Bouffardes bavardes n°12

par Charles & Simon

13/05/15

Irlandez de Tabacos Wilder Finamore

Irlandez Tabacos Wilder Finamore

Composition : virginies, Cavendish, aromatisation

Ah, l’Irlandez, ce mélange brésilien qui est un classique local, à l’instar de notre Clan ou de notre Amsterdamer, et qui se veut être « tipo Inglès ». Erwin Van Hoove, dans ses chroniques de dégustation, l’a déjà dit et je ne peux que confirmer, ce mélange n’a rien d’un mélange anglais, tant au nez qu’au fumage. J’en profite, avant de passer aux choses sérieuses, pour remercier BM de m’avoir donné une pochette de ce mélange afin de me faire découvrir ce classique brésilien.

A en croire TobaccoReviews, ce mélange est produit depuis 1937, et le blender est un certain Octavio Finamore. Autant le dire tout de suite et vous le savez si vous lisez depuis quelques temps les Bouffardes Bavardes, ce genre de tabac n’est pas ma tasse de thé, et je suis clairement rebuté par le nez, bien qu’au fumage, ce soit mieux que prévu.

Mon Dieu, j’ai rarement senti un nez aussi chimique, à part l’Erinmore Mixture ou quelques autres mauvais tabacs vendus dans les civettes françaises. C’est surchargé en sucre, sur la cerise griotte, les bonbons Haribo, et le sucre de canne. Repoussant. Je bourre ma pipe de brins trop humides malgré un long séchage. L’anxiété me saisit.

Certes, la fumée est doucereuse, très chargée en sucre et arômes artificiels qui empêchent les tabacs de s’exprimer naturellement, la palais est marqué par des arômes savonneux, avec une douce acidité, mais si n’est pas à mon goût, je dois avouer que ce n’est pas si désagréable sur ce début de pipe. La fumée est douce et se permet un peu de rondeur. Les arômes me rappellent le sucre de canne, la mangue et la vanille, le caramel. C’est extrêmement chimique, mais gourmand dans son genre. Ce qui me gêne le plus, à ce stade, ce ne sont pas les arômes artificiels, mais ce goût savonneux qui marque le palais.

Le mélange se fait de plus en plus acide, et un léger piquant s’installe, au nez et en bouche. L’arôme évolue, vers l’alcool de fruits rouges et un peu de réglisse ; les arômes chimiques se dissipent peu à peu. Ce n’est toujours pas à mon goût, mais il serait malhonnête de dire que c’est clairement mauvais, les tabacs utilisés étant de qualité passable et jamais agressifs. Soyons polis et disons que je n’aime pas… La fin de pipe est tout à fait écœurante et ennuyeuse.

Points forts : tabacs doux exprimant un peu de rondeur, combustion
Points faibles : aromatisation chimique peu agréable, savonneux en bouche, lassant, écœurant, aucune expression naturelle des tabacs

03/20

Ca ne sent pas le Brésil, et encore moins l’Angleterre ! Au nez, nous avons un désodorisant très chimique aux arômes de fleurs, du caramel, des épices, de la vanille et de la cerise griotte. Le tout est très chargé, lourd.

L’aromatisation est moins désagréable en bouche qu’ au nez, car les saveurs sont moins intenses. Ces dernières sont davantage portées sur les fleurs, le caramel et les épices. La sensation de piquant sur la langue est loin d’aider ce mélange.

Les feuilles ne prennent pas le pas sur l’aromatisation, ou si peu qu’ il est difficile d’ en déterminer la qualité.

L’ensemble est très linéaire, et les agents de saveurs lassent vite. J’ai beau chercher, je ne trouve rien à dire de positif.

01/20

De toute évidence, nos avis se rejoignent. Ce mélange n’a rien d’un mélange anglais, et n’a pas plus d’identité brésilienne propre. Il ressemble à quantité de mauvais mélanges aromatisés disponibles dans les civettes françaises. Il a donc un intérêt très limité.

Director’s Cut de HU-Tobacco

director's cut HU-Tobacco

Composition : Curly cut de virginie/perique, burley, virginies loose cut et firecured

Le visuel est homogène et appétissant, mêlant curly cut et loose cut : des curlies clairs au centre plus sombre, des virginies blonds tempérés par le burley fauve et le virginie firecured noir. Le mélange délivre des arômes de fruits secs (dattes sucrées), de caramel, un léger côté vineux et un fumé doux.

Hans Wiedemann qualifie le Director’s Cut de « robuste, aromatique et complexe ». Pour être tout à fait honnête, je suis d’accord avec lui. Voilà un tabac riche en arômes, complexe, avec du corps et de la rondeur, qui ne manque pas de caractère. Les amateurs de virginie/perique seront comblés.

La note de tête, portée en fer de lance par les autres composants, est un vivifiant perique, aigre-doux, piquant et légèrement poivré. Le reste est beaucoup plus fondu, tantôt suave, sur les fruits secs (raisins secs), la réglisse, tantôt « robuste », sur le bois (cèdre), les épices et un fumé léger. A mon goût, et puisque la comparaison vient naturellement à l’esprit, il est moins poivré que l’ancien Three Nuns, plus marqué par l’aigre-doux et l’acidité, et surtout plus complexe. En bouche, l’acidité domine clairement, revers de ce caractère épicé (gingembre) et piquant. Le sucre et une légère amertume complètent la palette en bouche, amertume qui a tendance à se renforcer au fil du fumage.

L’évolution en cours de fumage est tenue, le mélange étant toujours dominé par le perique, vif, épicé et poivré au nez, piquant et acide en bouche, qui se détache nettement de la base du mélange, boisée, réglissée, et de plus en plus fumée. La puissance augmente légèrement mais reste moyenne et tout à fait acceptable.

La finale est moins complexe, plus austère, dans la même ligne que précédemment, avec le perique en haut de l’affiche, un boisé plus sombre, de la terre et des feuilles mortes, des épices. Le burley, me semble-t-il, se renforce sur cette dernière partie, rassasiante.

Fumé jeune (8 mois d’encavement), je trouve ce mélange un peu trop vif et piquant à l’ouverture de la boîte, trop marqué par un perique dont la fougue nuit à l’homogénéité de l’ensemble. Ceci étant, après quelques semaines d’ouverture, l’ensemble était déjà plus fondu, avec un perique plus souple. Tout comme le Three Nuns fumé trop jeune, il n’est pas pleinement satisfaisant en l’état. J’en rachèterai sans nul doute, en faisant cette fois preuve de plus de patience… En tout état de cause, si ce type de mélange complexe et de caractère est votre tasse de thé, vous serez comblés.

Points forts : richesse et complexité, coupe, combustion, rassasiant
Points faibles : perique trop fougueux à l’ouverture de la boîte, dernier tiers trop austère, manque de fondu et d’homogénéité

16,5/20

Au nez, du ketchup, du fumé, du sucre, du cuir, des épices et de la vanille. Notons que les coupes (détaillées par Charles) sont plaisantes.

C’ est un mélange à dominance virginie / perique principalement. Les feuilles semblent être de bonne qualité, avec beaucoup de boisé et d’ épices, ainsi qu’ une pointe vanillée.

L’ ensemble est rond, fin, avec des notes de noisette et d’ écorce, puis d’ encens au début du troisième tiers.

Le Director’ s Cut présente peu d’ évolution, ce qui le place dans la catégorie des bons tabacs qui se fument sans réfléchir.

11/20

En dépit de leur différence de taille, nos deux dégustations se suivent dans les grandes lignes. Le principal désaccord porte sur la complexité de ce mélange, ce qui justifie l’écart non seulement dans la notation, mais aussi dans la longueur de nos commentaires.

Kingsbridge d’Esoterica

Kingsbridge Esoterica

Composition : virginies rouges et blonds

Un broken flake complètement noir, avec quelques traces de cristallisation du sucre présent dans le tabac, au nez assez discret, presque effacé, sur les pruneaux séchés et le chocolat noir (surtout à l’ouverture), un côté fruits confits (prune) et un soupçon de vinaigre.

Un démarrage plutôt sage pour ce Kingsbridge, qui développe toutefois une jolie rondeur, essentiellement sur les fruits secs (pruneaux, comme au nez), avec un boisé léger. Pas mal, mais pas de quoi se relever la nuit. En bouche, pour le moment le sucre domine, donnant un peu de gourmandise à ce tabac, avec une pointe acide qui tend à s’affirmer au fil des bouffées. Globalement, ce tabac a un goût de virginie rouge étuvé, ni plus, ni moins.

Puis, aux fruits secs se greffe un aigre-doux qui n’est pas du tout désagréable, donnant un peu plus de caractère à ce mélange, qui, à mon goût, en manquait jusque-là. Un léger piquant s’installe. En arrière-plan, je note un côté minéral. Le sucre décroit en bouche, au profit d’une acidité plus marquée, sans disparaître pour autant. Les arômes des virginies rouges, déjà teintés d’une certaine noirceur dès le départ, s’obscurcissent de plus en plus, sans perdre de cette gourmandise ronde et sucrée, balancés par un aigre-doux légèrement piquant.

Au derniers tiers, des arômes de cacao amer et d’amande grillée complètent une palette aromatique qui s’assombrit encore. L’ensemble est toujours très doux et rond, agréable, encore un peu gourmand. En bouche, si le sucre a encore la part belle, l’acidité est bien installée et maintenant adjointe d’une légère amertume. Côté nicotine, c’est faible, du départ à la finale.

A l’évidence, les virginies sont ici de bonne qualité, malgré un piquant parfois un peu vif au final dans certaines pipes après un an et demi d’encavement. La douceur, la rondeur et les arômes de fruits secs spécifiques aux virginies rouges perdurent jusqu’à la finale. Si le démarrage est un peu lent à mon goût, l’évolution et la richesse font de ce tabac un mélange tout à fait agréable. Trop humide au départ, je recommande de le laisser sécher. Une alternative intéressante aux virginies rouges de chez McClelland.

Points forts : qualité des feuilles, douceur, gourmandise, rondeur, richesse, évolution.
Points faibles : combustion si trop humide, parfois acidité trop vive

15/20

Un nez ma foi surprenant et campagnard, avec du ketchup, du caramel, du poivre, mais aussi du foin et du radis frais.

Mes premières bouffées sont déjà puissantes, rondes et très poivrées. La présence, l’intensité de ces virginies en bouche ne dérange pas la langue : pas de picotement ni de vulgarité. L’odeur de ketchup est légère, mais présente.

Ce mélange ne présente pas de complexité. Le poivre s’intensifie et le picotement sur la langue se ressent. S’assombrissant, les virginies deviennent terreux, amandés, roboratifs.

La fumée est gazeuse, comme un cigare de qualité moyenne. Fumé à l’intérieur et à intervalles réduits entre chaque bouffée, le Kingsbridge peut donner mal à la tête.

Le troisième tiers est décevant. Il y a eu jusqu’ alors peu d’évolution, si ce n’ est une montée en puissance qui conduit à un goût cendreux désagréable, toujours poivré et terreux.

08/20

Deux dégustations très différentes, et ce dès les premières bouffées. Ayant pourtant fumé le même tabac, nous avons du mal à expliquer toutes ces différences, aussi bien en ce qui concerne les arômes que les étapes du fumage et la puissance, la force de ce mélange.

Grand Orientals Yenidje Suprême de McClelland

Grand Orientals Yenidje Suprême McClelland

Composition : Virginies, orientaux (Yenidje)

Un mélange à l’aspect sombre, dominé par de petite feuilles brunes, avec du noir et un peu de beige. Sec à l’ouverture, je me vois obligé de réhumidifier le tabac après 5 ans d’encavement, et un tabac âgé de 8 années d’après la date de mise sur le marché. Le nez est vif malgré les années, avec la typique odeur des virginies de McClelland en tête, vinaigrée, balsamique, une pointe chocolatée, des abricots secs, un boisé très faible et léger.

Comme tous les mélanges de la série Grand Orientals, le Yenidje Suprême permet de découvrir ou redécouvrir une herbe orientale particulière, censée être mise en valeur et soutenue par d’autres composants. Autant dire qu’après de nombreuses années d’encavement et vu l’âge de la boîte, je m’attends légitimement à ce que ce mélange soit sublimé par le temps.

Ce sont les virginies qui dominent en bouche et au plan aromatique à l’allumage, très bons et fondus, ronds avec juste ce qu’il faut de suavité. Le Yenidje est vif, acide et légèrement piquant, me faisant irrémédiablement penser à un mauvais périque, fade et mou du genou. L’herbe orientale développe par ailleurs un léger arôme de café moulu, de noisette, et une verdeur très acide. Cette acidité a tendance à se renforcer et à dominer le mélange, au détriment de l’équilibre d’ensemble.

J’avoue que ce mélange ne m’emballe absolument pas, ce Yenidje étant beaucoup trop vif et acide à mon goût, et terriblement absent au plan aromatique, allant jusqu’à gâcher les virginies pourtant agréables au demeurant. L’ensemble, déséquilibré par le caractère intempestif du Yenidje, manque de corps et de complexité. C’est une déception, car cette feuille, après dégustation, usurpe clairement le titre de « reine des tabacs » mentionné sur la boîte, étant très peu aromatique et beaucoup trop astringente. Et c’est de pire en pire à mesure que l’on se rapproche de la finale, avec une perte d’arômes (déjà minces…).

Linéaire, ennuyeux, déséquilibré, désagréable à la longue. Le fumer dans une pipe en écume ou en morta ne change rien à la médiocrité de ce mélange, désespérément plat. Après une autre réhumidification, le virginie est plus mis en valeur, toujours typique de chez Mcclelland, mais l’ensemble st toujours piquant à l’excès et le Yenidje atone au plan aromatique. Vous pardonnerez la répétition, mais c’est mon sentiment : une déception, surtout par rapport à d’autres mélanges de cette série.

Points forts : virginies agréables au premier tiers, combustion
Points faibles : acidité trop marquée, astringence, désagréable, déséquilibre, fade, plat et ennuyeux

04/20

L’odeur avant fumage est assez simple, avec du fumé, de la vanille, du caramel et de la noisette.

Un démarrage prometteur amène des notes très boisées et sucrées, avec quelques fruits à coque. Le fumé est subtile, lointain, tandis que les saveurs se rapprochent de celles d’un excellent burley. La qualité des feuilles et la profondeur du boisé sont épatants.

Les épices sont timides, simples au départ, et affirment davantage leur présence au second tiers, sans détériorer la complexité du boisé. Le poivre et le paprika prennent vite le pas sur les autres arômes.
La fumée est épaisse, moyennement roborative et ronde.

Le troisième tiers est linéaire, avec un torréfié en compétition avec du poivre noir. L’ensemble est peu complexe, roboratif, mais pas désagréable.

14/20

Encore une fois, avons-nous fumé le même tabac ? L’écart de notation, expliqué dans les commentaires, est saisissant, malgré quelques points d’achoppement. Il semble clair que ce mélange est déséquilibré dans la mesure où les feuilles de Yenidje ne sont pas assez expressives par rapport aux virginies, qui sont de bonne qualité.

Magnum Opus d’Hearth & Home

Magnum Opus Hearth & Home

Composition : virginies blonds (U.S.), périque, latakia chypriote, orientaux (Bulgarie, Izmir, Basma et Yenidje)

Très sombre car dominé par le noir du latakia, avec toutefois des pointes brunes et blondes, avec un fort contraste. Le nez est assez logiquement dominé par le latakia chypriote, sur un fumé lourd et gras, du hareng fumé, du sel marin, avec un vrai côté iodé. Je décèle une note suave très discrète en arrière-plan.

Même si c’est ici le latakia chypriote qui domine, sur un fumé gras et salin, cette herbe si aromatique et de très bonne qualité n’empêche pas les autres composants de s’exprimer, l’ensemble étant bien fondu et équilibré. Il y a là de la vanille, un boisé noble et long en bouche (acajou), avec de la profondeur, des épices sur le poivre blanc et un soupçon de cannelle et de cardamone. A ce stade, le seul reproche que je peux formuler est que cela manque de rondeur et de volupté. En bouche, une douce amertume domine, de plus en plus capiteuse et grasse, avec de l’acidité et un peu de sucre, et un très léger piquant. Le périque utilisé comme condiment en faible quantité est agréable en épice léger (8% de périque selon le blender).

Le mélange tend vers moins de finesse et de complexité, avec une dominance plus nette du latakia, de plus en plus lourd et salin, évidemment très fumé. Ainsi, les arômes qui apportaient de la complexité sur le premiers tiers tendant à s’effacer dès la moitié de la pipe, laissant maintenant place à des arômes fumés, salins et épicés, où le périque joue un rôle plus important. Malgré la longueur en bouche, la richesse des arômes, l’évolution, le latakia plus fort et plus lourd, le tout manque encore trop de rondeur à mon goût pour un mélange de ce type et de cette intensité, ceci étant très certainement dû à l’absence de virginies rouges. En bouche, l’amertume est plus présente, plus forte, ainsi que l’acidité ; plus de trace de sucre.

La sécheresse des arômes sur la finale a tendance à m’assécher la bouche, malheureusement, et retire au plaisir du fumage. Je suis contraint d’abaisser la note à cause de cette faiblesse du mélange, au demeurant bon, complexe et évolutif, avec des tabacs pourtant de bonne facture. Je regrette également que les orientaux n’aient pas été plus expressifs (encore du Yenidje présent dans ce mélange dont je n’arrive décidemment pas à percer la valeur au plan aromatique). Un bon mélange anglais dominé peut-être à l’excès par le latakia (40% selon le blender), qui n’est pas assez complet pour atteindre les sommets.

Points forts : richesse, complexité et évolution
Points faibles : manque de rondeur et asséchant, orientaux trop peu expressifs

13/20

Un nez au feu de bois, aux épices, avec de la vanille, du réglisse et du caramel.

D’entrée de jeu, nous avons des épices (poivre vert), ainsi qu’ une légère sensation de piquant sur la langue. Le latakié s’équilibre en puissance avec ces épices et une touche vanillée adoucit l’ ensemble.

La qualité des feuilles de virginie laisse à désirer. Ce mélange manque de rondeur, d’épaisseur, d’évolution, mais surtout de complexité.

06/20

Des avis mitigés qui laissent aux lecteurs le soin de se faire sa propre opinion. Charles trouve qu’il s’agit d’un mélange anglais commun, sans rien d’exceptionnel, alors que Simon n’y trouve que peu d’intérêt. Nous sommes d’ accord sur le manque de rondeur de ce tabac.