foule aux pieds. Je me demande qui au juste le petit Lu est en droit de représenter. Curieusement, depuis le petit monde clos des producteurs et revendeurs de pipes françaises me parviennent une série de bruits qui se recoupent. Il s’agit d’accusations claires et nettes. Evidemment, il n’est pas de ma compétence de confirmer ses accusations, mais j’ai quand même pu comprendre que pour plusieurs professionnels, et pas des moindres, le petit Lu est persona non grata. Il paraît même que ma chronique précédente a pu compter sur la sympathie de certaines personnes que le Corse prétend représenter. D’ailleurs comment quelqu’un qui récemment est parti en guerre contre les pseudo-artisans qui ruinent l’avenir de la pipe française, qui s’est moqué publiquement des pipiers sanclaudiens et qui a trouvé nécessaire de faire des commentaires désobligeants sur la bruyère de Pierre Morel, pourrait-il se mettre dans la tête qu’il serait bien placé pour tirer la carte de la solidarité ?

Et puis, suis-je vraiment ce monstre raciste qui systématiquement attaque la pipe française ? Il me semble que lorsque je décèle du talent, du sérieux et de la qualité, j’apporte mon soutien. Et dès lors, je pense que David Enrique n’a pas à se plaindre de moi.
Quant à Pierre Morel, il se souvient parfaitement d’une interview faite par Martin Farrent dans laquelle j’avais chanté ses louanges et pris la défense de la pipe française
(interview erwin pfeifen.htm) Et puis, qui, je vous le demande, est le seul à avoir consacré un article sérieux et approfondi à Pierre Morel ?
(artmorel.htm)
Et les deux grandes marques alors ? Voici quelques années, j’ai eu l’idée de faire sponsoriser par Butz-Choquin le concours de pipiers organisé par Pipes & Tobaccos. J’ai moi-même négocié le contrat qui stipulait que le magazine américain devait consacrer plusieurs articles au producteur français. Suite à cela, Fabien Guichon m’avait proposé d’entrer dans la Confrérie, comme son invité personnel. Offre que j’ai poliment déclinée. Quant à Chacom, après avoir publié un jugement positif sur un coffret contenant trois Chacom Grand Cru, j’ai reçu un courriel de remerciement des propriétaires de la marque.
(testchacomgrandcru.htm)
Par ailleurs, je suppose que l’ancien président du Pipe Club de France n’a pas vu en moi le maléfique détracteur de l’Hexagone quand il m’a invité à écrire des articles pour Pipe Mag.
Bref, est-ce vraiment le palmarès d’un ennemi déclaré de la pipe française ?

Force m’est de constater que certains cercles sont régis par le principe des deux poids, deux mesures. Quand Nicolas Stoufflet monte une cabale en règle contre Thierry Melan, pourtant un pipier français à ce que je sache, personne ne l’accuse de racisme. Quand plusieurs membres du forum fondé par Stoufflet littéralement menacent David Enrique d’un boycott pour la seule raison qu’à leurs yeux, il s’associe trop à moi, personne ne semble s’émouvoir de ce genre de propos. (artpointsi.htm) Je me demande même qui dans le cas du petit Lu a essayé de protéger le mieux le pipier français contre l’autodestruction : Nicolas Stoufflet qui lui a donné la possibilité de se couvrir publiquement de ridicule, sans aucunement arrêter net l’explosion de vulgarités dont tous, nous avons été témoins, ou moi qui, par courriel privé, avais donné au bouillonnant pipier le conseil de changer de ton dans le forum avant que les choses ne dégénèrent ?

Peut-être qu’il manque à celui qui se complaît à se voir comme le leader des défenseurs purs et durs des producteurs et des commerces français, le talent de jouer avec habileté et sérieux le rôle qu’il s’est attribué. Peut-être aussi que ses priorités ne sont pas toujours claires. Quand il ouvre les colonnes de son blog à un pipier français, certes, mais dont le seul et l’unique objectif est d’essayer de discréditer Chipartou, on est en droit de se demander si vraiment il s’érige en chevalier servant de la pipe française. Ou se pourrait-il qu’il ait un agenda caché, un tantinet inavouable, inspiré par de vieilles rancunes, par des allergies personnelles ? Quand il n’intervient nullement dans son propre blog transformé en champ de bataille où les vulgarités, les insultes et les inepties fusent de toutes parts, sert-il vraiment la cause de l’univers pipier français ?

Il se peut donc que ce soient ce manque de sérieux et ces priorités discutables qui expliqueraient ceci : la compagnie des pipes.html. Pourquoi, plutôt que d’accueillir les bras ouverts un nouveau commerce en ligne français, il en parle du bout des lèvres ? Du moins, c’est l’impression qu’il donne, mais évidemment je peux me tromper. En tout cas, tout en présentant la nouvelle civette parisienne, il juge nécessaire de rappeler le fait qu’on peut aussi bien acheter en Belgique, en Allemagne ou en Italie. Bien vu. Par contre, le propriétaire de La Compagnie des Pipes, Guillaume Laffly, peut compter sur un conseil bienveillant du gazetier : il serait plus intéressant d’importer des pipes en provenance des Etats-Unis, des Larry Roush par exemple. Je dois dire que personnellement il m’est déjà arrivé de recevoir des conseils plus judicieux que celui-là. En effet, tout le monde sait que Larry Roush commercialise son œuvre exclusivement par le biais de son site web. Aucune civette ne distribue des Roush. Mais bon, j’avoue que je cherche la petite bête puisque ce n’est pas dans une simple gazette qu’il faut s’attendre à du journalisme de qualité pratiqué par des experts. Bref, ça n’a aucune importance. Strictement aucune.

Quant à Jip, il s’affaire dans la section commentaires. Normal, me direz-vous, puisqu’on sait tous que c’est l’omniprésent et infatigable saint patron de la guilde gauloise. Que l’annonce d’un nouveau commerce français suscite un fébrile enthousiasme de sa part, n’étonne donc personne. Et pourtant vous vous trompez cruellement. Pas un mot sur La Compagnie des Pipes. Que dalle. Par contre, dans ces colonnes consacrées à la nouvelle civette en ligne, Jip se sent appelé à louer la qualité du service de JPPcigares, de La Pipe du Nord, de La Pipe Rit et du Cadre Noir. Il profite même de l’occasion pour signaler qu’il y aura une soirée, le 16 avril, à La Pipe du Nord avec petit Lu en personne. C’est élégant, c’est classe. En tout cas, il semblerait que pas tous les Français soient dignes de se lover sous les ailes protectrices de l’ange gardien tricolore. Peut-être qu’il faut lancer un grand débat sur l’identité nationale de Guillaume Laffly. Sait-on jamais ?