Rheinbach 2011

par Jean-Luc

01/08/11
rheinbach pipe show 2011

Bob & Benoît

Déjà un an que je prenais le train IC pour Liège afin d'y retrouver mes compagnons et faire ensemble la dernière étape vers Rheinbach.

Cette année, François et Pierre laissent la place à Benoît. C'est une belle journée nuageuse et légèrement pluvieuse, idéale pour fumer. Robert ne me contredira pas et c'est pipe au bec que je le retrouve devant cette belle gare de Liège. Benoît, prudent comme tout bon douanier, n'est pas certain du caractère « fumeur » du périmètre et préfère s'abstenir, trop respectueux des lois de notre bon royaume.

C'est dans une ambiance tout aussi chaleureuse que l'année précédente qu'avec Robert, notre dévoué pilote, nous nous dirigeons vers notre petite Mecque de la bruyère. Tout au long du voyage, nous pourrons admirer le très joli sablage de la Sara Eltang de notre compagnon.

rheinbach pipe show 2011

Cette fois le show se tient dans deux salles d'un hôtel, en face du magasin d'Achim Frank, l'organisateur. Achim, toujours aussi sympathique et jovial n'a pas tardé à nous repérer devant sa vitrine, occupés que nous étions à admirer quelques très jolies pièces. Il y avait d'ailleurs là une très belle Volker Bier bambou, longue et fine, à qui je promettais déjà un voyage en Belgique si je ne trouvais pas mon bonheur ailleurs cette après-midi.

rheinbach pipe show 2011

Volker Bier

Achim nous fait rentrer et nous descendons au fumoir où sont exposées d'autres merveilles.

Là nous retrouvons un couple de belges, que certains reconnaîtront peut-être. En leur compagnie se trouve Peter Matzhold, rien de moins.

Nous serions bien restés plus longtemps mais il nous faut prendre des forces avant l'ouverture et nous quittons nos amis pour aller casser la croûte à deux pas de là.

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la civette de Frank

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Dans la civette

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Peter Matzhold

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la croute

Quatorze heures et quelques minutes. Avec une ponctualité toute germanique, nous pénétrons dans la première salle.

L'atmosphère y est beaucoup plus confinée que l'année passée. La salle n'est pas très grande et c'est tant mieux car cette année le nombre d'exposants est encore moindre que celui d'il y a un an. Heureusement, il y a du beau monde. Dans cette première salle se trouvent entre autres Jan Harry Seiffert, Paolo Becker, Peter Matzhold, Hermann Hennen, Axmacher, Jürgen Moritz,... Sans oublier Nanna que je croise alors qu'elle se dirige vers la seconde salle.

Notre repérage commence...

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Jan-Harry Seiffert

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Peter Matzhold

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Jürgen Moritz

Comme tout véritable amateur, j'avais fait mes devoirs avant le show. Je savais quels seraient mes objectifs premiers.

Je regrettais un peu l'absence de plusieurs pipiers présents l'année passée et Achim à qui je posai la question me dit qu'en effet, il n'est pas facile de faire venir certains pipiers qui n'ont pas toujours envie de faire le déplacement. Et de regretter la disparition de Rainer Barbi qui était un véritable moteur et un rassembleur de troupes.

Le premier pipier dans ma ligne de mire était Jan Harry. A la lecture de certains articles d'Erwin, je savais qu'il était de ceux qui font du bon boulot et se remettent en question quand il le faut pour progresser. De plus, ses prix sont encore accessibles. De fait, je n'ai pas tardé à repérer dans son étalage une jolie courbe, genre blow fish, au sablage discret mais régulier et bien plaisant. Petit hic, le 9 mm qui, s'il n'est pas rédhibitoire pour moi, n'est pas non plus un atout à mes yeux. Un joli tuyau cumberland, une belle harmonie des formes, une jolie teinte, bref la belle se case dans la partie « à revoir plus tard » de mon cerveau.
Avec mes deux compagnons nous faisons un premier tour de salle. J'ai bien remarqué Nanna qui sortait au moment où nous rentrions mais, pas de souci me dis-je, je l'aurai plus tard (en photo bien sûr!).

Robert ne tarde pas à trouver chaussure à son pied en parcourant les merveilles de Peter Matzhold. De vrais bijoux tout en flamme et oeils de perdrix ! Et parmi eux, une petite bambou superbe. Ca commençait fort !

Ensuite, la table de Paolo, toujours aussi sympathique. Cette année, Paolo présente une nouvelle forme qui n'est pas sans rappeler la forme de ces étranges poissons lune. De très belles pipes au sablage profond qui nécessitent de grands ébauchons pour pouvoir garder une épaisseur suffisante au plus fin du bol. Et encore quelques pipes en arbousier qui ne manquent pas de me tenter.

Nous passons à la table de Hermann Hennen qui semble un peu renfrogné . Pourtant il y a de superbes choses devant lui ! Plus difficile d'accéder au stand de Frank Axmacher et Moritz. Ces deux-là ont toujours du succès et ça se comprend. Même si cette année, il y a moins de nouveautés, particulièrement chez Frank qui nous avait emballé la dernière fois avec ses impressionnants bambous.

Hermann Hennen

Juste à côté, un étalage de pipes de Eckard Stöhr, qui n'est pas présent et c'est dommage.

Plus loin, des pipes de tous horizons, provenant des réserves de notre hôte, et surtout des Bang incroyables !

Nous montons à l'étage, dans la deuxième salle. Je passe devant une table remplie de Big Ben et de Hilson. Pas grand chose à en dire excepté pour une série de très beaux bois, âgé de plus de quarante ans selon le vendeur, aux formes très attirantes.

rheinbach pipe show 2011

Bang

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Hilson

A côté se trouve Stollenwerk, avec une morta bambou d'une légèreté et d'une finesse surprenantes.

Au moment d'entrer plus avant, je croise Nanna qui s'arrête au stand Khollase & Kopp. Toujours aussi ravissante et souriante. Pressé de voir quels pipiers se trouvent dans la salle, je continue, me promettant de vite revenir vers elle pour l'immortaliser une fois de plus. Etant d'un naturel très timide, j'avais déjà trouvé une excuse pour lui tirer le portrait : notre chef de Groupe étant un de ses admirateurs inconditionnels, j'avais reçu ordre sous peine d'être expulsé de notre communauté de rentrer avec quelques clichés de sa jolie personne. Ce délai que je m'accordai devait être mon erreur car la belle disparaîtra de la scène définitivement. Robert n'aura même pas eu la chance de l'entrevoir. Je demande ici pardon à notre grand Maître !

Après Stollenwerk, je m'arrête devant Holmer Knudsen qui sera ma surprise du jour : Ayant comme je l'ai dit fait mes devoirs, j'étais retourné voir ses pipes dans mes catalogues Dan Pipe. Ce que j'y avait vu correspondait à mes souvenirs et ne m'enchantait guère ; des pipes aux formes banales, épaisses, peu appétissantes. Sur le net, à part chez Iwan Ries, pas grand chose à trouver sur ce pipier. Alors, quelle surprise de me trouver devant un étalage de très belles pipes, aux courbes gracieuses, élancées, avec des tuyaux manifestement très travaillés, aux lèvres fines. Robert lui aussi est sensible aux charmes de ces Knudsen dont une jolie petite sablée en particulier, qui l'eut cru ? Je me rends compte hélas qu'une fois de plus je manque à mes devoirs de reporter puisque je n'ai qu'une photo du pipier tenant en main celle sur laquelle j'ai jeté mon dévolu !

C'est à la table de Martin Reck que notre Bob va trouver son bonheur, non sans avoir longuement hésité puisqu'il ne se décidera qu'au moment de partir, trois heures plus tard. Celle qui fait vibrer notre raffiné liégeois est une petite cutty bambou de Kevin Arthur.

Martin est donc là, toujours aussi jovial, avec une multitude d'estates. Rien que pour le stand de Martin, le déplacement en vaut la peine. Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Et même pour les petits budgets comme le mien, il est tout-à-fait possible de revenir avec une très belle pipe d'artisan. Et ça c'est une chance rare. Il y avait d'ailleurs chez lui une Sthör qui se serait bien retrouvée dans ma poche si je n'avais déjà acheté ma promise ! Mais ce n'est peut-être que partie remise...

En face de Martin, les pipes de Todorov (Getz pipes). De prime abord, ces pipes ne nous attirent pas plus en nature que sur le net, et c'est purement dans un but informatif que nous nous y attardons quelques instants, Robert et moi. C'est à ce moment que Martin nous rejoint pour nous montrer de plus près ce fameux système calabash. Notre camarade à fait sienne une de ces pipes, la plus jolie à nos yeux également. Martin nous explique que l'intérieur est très bien travaillé, sans les protubérances internes de la bague qu'il trouve sur sa bee de Cherepanov. Les turbulences devraient s'en trouver réduites au minimum et l'efficacité du système en question accrue. C'est ce que nous lui souhaitons !

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Martin ...

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... & sa Getz

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Getz Pipes

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Détail

Benoît, qui doit entrer prochainement dans une phase de « dégraissage » ne peut se permettre de céder aux tentations qui se présentent. Pour lui, l'heure n'est donc pas aux achats mais à une contemplation platonique. Jusqu'au bout, il restera digne dans la souffrance. Et à y réfléchir, je me demande où il se trouvait tout ce temps car je me rends compte que nous ne l'avons pas croisé souvent dans les allées. Il a dû se faire tout petit... Toujours est-il qu'il a attendu patiemment que nous nous décidions Robert et moi. Ce qui peut prendre beaucoup de temps, comme certains s'en souviennent peut-être.

Tous les trois nous ne manquons pas de nous faire faire un petit mélange gratuit au stand K&P. Benoît achètera même une boîte, il ne sera pas dit qu'il retournera les main vides...

A sa demande, je donne au mixeur une boîte de Charing Cross dans l'espoir qu'il me fasse quelque chose d'approchant. A l'odeur, je suis sceptique quant au résultat. N'est pas GLP qui veut.

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Kohlhase & Kopp

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Jan Kloucek

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Kevin Arthur

Jan Kloucek est un géant sympathique. Peu de pipes devant lui hélas. Une seule me plaît beaucoup. Comme il la décrit lui-même, c'est une sorte d'œuf au bout d'une cuiller. Un très beau bois avec l'inégalable beauté d'un foyer non pré-culotté.

Nous avons fait un premier tour de tables. Il y a de quoi rendre un fumeur de pipes heureux ! Il nous reste maintenant le plus difficile : choisir celles que nous rapporterons en Belgique. En fait le plus difficile n'est pas de choisir celles qui nous plaisent le plus mais plutôt de ne pas acheter celles qui nous vaudraient quelques nuits sur le canapé et autres désagréments bien mérités...

Après de nombreuses allées et venues entre les deux salles, Robert se décidera finalement pour la Kevin Arthur. Troisième faute de ma part (au moins) ; je ne pense pas à photographier Robert, Martin et la Kevin Arthur en ce moment solennel. Je me rattrape donc en vous présentant la mignonne en question, issue des photos du site de son ancien propriétaire.

Pour moi, le choix se fera entre la Jan Harry et cette Holmer Knudsen inattendue. De prime abord elle ne paie pas de mine. Elle n'a pas l'éclat de ses sœurs au bois clair, à la flamme superbe. Dans le manque de luminosité elle a l'air un peu triste et sombre sur cette table.

Pourtant quand je la prends en main, la qualité du travail me saute aux yeux, en plus de sa légèreté pour un tel volume de bois (35g). Son tuyau est finement ouvragé, avec un mouvement légèrement torsadé qui se poursuit parfaitement sur la tête de pipe. Le brillant de la surface et son poli sous la lèvre m'étonnent encore aujourd'hui, au point que je ne suis pas certain à deux cents pour cent qu'il s'agisse d'ébonite. Le bec est visiblement très mince et les lèvres fines, comme je les aime. L'ouverture de la lentille a été délicatement arrondie. J'ouvre la pipe doucement et constate que le perçage est large et le floc creusé en V. Holmer me confirme qu'il perce à quatre millimètres. J'aime ca ! La pipe est sablée et présente une surface lunaire, un peu chaotique dans le bon sens du terme. Il y a des sandpits plus profonds qui ne gâchent pas du tout l'ensemble selon moi. Ce qui aurait été inacceptable sur une autre pipe est ici très bien intégré. Le plus beau est sans aucun doute la ligne de cette sorcière. Il y a du mouvement. Le bol n'est pas rond mais présente une arête due à cette torsade pré-citée. J'aurais hésité à écrire que, toutes proportions gardées, elle me fait penser à une Barbi, si un autre amateur ne m'avait dit exactement la même chose.

Quand Holmer me dit qu'elle coûte 128 euros, la cause est entendue.

A ce moment je n'ai pu m'empêcher de faire part de mon étonnement à mon bienfaiteur. « Les pipes qui se trouvent dans les catalogues Dan Pipe n'ont rien à voir avec ce qui se trouve ici » lui dis-je. Et lui de me répondre dans un anglais approximatif que celles qui sont présentées ici sont « spéciales » et les autres « ordinaires ».

Seul petit bémol : un endroit plus profond n'a pas été atteint par la teinture et présente donc une minuscule tache claire dans la surface sombre, de la grandeur d'une tête d'épingle, sous un certain angle et sous forte lumière. C'est vraiment tout ce que je peux lui reprocher, mis à part les sandpits qui réservent cette pipe à ceux qui comme moi ne sont pas des inconditionnels des bois sans défauts.

Maintenant que je l'ai déjà fumée, je ne peux que me féliciter de mon choix. Après avoir retiré le préculottage qui ne cachait rien d'inquiétant, j'ai pu dès cette première fois fumer une excellente pipe.

Holmer & ma Knudsen

C'est donc avec la satisfaction d'une excellente après-midi et avec la promesse de délicieuses heures de fumage à venir que nous quittons Rheinbach.

Espérons que cette fête pourra perdurer encore longtemps !

Merci à Robert de nous avoir véhiculés et à Benoît pour son agréable compagnie.

Bonne pipe !

rheinbach pipe show 2011

Robert & Benoît