Testées pour vous : deux Vauen

par Erwin Van Hove

7/12/20

La noble inconnue

Il suffit de lancer la fonction de recherche dans le forum Fumeurs de pipe pour se rendre compte que la pipe allemande y est mal connue, mal aimée. Certes, de Rainer Barbi à Cornelius Mänz, de Jürgen Moritz à Frank Axmacher, de Wolfgang Becker à Werner Mummert, les vedettes de la pipe artisanale made in Germany n’ont jamais eu à se plaindre d’un manque d’intérêt de la part des membres. D’ailleurs, en 2010 le groupe a sélectionné Hermann Hennen pour tailler les Pipes du Forum. En revanche, il en va tout autrement pour les marques allemandes produites par des ouvriers anonymes. Que les pipes d’une PME à la notoriété fort relative comme Oldenkott n’y aient jamais fait l’objet du moindre fil, passe encore. Mais il est tout de même étonnant que ce soit exactement pareil pour db Design Berlin, pourtant des décennies durant le numéro 2 des producteurs allemands.

Qu’en est-il de Vauen, le numéro 1 incontesté, présent sur tous les importants marchés internationaux ? Naturellement le forum en parle de temps à autre, mais quand on examine ces fils de discussion, on constate que les membres passent tout à fait à côté de la vaste gamme de pipes traditionnelles de la marque pour ne commenter que des modèles atypiques comme la Zeppelin, une copie de la pipe Torpedo conçue dans les années 20 dans le but d’éviter étincelles et chutes de brins brûlants, la Auenland sortant tout droit de l’univers du Lord of the Ring et qui semble exercer une irrésistible attraction sur de jeunes débutants, la Spin dont le fourneau raccordé à la tige au moyen d’un aimant peut être tourné en position horizontale pour former un fume-cigare, ou la série Pipeline avec ses finitions résolument loufoques.

Zeppelin

Auenland

Spin

Pipeline

Alors que Vauen est tout de même le pendant allemand de marques comme Chacom, Savinelli ou Peterson bien connues des fumeurs français, j’ai la nette impression qu’en France les pipophiles ne savent pas grand-chose sur l’entreprise bavaroise, si ce n’est que Vauen est l’inventeur du fameux filtre 9mm. Et il est vrai que le Dr. Perl junior Aktivkohlefilter introduit en 1934 ne s’est pas borné à redéfinir à tout jamais l’aspect des pipes Vauen, il a causé une véritable révolution dans tous les pays germanophones. Depuis, toute pipe teutonne dite industrielle, quel que soit son fabricant, arbore une tige suffisamment volumineuse pour accueillir l’accessoire jugé indispensable par la plupart des clients allemands, autrichiens et suisses, à savoir un filtre absorbant d’un diamètre de 9mm.

Vauen Tradition

Pour le reste, ce qu’on connaît de l’histoire de Vauen se résume généralement à un fait divers, notamment le litige juridique dans les années 20 du siècle précédent entre Vauen et Dunhill autour du droit d’apposer un point blanc sur les tuyaux. Dunhill a gagné le procés et a reçu l’autorisation de continuer à marquer l’ensemble de sa production du célèbre white spot, alors que le tribunal a stipulé que seules les Vauen destinées aux marchés allemand et autrichien pouvaient porter un point blanc.

Si vous voulez tout savoir sur l’histoire de la marque, je vous renvoie volontiers au site web de Vauen*. Je me bornerai simplement à attirer votre attention sur quelques faits bons à savoir. Saviez-vous que les origines de l’entreprise nurembergeoise remontent à 1848 ? Pour vous donner une idée de ce que ça représente, je vous rappelle que c’est grosso modo l’époque où la famille Comoy s’est établie à St. Claude. Et saviez-vous que le nom Vauen, adopté en 1909, est en fait composé de deux initiales, à savoir le V, prononcé en allemand vau, de Vereinigte Pfeifenfabriken (Union des fabriques de pipes) et le N, prononcé comme le n en français, de Nürnberg ? Pour terminer, voici quelques chiffres : Vauen emploie autour de 35 collaborateurs qui produisent annuellement 50 000 pipes.

Au secours des grandes marques

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de vous relater mes expériences avec deux Vauen que j’ai longuement testées, je ressens le besoin de faire d’abord une parenthèse pour vous expliquer les raisons de ces deux achats.

Que quelqu’un qui a toujours promu la pipe d’artisan vous présente aujourd’hui deux pipes dites industrielles, peut paraître surprenant. Mais les temps ont changé. L’époque où les artisans pipiers avaient besoin d’un coup de pouce publicitaire, est révolue. Au cours des dernières décennies, leur nombre a connu une croissance exponentielle et s’il y en a ici et là qui doivent fermer boutique, la relève est assurée à un rythme qu’il est à peu près impossible à suivre, d’autant plus que la fabrication de pipes artisanales s’est complètement globalisée. A l’inverse, du côté des fabricants des pipes en série, c’est la crise. Depuis des années, ils doivent diminuer la production et licencier du personnel, délocaliser, trouver un repreneur pour sauver l’entreprise, et dans le pire des cas déposer le bilan.

Ne croyez pas que cette crise ne frappe que les petites marques qui n’arrivent plus à concurrencer les grands noms. Stanwell, pourtant l’une des marques les plus en vue, n’est plus le fleuron de la production danoise. Depuis que les Stanwell sont taillées chez Barontini en Italie, elles ont perdu leur réputation en béton et donc une grande partie de leur attrait. Peterson de son côté était en train de s’essouffler et a dû être sauvé par un rachat par le groupe américain Laudisi Enterprises qui est le propriétaire de Cornell & Diehl et de Smokingpipes. Le fabricant hollandais Gubbels qui produisait entre autres les marques Big Ben et Hilson, a été déclaré en faillite en 2012, s’est relancé après une réorganisation, mais a fini par déposer le bilan en 2019. Aujourd’hui l’entreprise essaie de reprendre une partie de ses activités avec quatre ouvriers seulement. Quant à la France, Butz-Choquin, pourtant l’un des fabricants sanclaudiens incontournables, a dû fermer définitivement ses portes en 2019.

Si vous êtes comme moi amateur de pipes d’artisan, il se peut que les déboires de ces grands producteurs ne vous fassent ni chaud ni froid. Or, cette attitude ne me semble pas uniquement déplacée, mais aussi et surtout peu judicieuse. Rappelez-vous que si Big Tobacco et ses cigarettes venaient à disparaître, la production massive de tabac s’arrêterait et dès lors, il serait pour ainsi dire impossible de trouver les tabacs nécessaires pour composer nos mélanges. Sans cigarettes, pas de pipes. Certes, il se pourrait qu’ici et là quelques planteurs continuent à cultiver du tabac à échelle confidentielle. Mais vous rendez-vous compte de l’effet que ce mode de production et la rareté du produit auraient sur le prix de nos mélanges ? Il va de soi que le tabac deviendrait un produit exclusif avec des prix en conséquence.

Il me semble évident que sans grands producteurs de pipes, un phénomène tout à fait similaire se produirait dans le secteur de la bruyère. Combien de récolteurs et de coupeurs pourraient survivre avec pour seuls clients les artisans pipiers ? Et si certains réussissaient à continuer leurs activités, ce serait uniquement possible à condition d’augmenter sensiblement le prix des ébauchons et des plateaux. Et si le prix de la matière première flambait, automatiquement votre pipe artisanale chérie ne se vendrait plus au même prix qu’aujourd’hui. Et ça, ce serait une réelle menace pour la survie des artisans. D’une part une partie de leur clientèle devrait vraisemblablement déclarer forfait, faute de poches suffisamment profondes. D’autre part il n’est pas irréaliste de supposer que ceux qui seraient encore capables de et prêts à débourser les montants demandés, achèteraient moins de pipes qu’aujourd’hui.

Bref, ce n’est point un paradoxe : pour sauvegarder les artisans pipiers, il faut soutenir les grands producteurs. C’est pourquoi dernièrement j’ai acquis une demi-douzaine de pipes de grandes marques : deux exemplaires produits par Gubbels, une Chacom, une pipe de la marque Rattray’s dont les pipes sont produites par des entreprises comme Chacom, Brebbia ou Gigi, et deux Vauen. Comme les deux Curvy fabriquées par Gubbels pour Al Pascia, la Rattray’s et la Chacom sont toutes les quatre des reversed calabash, elles feront l’objet d’un article à part. Restent les deux Vauen.

Au banc d’essai

Avant de les présenter, je tiens à préciser les raisons pour lesquelles j’ai choisi précisément ces deux pipes-là. La première raison est fort prosaïque : j’ai voulu éviter des désappointements. Parce que j’ai appris à mes dépens qu’un achat en ligne d’une pipe de série est souvent source de déceptions. Ça doit vous paraître une évidence, mais le client habitué à acheter des pipes d’artisan que je suis, l’avait complètement perdu de vue : les photos des pipes de série présentées sur une grande majorité de sites de vente ne correspondent pas aux pipes que vous remet le facteur. Résultat : alors que selon les images sur le site Pfeifen Shop Online, ma Chacom aurait dû arborer un impressionnant straight grain régulier, j’ai reçu une pipe au grain médiocre tout au plus. Et pareil pour la Rattray’s : en comparaison avec la sablée en ring grain que j’avais cru sélectionner, l’exemplaire qui m’est parvenu fait figure de parent pauvre. A l’occasion de l’achat de mes Vauen, j’ai donc voulu éviter ce genre de frustration en choisissant des pipes sans veinage.

La seconde raison relève de mon appréciation pour l’esprit novateur dont fait preuve la marque bavaroise. D’une part, elle est toujours à la recherche de nouvelles finitions intéressantes. J’aime par exemple la série Lime qui met en exergue le veinage du bois de chêne au moyen d’un traitement à la chaux, les Fuji sablées avec une finition blanche à travers laquelle transparaît le bois naturel ou la série Edgar toute blanche équipée d’ailettes de refroidissement en céramique. D’autre part, Vauen fait appel aux services de divers designers, ce qui génère à la fois des interprétations contemporaines de formes classiques comme la Caro de Markus Bischof ou des modèles résolument modernistes comme la Riva, elle aussi de Markus Bischof, ou la Diamond de Markus Bruckner dont la bruyère est entourée d’une coque en plastique thermorésistant produite au moyen d’une imprimante 3D.

Edgar

Caro

Riva

Diamond

J’ai donc choisi une classique bent apple mais avec une finition bien particulière de la série Hawaii et une Leta, une pipe de Markus Bischof à la ligne racée et élancée en finition laquée blanche. Cette Leta est disponible en cinq finitions (lisse, sablée, mi lisse mi sablée, noire mate et blanche laquée) et se vend entre 179 et 199 euros. La série Hawaii se décline en huit modèles différents qui coûtent autour de 150 euros.

La boule est composée d’un cœur en bruyère recouvert de bandes en bois divers qui sont supposées rappeler l’aspect des traditionnelles planches de surf hawaïennes. C’est une pipe bien proportionnée aux lignes fluides. Ce qui frappe immédiatement quand on la prend en main, c’est la qualité du travail de marqueterie. J’apprécie son aspect satiné qui est le résultat d’un traitement à l’huile et à la cire, je ne décèle pas la moindre trace de colle et les bandes semblent former un tout dans lequel on ne sent aucun raccord. Et c’est pareil pour le raccord entre la tige et le tuyau en acrylique : il est parfait. Le bec n’est pas vraiment fin, mais pas non plus nettement trop épais. Efficace, la lentille permet une prise en bouche aisée et confortable. En l’examinant, je remarque un détail que j’apprécie : au niveau de la sortie du passage d’air, l’intérieur de la lentille présente deux petites entailles en demi-cercle qui facilitent l’entrée d’une chenillette. Vu le fourneau assez volumineux et la double couche de bois, ce n’est pas exactement une pipe légère. Pourtant, elle est facile à tenir en bouche parce qu’elle repose confortablement sur le menton.

La Leta 3 (le chiffre désigne la finition) a la particularité d’avoir un tuyau inamovible vu que le raccord entre la tête et le reste de la pipe est situé en plein milieu de la tige. C’est une pipe svelte et élégante aux lignes tendues par le jeu des arêtes. L’absence de veinage et la laque blanche permettent d’ailleurs de souligner la pureté des lignes. Pourtant, le résultat visuel n’est pas parfait parce que je remarque au premier coup d’œil le raccord au milieu de la tige. Et c’est vraiment dommage parce que ce raccord visible casse en quelque sorte la ligne conçue par le designer. Quand je démonte la pipe, je me sens irrité : les deux surfaces qui forment le raccord sont assez rugueuses, ce qui explique d’emblée la cause du problème. Un léger polissage des surfaces aurait pourtant suffi pour obtenir un raccord plus discret. C’est ce genre de manque de perfectionnisme qui distingue à mes yeux une pipe de série d’une pipe taillée par un artisan consciencieux. Le tuyau en acrylique est lui aussi pourvu des entailles mentionnées ci-dessus et l’épaisseur du bec est comparable à celle de la boule. Il y a pourtant une différence : les arêtes à l’intérieur de la lentille sont moins arrondies, ce qui est moins agréable quand on les touche de la langue. Ce n’est pas une pipe qu’on oublie en bouche : elle tire vers le bas, ce qui est assez fatigant quand on la fume en la calant entre les dents.

Comme toutes les Vauen, les deux pipes sont précarbonisées et équipées d’une chambre 9mm. Alors que dans d’autres pipes 9mm il m’est arrivé par le passé de constater que les flocs étaient soit trop étroits soit trop larges pour y caler convenablement un adaptateur qui permet de transformer le perçage 9mm en passage d’air traditionnel, les flocs des deux Vauen acceptent sans aucun problème les adaptateurs. Quant aux perçages, il y a du bon et du mauvais. Dans les deux pipes, le trou de tirage est bien centré et parfaitement situé dans le fond du foyer. Par contre, il est impossible de passer une chenillette dans la bent apple sans la démonter. Mais il faut dire que c’est un problème récurrent avec les 9mm courbes. Adepte des pipes au perçage d’au moins 4mm, quand je tire à vide, je ne retrouve pas le genre de flux d’air auquel je suis habitué. Cependant, le tirage me semble suffisamment naturel pour ne pas m’importuner. Par contre, quand je refais le test après avoir introduit un filtre 9mm dans le floc, le flux d’air est sensiblement réduit, ce qui est la raison principale pour laquelle je fume systématiquement sans filtre.

Passons au fumage. Je décide de faire les tests avec et sans adaptateurs, mais au cours des premiers essais, il s’avère que mes deux pipes se mettent à glouglouter quand je me sers de ces accessoires produits par Vauen. Je change donc d’avis et je les vire. Pourtant par le passé j’ai équipé toutes mes pipes 9mm d’un adaptateur et elles ne m’ont jamais causé le moindre souci. Ce glougloutage est donc étonnant. Mais en comparant les adaptateurs de Vauen avec ceux calés dans mes autres pipes, je vois immédiatement la différence : sur les Vauen l’entrée du floc est convexe, alors que mes anciens adaptateurs ont une entrée concave comparable aux flocs en entonnoir dont sont équipées la plupart des pipes d’artisan. Et ça fait toute la différence. Que Vauen qui domine le marché de l’adaptateur, ait opté pour un floc bombé est donc parfaitement incompréhensible. Malheureusement, non seulement je n’ai plus d’adaptateurs concaves, en plus je n’en trouve plus dans les commerces en ligne. Bref, les tests se sont passés sans filtre ni adaptateur et exclusivement avec des mélanges naturels à base de virginia ou de burley.

Au moment où j’écris ces lignes, les deux pipes ont été fumées une quarantaine de fois, ce qui me permet de formuler des conclusions basées sur un nombre de fumages suffisamment élevé.

Commençons par la Leta et allons droit au but : elle ne m’enthousiasme guère. Tout d’abord parce qu’il faut toujours soit exercer une forte pression des dents, soit la soutenir d’une main pour la tenir plus ou moins à l’horizontale. Ce n’est pas l’idée que je me fais d’une pipe confortable. Ensuite parce qu’il s’avère qu’elle perd rapidement son aspect immaculé étant donné qu’au fur et à mesure des fumages le dessus du foyer tourne au jaune orangé. Or, si les traces de suie autour du foyer s’effacent sans problème, ce dépôt de nicotine est indélébile. Ce qui me gêne davantage encore, c’est que si je ne me concentre pas sur mon rythme de tirage, la Leta a tendance à surchauffer. Il n’est donc pas facile de la terminer d’un trait sans devoir interrompre le fumage. Finalement et surtout parce qu’il a fallu du temps avant que le goût âcre de la précarbonisation au verre liquide ne cesse de déformer les saveurs des tabacs. Depuis, le goût de la Leta s’est sensiblement amélioré, ce qui ne veut pas dire qu’elle me procure des orgasmes gustatifs. C’est devenu une fumeuse moyenne qui fait le job, certes, mais sans se distinguer. Verdict final : ce n’est ni une pipe confortable, ni une fumeuse irréprochable. Pour le prix payé, il y a suffisamment d’artisans qui offrent des alternatives plus valables.

Passons à la Hawaii. Avec sa forme sphérique elle est très agréable à tenir dans la main. En plus, je vous avoue que sa finition me plaît beaucoup. Elle combine le caractère traditionnel, réconfortant et chaleureux du bois avec un look résolument original. Par ailleurs, je suis très heureux de noter qu’après quarante fumages, la marqueterie est toujours en parfait état, ce qui n’est pas une évidence, vu les déboires qu’un ami et moi avons connus avec des Butz-Choquin dont la marqueterie finissait systématiquement par se décoller. En fumant la Hawaii, je n’ai jamais eu l’impression de tenir en bouche du bas de gamme ou le résultat du travail bâclé de la production en masse. Cette pipe rayonne au contraire le sérieux et la solidité germaniques. C’est la deutsche Gründlichkeit en action. Le fumage se passe sans aucun problème vu que la boule respire fort naturellement. Le tabac s’y sent donc à l’aise, couve gentiment sous le feu, sans chauffer ni s’éteindre. Bref, ma Hawaii fume comme un charme. Je n’ai pas non plus à me plaindre du goût qu’elle produit. Bizarrement, le préculottage n’a eu qu’un léger impact sur les tout premiers fumages. Après, la Hawaii s’est mise à restituer fidèlement les nuances des virginias et des burleys dont je l’ai bourrée, sans produire la moindre amertume. Conclusion : voilà une pipe très bien exécutée qui me donne entière satisfaction.

Je termine par une dernière observation qui m’a étonnée. L’une des raisons pour lesquelles je ne suis absolument pas fan de la chambre 9mm, c’est le nettoyage fastidieux qu’elle requiert. Vu la turbulence et la condensation qu’elle cause, les entrailles des pipes en 9mm accumulent en général nettement plus de jus malodorant que leurs sœurs au perçage traditionnel. Après chaque fumage, il ne suffit donc pas de passer une chenillette à travers le passage d’air. En plus, il est nécessaire d’assécher et de nettoyer à fond la tige et le floc. Or, j’ai constaté que ni la Leta ni la Hawaii ne s’encrassaient excessivement et qu’un petit coup de sopalin ou de chenillette pliée en deux suffisait pour les rendre propres.

Une alternative valable

J’en viens à ma conclusion finale. Ce ne sont pas ces deux Vauen qui me feront changer d’avis : je suis toujours convaincu qu’un artisan capable et consciencieux livre du travail plus perfectionniste et donc plus fin que ce que nous offrent les producteurs de pipes en série. Je m’empresse d’ajouter que malheureusement pas tous les pipiers ne brillent ni par leur savoir-faire ni par leur esprit perfectionniste. Je ne prétends donc nullement qu’une pipe d’artisan soit forcément mieux conçue, exécutée et finie qu’une pipe de série. En particulier la Hawaii prouve que ce qui sort des fabriques n’est pas par définition de la camelote ou de l’ouvrage peu soigné. Elle témoigne également du fait que pour trouver une pipe de série bien faite, il ne faut pas nécessairement se tourner vers l’industrie pipière française, italienne, danoise, irlandaise ou britannique. En Bavière, on ne produit pas que de bonnes voitures. A condition de ne pas être complètement allergique aux pipes 9mm, rien ne doit vous empêcher de jeter un coup d’œil du côté des pipes Vauen. Forte d’une tradition de 170 ans et mue par un esprit novateur, la marque se distingue par sa gamme remarquablement versatile qui a tout pour séduire tout à la fois conservateurs et traditionalistes, modernistes et amateurs de design, farfelus et facétieux.

Vauen tradition 3

Purisme

Pipeline vache