Bouffardes bavardes n°5

par Charles & Simon

12/08/13

Ce cinquième volet de nos conversations enfumées est spécialement dédié aux mélanges dits « aromatiques », c’est-à-dire auxquels on ajoute une sauce / un jus naturel ou artificiel comme c’est le cas des mélanges danois.



The Blender’ s Pride – Out of Africa de HU-Tobacco

Out of Africa - HU Tobacco

Composition : Burley, Virginie, Perique, aromatisation

Un bouquet très gourmand se dégage du tabac, sur la cerise, la confiture de groseille, la framboise, du pain d’épices, de la vanille, sans impression chimique ou vulgaire.

On retrouve vite l’arôme gourmand du nez au fumage, sans que celui-ci soit dominant, sur les fruits rouges et le pain d’épices. Le périque s’exprime avec tempérance, avec un léger piquant et un aigre-doux agréable. Le burley structure l’ensemble en apportant force et une note de fond boisée. Les virginies apportent quant à eux un côté sucré complétant l’aromatisation gourmande.
Le tout est équilibré, gourmand et quelque peu évolutif.

Le deuxième tiers est marqué par la framboise, la marat des bois, la vanille, un soupçon de banane, la cerise griotte, l’épice aigre-doux du perique et l’ossature boisée du burley.

Le dernier tiers porte sur les épices et une amertume grandissante, agréable, tempérée par l’arôme gourmand qui subsiste, toujours sur les fruits rouges et la canelle, quoique nettement moins marqué.

Un tabac très agréable mais très typé, dont on peut vite se lasser. Les tabacs utilisés sont à l’évidence de bonne qualité, et je me surprends à aimer un mélange aromatisé. Un des meilleurs aromatiques qu’il m’ait été donné de goûter à ce jour.

Points forts : équilibre, légère évolution, qualité des tabacs pour un mélange de ce type, aromatisation agréable, gourmand.
Points faibles : peut être lassant de par sa typicité et son aromatisation marquée

15/20

Au nez, je ne devine pas de citron, mais du pruneau séché, de la cerise griotte et du sucre de canne.
L’allumage est doux - même si le tabac est légèrement trop humide – sans parfum apparents mise appart la sauce vanillée et très sucrée. Mais tandis que cette dernière s’évapore, le Burley devient bavard, puis l’association Virginie/Périque printanière.

L’évolution est progressive, la force moyenne, le boisé est très marqué et enrichi de fruits des bois, de banane, de cerise griotte, de vanille sucrée et de fraises des bois. Ces saveurs complexes et bien arrangées sont complétées par le Perique, relevé et aigre-doux, apportant une dimension sauvage à l’ensemble. L’aigre-doux, les épices amers mélangés aux fruits sucrés donnent une saveur qui perdure jusqu’au milieu du troisième tiers. On s’en lasserait presque ! Mais cette gourmandise sauvage offre à nos papilles un plaisir qui, occasionnellement, est agréable.

A noter que c’est un des meilleurs aromatiques qu’il m’a été donné de gouter, et qui me rappelle les épices du thé indien.

14/20

Il parait évident que nos deux avis se rejoignent pour dire que cet aromatique est très bon, même s’il pourrait lasser le fumeur. La complexité et l’évolution sont au rendez-vous, ce qui n’est pas le cas pour la vulgarité.

Momoyama II de Mac Baren

Momoyama MacBaren

Composition : virginies, Perique, latakia, aromatisation

Au nez, une aromatisation chimique quoique très gourmande, aux notes simples et facilement identifiables, sur le chocolat noir et la cerise griotte. Puis viennent un peu de pain d’épices et d’amande.

Au démarrage, un mélange très doux, léger, tout en finesse et qui semble s’exprimer avec peine. On retrouve un côté cacaoté, un peu de pain d’épices, une légère verdeur et un côté fruité sur les agrumes. En bouche, le tout est sucré et légèrement acide.
Le tabac est gourmand mais manque d’ampleur, de richesse. Seule l’aromatisation fadasse domine, le caractère des tabacs ne transparaît pas.

Le mélange est désespérément linéaire et obstinément étriqué au fil des bouffées. Ce n’est pas qu’il peine à se révéler, c’est qu’il n’a rien à révéler du tout. Au départ simple et passablement agréable, il finit par devenir clairement ennuyeux.

La fin de pipe est amère et acide, fade et piquante, tout arôme gourmand ayant disparu. Un tabac sans intérêt.

Points forts : gourmand au premier tiers, combustion
Points faibles : tabacs de qualité médiocre, linéaire et ennuyeux, piquant et désagréable au final

05/20

L’odeur est très chimique (bonbon à la fraise, sucre, fleurs, cerise griotte, épices), accompagnée d’ une certaine amertume.

Durant tout le premier tiers, la sauce prend toute la bouche et agace dès les premières bouffées. Les arômes sont chimiques, printaniers (miel, fleurs, épices), les feuilles sont de qualité très discutable et leur fumée plutôt vulgaire.
Cette saveur (si on peut ainsi dire) est heureusement dégressive.

Je ne note aucune complexité, aucune évolution ou profondeur. Le résultat est plat, préfabriqué, négativement tenace en bouche.

04/20

Réservée exclusivement au marché Nippon, cette version de ce vieux mélange existant depuis 1934 et maintenant produite par Mac Baren ne présente que peu d’intérêt. Nous n’avons pas décelé la moindre trace de Perique ni de latakia lors de nos dégustations. La linéarité et la persévérance de ses saveurs agaçantes nous ont mené à une notation faible, invitant le lecteur à éviter ce tabac.

The Blender’ s Pride – JU 52 de HU-Tobacco

JU 52 HU-Tobacco

Composition : virginies, Kentucky, Perique, aromatisation

Un nez très « saucé » et peu naturel, plein de gourmandises, sur le caramel au beurre salé, le sucre de canne et le sucre d’orge, la cerise griotte, les pruneaux séchés.

A l’inverse du nez, l’arôme et le goût en bouche sont naturels, en phase avec la philosophie de Hans Wiedemann dont le but est de sublimer un bon tabac avec une aromatisation légère et de qualité plutôt que de masquer des feuilles au goût médiocre avec une aromatisation lourde.

Ici, les arômes sont doux, avec une belle rondeur en bouche, sur le caramel, un côté très beurré, le perique apportant un léger piquant, puis un boisé très doux et un peu de fruits secs en arrière plan, et enfin une légère verdeur.

Le mélange évolue, toujours tout en rondeur, vers un arôme de noisette accompagné de la note beurrée, légèrement caramélisée, et du léger piquant du perique. Le tout est moins gourmand, les arômes naturels des tabacs tendent à reprendre la main. Le kentucky se révèle et le tabac gagne en corps, la puissance restant toutefois moyenne.

Un tabac qui ne manque pas de caractère et au goût original mais qui peut être lassant, surtout en fin de pipe où les arômes simples manquent de complexité et de richesse par rapport au début du fumage, bien que l’arôme presque sirupeux (sirop d’érable), beurré, se maintienne. Un tabac automnale et plaisant, mais au goût trop marqué et original pour en faire un tabac de tous les jours.

Points forts : originalité des arômes, rondeur, aromatisation de qualité, évolution
Points faibles : manque de complexité et de richesse, peut être lassant selon les palais

13/20

Très floral au nez, avec un arôme qui rappelle le Kentucky Bird, des épices et du miel.

Le départ est très léger, printanier, floral et miellé.
La sauce ne déforme pas l’ univers boisé, même si elle le domine. Inexplicablement, je perçois un fumé qui, associé au Perique, offre un aigre-doux tout à fait particulier, donnant l’illusion de sentir des tomates séchées.

Les épices viennent équilibrer le mélange, le rendant un peu plus corsé.

Je ne note aucune évolution jusqu’au troisième tiers, qui se corse véritablement en devenant terreux, dominance qui n’assassine pas les sous-bois (pin), ainsi que le pollen (fleurs) de ce jus persistant.

A noter qu’en fin de fumage, le fumé léger ressemble à celui de résineux en combustion.
Le jus est tenace, mais trop artificiel. Les feuilles sont de bonne qualité.

12/20

Il ne fait pas de doutes que ce mélange est complexe, et que son aromatisation est chimique. Mais nos avis divergent quelque peu, bien que les notes soient proches. Nous laissons donc au lecteur le soin de se faire son propre avis en essayant cet aromatique, qui a le potentiel d’ouvrir un débat sur les divergences d’opinion des fumeurs.

Erinmore Mixture de Erinmore

erinmore mixture

Composition : Black Cavendish, Virginies, arôme de café et de fruits (citron)

Des arômes excessivement grossiers se dégagent de la boîte : sucre d’orge, diffuseur d’odeur pour toilettes bas de gamme, arôme floral très chimique et artificiel.

Malgré quatre années d’encavement, le mélange est piquant et mord la langue aux premières bouffées. La puissance est faible. L’arôme dominant est un vague goût de savon, floral, grossier et chimique. Le black cavendish apporte un peu de rondeur, sans plus. Le tout n’est clairement pas agréable, tant en goût qu’en arôme.

Le premiers tiers terminé, l’aromatisation grossière cède la place à un goût amer, piquant et légèrement sucré. Le tout est de plus en plus désagréable. Les arômes sont quant à eux de plus en plus étriqués, sur un résidu de savon, sirupeux et de mauvaise facture.

Le tabac est de plus en plus mauvais, agressif et piquant. J’ai beaucoup de mal à finir ma pipe, que je me vois contraint d’abandonner avant la fin. Un très mauvais tabac, à éviter absolument. Une leçon toutefois : un encavement prolongé ne fera jamais de miracles avec un mauvais tabac, qui restera mauvais même après de nombreuses années.

Points forts : combustion
Points faibles : aromatisation désagréable, tabacs de mauvaise qualité, manque de goût, d’arômes, de richesse et de complexité, bref, de tout !

01/20

Le mélange que nous goutons a quatre ans de cave. Son parfum est chimique, sur les fleurs, le sucre, la vanille, les bonbons acides, et l’orange.

A l’allumage, ce tabac est piquant, chimique, vulgaire. Les Virginies sont très absents, ne divulguant que quelques embruns boisés et suaves.

Au second tiers, la fumée chaude dévoile quelques épices sans complexité.

Le tout est linéaire, ennuyeux au possible, et la sauce reste nerveusement.

De plus, le Erinmore Mixture n’est pas roboratif et n’offre donc que son parfum artificiel tout au long du fumage.

Beaucoup d’ aromatiques sont vulgaires, vides de saveurs et de complexité, et très saucés. Celui-ci est à mon avis le meilleur exemple de cette catégorie.

01/20

Ces deux dégustation pourraient se passer de conclusion. On y trouverait presque une dimension comique tant le plaisir est pauvre. Nous vous conseillons vivement ce mélange comme cadeau à votre pire ennemi.

The Blender’ s Pride – Green Gold de HU-Tobacco

green gold HU-Tobacco

Composition : virginies, Burley, arôme de bergamote

Un nez sur les fruits secs (abricot), pain d’épices, miel et sirop d’érable.

Les premières notes sont essentiellement piquantes et le mélange a du mal à se tempérer et à trouver son rythme. L’aromatisation est peu marquée, et ce sont des arômes piquants, amères et sucrés, sur les agrumes (pamplemousse), qui dominent, avec un léger côté boisé donnant un peu de corps au tabac.

Le mélange est légèrement évolutif, le piquant étant en retrait au fil des bouffées, mais campe tout de même sur les agrumes avec une douceur qui émerge, sur la cannelle et le sucre d’orge, toujours avec un fond légèrement boisé.

Le tout reste léger, sans beaucoup de corps. Voici un tabac typiquement estival, dont les arômes se bonifient au fil du fumage.

Au final, place à un bel équilibre de saveurs entre l’acide, l’amer, le sucré quoiqu’en retrait et un léger piquant. Les arômes sont toujours calés sur les agrumes, avec un velouté supplémentaire et une touche de cannelle.

Points forts : équilibre, aromatisation légère et naturelle, combustion
Points faibles : manque de complexité, piquant et verdeur des arômes, tabac jeune, manque de richesse, de corps, de caractère

11/20

La ligne odorante des HU se retrouve ici : très sucré, vanille, fleurs, cerise griotte, amertume.

Le départ se fait sur les fruits rouges, agréablement sucrés (j’ai l’impression de boire une infusion de ces thés aromatisés aux fruits rouges, avec une main lourde sur le sucre de betterave).

Les Virginies offrent un arôme de noisetier vert, et les épices ajoutés à l’équation rappellent la cerise griotte (encore) et les marrons grillés.

Le Burley, à partir du second tiers, se renforce avec son goût épicé, boisé et légèrement terreux.

La fin est décevante, cendrée avec disparition progressive des saveurs.

11/20

Deux dégustations bien différentes qui conduisent pourtant à la même note. C’est un mélange moyen, estival, à fumer en occupant son esprit à autre chose.